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mardi 29 juillet 2014

Sganarelle ou le cocu imaginaire, Molière

Je n’ai pas freiné assez tôt à la fin des Précieuses Ridicules et, de fait, j’ai dérapé dans Sganarelle. Après le tête-à-queue final j’étais déjà dans la scène V ; tu comprendras très certainement qu’on ne quitte pas le circuit à la scène V, et ce, qu’elle que soit la pièce du Mestre. 
Après avoir vérifié la jauge de ma pile à combustible et m’être assuré que les déflecteurs ontho-ioniques étaient tous parfaitement positionnés en mode “translation subspatiale quantigraphique” - oui, il ne faut pas plaisanter avec l’état de ses déflecteurs ontho-ioniques, il s’agit de ne pas cramer la cervelle des deux premiers rangs de spectateurs, je vous rappelle que la course à “le Molière” est publique, il y a des spectateurs sur le bord de la piste -,  j'effleurais alors l’holo-icône “Play” du tableau de bord de mon Dream-Rider Mark IV à tubulures tripoïdales tangentielles et reprenais ma course bi-hémistichienne (pour ne pas dire alexandrique) à la scène V, donc.
Ah, que Le Molière est une belle course... se déploya alors dans mes capteurs tête-haute du cockpit une tirade d'anthologie que je vous conseille de bien méditer, chères hypno-spectatrices blondes (si possible) et à forte poitrine (ce serait mieux) :

Scène V
La Femme de Sganarelle, seule.

Il s’est subitement éloigné de ces lieux,
Et sa fuite a trompé mon désir curieux ;
Mais de sa trahison je ne fais plus de doute,
Et le peu que j’ai vu me la découvre toute.
Je ne m’étonne plus de l’étrange froideur
Dont je le vois répondre à ma pudique ardeur :
Il réserve, l’ingrat, ses caresses à d’autres,
Et nourrit leurs plaisirs par le jeûne des nôtres.
Voilà de nos maris le procédé commun :
Ce qui leur est permis leur devient importun.
Dans les commencements ce sont toutes merveilles ;
Ils témoignent pour nous des ardeurs non pareilles ;
Mais les traîtres bientôt se lassent de nos feux,
Et portent autre part ce qu’ils doivent chez eux.
Ah ! que j’ai du dépit que la loi n’autorise
A changer de mari comme on fait de chemise !
Cela serait commode ; et j’en sais telle ici
Qui comme moi, ma foi, le voudrait bien aussi.

Bon, ne pleurez pas, les filles, la trompettophobie n’a pas de genre, mâles zé fumelles en ont l’octroi, à égalité...
En plusse ça finit bien… la comédie de la vie, en somme.

Encor’ merci à l’ami Jean-Baptiste P.





Cornuto !

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