Polar noir... et bordel que c’est noir !
Il n’y va pas avec le dos de la cuillère l’ami Yasmina Khadra ; il ne te file pas envie d’aller faire un tour en Algérie, c’est le moins qu’on puisse dire. Si la situasse est telle qu’il l’écrit, c’est pas glop.
Voila le topo :
Quelques gros poissons aux manettes, les rboba, les vieux requins du FLN qui ont survécu et qui accaparent toutes les ressources, tirent toutes les ficelles depuis les coulisses ; ils ont tout, le fric, les hommes politiques, les médias et l’armée… et ils dévorent leur pays. Que la multitude des autres algériens se démerdent avec les miettes, la corruption, et leur président momifié. Les barbus ? Non, ils ont déjà donné dans les années quatre vingt dix, et c’était sanglant, souviens-toi.
Quoi qu’il en soit, c’est l’ambiance générale de ce polar fuligineux. Et ça décape !
Immersion dans une société algérienne ubuesque… les tentacules des rboba enserrent tous les niveaux, tous les rouages ; il n’est plus raisonnable de penser sauver une parcelle d’éthique :
…
- Qu’est devenu Rahal Zoubir ? C’était un musicien hors pair. Mon idole. Depuis qu’il s’est retiré de la chanson, j’ai du mal à entrer dans les poèmes que j’aimais. Que lui est-il arrivé ? Dans quel tiroir l’a-t-on enfermé ? Est-il vivant ou sous terre ?
- Jamais entendu parler de lui.
- Normal. On nous cache toutes les belles choses dans ce pays. On a réduit nos aires de jeu à des peaux de chagrin, limité la portée de nos cris au contour de nos lèvres et fait de nos voeux pieux des oraisons funèbres…
J’ose cependant espérer que le tableau n’est pas si noir ; ce serait trop laid…
Et pour être plus complet sans cependant ne rien dévoiler de l’intrigue, sache qu’il s’agit d’un roman entièrement écrit au présent… c’est suffisamment rare pour être légèrement déstabilisant, faut vite changer les routines de lecture… je t’avouerai même que le naturel revenant au galop, je conjuguai à l’imparfait, au passé simple ou au passé composé des paragraphes entiers pour voir la gueule que ça aurait...
Et pour être plus complet sans cependant ne rien dévoiler de l’intrigue, sache qu’il s’agit d’un roman entièrement écrit au présent… c’est suffisamment rare pour être légèrement déstabilisant, faut vite changer les routines de lecture… je t’avouerai même que le naturel revenant au galop, je conjuguai à l’imparfait, au passé simple ou au passé composé des paragraphes entiers pour voir la gueule que ça aurait...
Ceci-dit, les choses sont claires maintenant, les points sur les zi : ce “Qu’attendent les singes” de l’ami Mohammed Moulessehoul ressemble à une cerise amère sur un gâteau en faillite, le constat est sans appel, les algériens n’ont toujours pas fait leur révolution ! La rente pétrolière est une malédiction, elle fait toujours le lit de la Mafia, partout !
Alors bien sûr, je vois, je lis ; je sens bien que Mohammed n’est pas prophète en son pays et sûrement a-t-il des défauts, mais quand même, le principe de réalité s’applique, il s’agit bien d’une momie qui vient d’être élue comme président de l’Algérie, non ? Ben, dis que j’me goure ! Alors polémique ou pas, j’ai bien peur que les algériens se fassent baiser encore un moment par leurs rboba.
Merci Yasmina Khadra.
Forza Algeria…
Merci mon gros lapin. J'avais arrêté de lire Yasmina Khadra car, à chaque fin de roman, je me demandais si j'allais employer le gaz, la corde, la Garonne ou Smith et Wesson tellement j'étais déprimé.
RépondreSupprimerTa critique dont la qualité est une défense et illustration de la langue française m'a donné envie de m'y remettre.
Grosses bises.