Pages

dimanche 27 avril 2014

Les confessions du chevalier d'industrie Félix Krull, Thomas Mann

Ma deuxième rencontre avec le grand Thomas Mann.
Il y a plusieurs années (décénies ? !) j’avais longuement côtoyer le jeune Hans Castorp dans La Montagne magique et il me remonte toutes ces bouffées de temps ralenti qui saturaient l’atmosphère du sanatorium de Devos et surtout, après toutes ces langueurs philosophiques, je me rappelle cette fin infernale, insupportable, des hommes et des rêves soudains jetés à la guerre.

Hors, cette fois-ci, la douzaine d’heures que je viens de partager avec Félix Krull participe incontestablement de la comédie, de la facétie, et une curieuse bousculade de qualificatifs surgit à l'esprit dès lors qu’il faut fixer les impressions que suscitent le personnage de l’ami Félix : impudence ? malice ? hymne à l’imposture de la jeunesse ? individualisme rédhibitoire ? ou plus probablement la bienveillance du regard de Dieu qui couvera toujours cette âme non-égarée ?…

Un récit picaresque sur les us&coutumes de la société européenne du début du siècle précédent à travers les turpitudes existentielles de ce jeune homme qui nous subjugue par le biais de l’outrance, de l’égotisme et d’une confiance inébranlable en sa bonne étoile.
Il y a aussi la quête de la vie bonne par le truchement des femmes, dont il use et abuse sans vergogne tout en gardant une parfaite bonne conscience, fat et finalement innocent qu’il est.

L’histoire du groom qui finira Marquis.
L’histoire d’un aimable renard à l’intérieur d’un poulailler consentant, en somme.

Et c’est ainsi que Félix Krull est grand et que Thomas Mann est son prophète...





Cooot, cot, cot, coooot ? …

jeudi 24 avril 2014

Chère Visiteuse, Phonfonse Boudarluche

Antépénultième ? pénultième ? Où en est-on réellement ?

Le prêtre-matelot Hugo joue avec mes papilles depuis qu’il pêche dans les eaux de la bibliothèque de Saint Jean-Louis, son glorieux frangin ; il me livre sa petite marée de boudarluches encore frétillants presque chaque semaine. Il n'y a pourtant pas à se plaindre, je me régale, la qualité est là, mais entention ! Méfiance ! Tu te souviendras que ce voyou a essayé de m’empoisonner au mois de février avec un arrivage de Guy Breton avarié… intoxication alimentaire et tout, des clients se sont plaints, y en a même qui sont devenus aveugles ; pirate, vaï !
Quoi qu’il en soit, cette Chère visiteuse était succulente, merci les T. Brothers…

Pour te  portraiturer la situasse, ça démarre dans une cellote de la Santuche, sous René Coty, et la visiteuse en question, c’est la comtesse Wilfried (armoiries fraîches et forte odeur de pognon), une âme soudainement éclairée de la haute, qui s’était plutôt agrémenté l’existence aux gourmandises du fion jusqu’aux abords de la cinquantaine et qui, via une nouvelle lubie et le Secours Catholique, consacrait désormais une partie de son temps à soulager les peines de l’humanité dans les endroits où la Quatrième gardait au frais les condamnés à mort avant de les massicoter.
C’est ainsi qu’elle rencontra le Beau Gilles, véritable Arsène Lupin et roi de la cavale des années quarante-cinquante.
L’histoire du Gentil Bandit et de Sainte Salope, disons.

Le Beau Gilles n’est pas le dernier des naves, c’est assez rare ça, chez messieurs les hommes ; il va vite entraver la coupure, le Gilou... la sabrer comme un forcené cette comtesse bienfaitrice, l’égoïner à mort, à même la cellote, la subjuguer... et parvenir à s’arracher de l’ergastule en toute légalité, sans les glandilleuses gymnastiques dont il était coutumier : forage de tunnels, prises d’otages à base de 6.35 en mie de pain, cisaillage de barreaux, etc.
C’est pas pour rien qu’on le surblaze le Beau Gilles, il va l’avoir à sa pogne la comtesse, et elle a du pognon, beaucoup, et de l'influence sous les ors de la gueuse-république…

… mais dans l’ensemble elle se tenait de la fesse et du téton. Beau raconter ceci cela que le pognon ne fait rien à l’affaire, il lui avait tout de même permis de tenir la rampe avec le sport, les soins esthétiques… genre lifting… les onguents magiques… et surtout, mais cela elle n’en avait pas conscience, parce qu’elle n’avait jamais été soumise aux lois du Dieu Travail. Se décaniller du lit aux aurores… se faire coincer dans le métro entre les voyageurs repoussant de la gueule et des arpions… l’atelier qui bourdonne comme une ruche bien sûr… la cadence à tenir… la cantine où l’on se fabrique plutôt de la mauvaise graisse que la silhouette haricot vert de M’sieur Dior. Pour s’extirper de la mouscaille prolétarienne, lorsqu’on est belle môme, on peut éventuellement se mettre le cul en position de tirelire… D’ici que ça devienne un coffre-fort faut tout de même en écosser sérieux…

Quel délice… quelle savoureuse jactance… quelle plaisante façon d'écrire !

Et pour être tout à fait affranchi, farangmuche, il te suffira de savoir que le Beau Gilles a réellement existé (René La Canne, dix-sept évasions) et que la comtesse de Wilfried n'était autre que la princesse Charlotte de Monaco (la grand mère de Steph de Monac, si j'ai bien entravé le prône du Père Hugo).

Hum... je sais maintenant que le boudarluche m’est progressivement devenu indispensable, j’ai réellement les jetons que ça s’arrête un jour, cette savoureuse pourléchade, et pour être tout à fait franc, farang-comtois, je plains tout ce trèfle qui ne tastera jamais de ces gâteries, tous ces lavedus qui n’ont pas encore réussi à désapprendre Pascal pour se panardiser à la plume Marc-Dorcello-Kantienne du scepticisme existentiel de l’ami Alphonse Boudard…

Encore merci les amiches.


Les frères inconnus...
  
- Je suis la mère du père de Stéphanie, qui suis-je ?
- Stéphanie de Monacôôô !...
- Non, réfléchissez bien.
- Heu, vous pouvez répéter la question ?

lundi 21 avril 2014

Le sumo qui ne pouvait pas grossir, Eric-Emmanuel Schmitt

Ce qu’il y a de bien à faire circuler ses livres, à créer et alimenter un libris-service sur un coin de bureau dès qu’on les a lu, c’est que le temps aidant, il arrive de plus en plus fréquemment qu’il y ait des retours sur investissement, il se crée des synergies, des mouvements transverses, des sortes de colorisations, de réticularités… les livres vont aux livres et cette fois-ci c’est la belle Marie qui a mis cette chose en circulation. Grâce lui soit rendue !
Ça tombait impec, je n’avais lu aucun livre de l’ami Eric-Emmanuel Schmitt.


Le sumo qui ne pouvait pas grossir…
Déjà, je ne l’ai pas trouvé épais en pogne, ce livre sur les sumos, mais bon…


Le jeune et famélique Jun vend des cochonneries sur les trottoirs de Tokyo, et presque tous les matins un mec passe devant son étal et lui dit:
- Je vois un gros en toi.
Le Jun est gaulé comme un petit moineau, aucune chance qu’il finisse sumo, me diras-tu, et pourtant, il va entamer le parcours, il deviendra un beau et glorieux sumo, il va apprendre à se connaître sous la houlette du maitre Shomintsu et découvrir le gros qui est en lui et surtout il comprendra son histoire.
Encore un conte phisolophique a base de bouddhisme zen, encore une leçon sur l'acceptation de soi, donc.


Cela dit, chuis pas bien convaincu, 80 pages, 4,90€ ; ça ressemble à du foutage de gueule encore une fois. L'ami  Eric-Emmanuel Schmitt déconne à plein tube ; ça se fait pas des trucs comm'ça, mon cadet, tu dois respecter les lectrices qui achètent tes livres !
Disons qu'il faudra quelque chose de plus couillu, Manu, pour se faire une véritable idée sur ton travail.


Marie, la prochaine fois que tu me présentes des bouquins comm’ça, j'te retire la parole, capisci ? 
...
Non, te fâch' pas ma grande, j’déconne, bien sûre !





Je vous demande de grossir...

Le principe du petit pigouin, Denis Doucet

Le jeune gars Rémi c’est pointé dans mon burlif, l’autre matin, en faisant sa danseuse :
- J’ai un truc à te faire lire… mais ch’ais pas bien si ça va te plaire… ceci-cela.
Il prend des gants, il tournicote avec des airs empesés, contrits, il voit bien que le micro “espace lecture” que j’ai créé sur mon bureau est relativement hétérogène, mais il se méfie… c’est normal, il est prudent ; on se côtoie depuis moins d’un an, nous ne sommes pas si familiers.
Il a raison, c’est une bonne stratégie à priori, faut faire gaffe au début, il peut y avoir des surprises, des malentendus, mais en l'occurrence il pourrait me poser Le Coran, La Bible ou Mein K[bip] devant le nez que je ne moufterais pas, je lirais… ne serait-ce que par tropisme, on verrait bien après, pourrait y avoir du schproum, des débriefings pénibles… mais l’ami Rémi, ce matin-là, il avait tort de se méfier. Il m’a fait découvrir une excellente formalisation du “raisonnable” au travers d’un conte pour enfant.


Que je te raconte vit’fait l’histoire du petit pingouin Little Boy :


Bon, au début, il est sur sa banquise, il s’amuse avec tous ses petits potes, font des glissades, plongent dans les vagues, etc. Sur ces entrefaites, arrive le gros vieux phoque Big Mouse qui prend le petit pingouin à part et lui propose un deal :
- tu vois, ce sac que j’ai sur mon épaule, il est plein de petites merveilles (et de lui étaler sous les mirettes des écrans plats, des chaînes HiFi, des gadgets technologiques et touti quanti).
Il poursuit ainsi :
- Tout cela est à toi si tu me ramènes cinquante poissons par jour.
Little Boy se jette immédiatement à la baille et commence à travailler.
Cinquante, soixante, soixante-dix, etc, Big Mouse en demande toujours plus et les cadeaux inutiles (le salaire de Little Boy) s’accumule sur la banquise. Bien sûr il n’a plus le temps de jouer avec ses camarades, il est bien trop occupé à accumuler des cochonneries inutiles.
Puis arrive le jour ou Big Mouse passe à la vitesse supérieure :
- Bon, tu te débrouilles comme un chef, Little Boy, tu vas avoir une grande carrière, écoute-moi bien, si tu es capable de fournir tous ces poissons sous d’autres latitudes, tu seras le phénix des hôtes de ce bois...
Et les voila partis monter une succursale sous les tropiques.
Changement de musique, Little Boy n’est pas du tout adapté pour trimer sous les cocotiers, sa pêche chute de façon drastique ; quarante, trente, vingt poissons par jour, convocation dans le bureau du boss, les DRH s’en mêlent et pleuvent les remontrances ; Little Boy est sous pression, à deux doigts de se balancer par une fenêtre du dixième d’un immeuble de France-Télécom… il subit de plein fouet le principe du pingouin.
Heureusement, il va décrocher à temps, tout bazarder et revenir sur sa banquise pour épouser une petite pingouine et se consacrer à ses occupations naturelles.
Ils vécurent heureux et eurent beaucoup de petits pingouins...

Mais combien d’entre-nous n’ont pas les moyens, ou l’idée de revenir sur leur banquise, et restent piégés sous les tropiques, définitivement inadaptés, décalés...

Partant du prétexte de ce petit conte, l’ami Denis nous affranchit sur tout ce que nous subissons au quotidien : la manipulation, le syndrome de la suradaptation, la contrainte, nos rêves programmés par la science des Big Mouse… et il finit par délivrer un remède que tout le monde possédait à l’origine et que nombres d’entre nous ont perdu de vue : le bon sens.


C’est toujours clair et parfaitement compréhensible, Denis Doucet a évité l’écueil du jargon psy, et nous dispense une leçon de philo universelle : apprendre à lâcher prise...

À faire lire absolument à toutes nos chères têtes blondes et voire moins blondes.
De sept à cent soixante dix-sept ans.

Merci Denis Doucet et merci à l’ami Rémi.
De toutes les façons, tu sais déjà très bien que Rémi n’est pas mon ami, c’est pourquoi je dis que c’est mon ami...





Je vous demande de vous respecter...

samedi 19 avril 2014

Saint Frédo, Alphonse Boudard

Il me finit gentiment, l’ami Hugo, il me distille ses derniers Boudarluche au compte-gouttes, et c’est une messe à chaque fois. Père Hugo je le surblaze... paroisse de Saint-Oscar. En ce moment il est drivé par son grand frérot, l’abbé J. L., celui qui fournit tous ces gentils biscuits bénits. Que cette catholique fratrie bienfaitrice de mon humanité soit remerciée encore une fois.

Bien, passons à notre Saint-Frédo.

Au final, Frédo c’est la fureur de vivre, un mec qui a enjambé les évènements sans se poser de questions ; il a appris la vie à la dure dans les années trente, et comme tous ses semblables, mauvais garçons, apprentis malfrats, tous ces superbes pauvres types, il fait figure de monstres pour les générations plus apaisées, voire domestiquées, de nos époques mains-stream occidentales. Cela dit, on voit bien qu’il l’a un peu à la caille, l’ami Fonfonse… toutes les soixante-huitarderies leur sont restées en travers du gosier à Messieurs les Z’hommes, les tatoués du Paname de l’après-guerre, l’émancipation  des frangines a foutu un schproum terrible dans les mentalités, a laissé tous ces dinosaures à sec sur les plages des temps modernes.
Faut bien se berlurer des parcours comac :
Depuis le petit môme crève-la-faim trimbalé de maisons de force en maisons de correction, en passant par l’adepte régulier des stages dans les cellotes de Fresnes ou de Clairvaux, puis, en une volte-face sinon spectaculaire, du moins pragmatique, la rédemption du pécheur, l’oeuvre de bienfaisance, une certaine gloire dans cette vocation (?) à réinsérer de jeunes petites frappes dans la vision des trente glorieuses de Mon Général… Un parcours exemplaire, cependant poinçonné de petites affaires crapuleuses, quelques filles aux asperges, histoire d’affurer suffisamment de vaisselle de poche à claquer sur les champs de course, sur les tapis de flambe… jusqu’à finir en gros bibard à deux doigts de choper la légion d’honneur s’il n’avait pas attrapé la réplubique jusqu’au point d’en mourir comme le président Félix Faure ! Oui, Frédo restera un exemple du savoir partir ; passé soixante piges, apéros, choucrourte garnie, clacos des alpages, patisserie fines, cognac-cigare, et petite musique de nuit avec une beurette qui lui rendait facile plus de trente piges, l’oecuménisme du croupion, disons… recta l'infarctus du myocarde, et il va tutoyer les anges le Frédo ; un truc à se le souhaiter… t'avouera qu'il y a pire pour décambuter à la surprenante !
Et c’est pourquoi Allah est grand.
(t’inquiète, je fais mon Vialatte, c’est toléré dans les Chroniques de la Montagne… aucune fatwa en approche rapide)

En attendant les foudres sanglantes des sycophantes de l’Autre Grand, je vais quand même faire l’effort de te refiler ces deux pépites :
...
C’est une espèce de don, ça. N’est pas maquereau qui veut. C’est comme pianiste ou mathématicien, ça vous vient des fées qui se penchèrent sur votre berceau. Ensuite, bien sûr, faut cultiver ses dispositions naturelles, les faire fructifier.
... 

Ses femmes essayaient de l’alerter que c’était pas raisonnable de tortorer pareillement… que ça nuisait à son esthétique, à sa ligne… Au trempolino, il envoyait  rebondir Mireille, Solange, Patricia et les autres. Il prenait de la brioche mais ça ne l’empêchait pas d’avoir du gourdin. L’essentiel chez un homme… son pénis, comme disait la Constance, la psy. Le physique autour ne sert que d’appât au début. Mais le plus beau mec, s’il se révèle en érection avec un dardillon de lapin, ça lui réduit à néant son potentiel séducteur.
Voila à peu près, je vous résume, ce qu’il rétorquait aux dames qui lui suggéraient de perdre du poids.
- Votre cholestérol, je l’emmerde.
J’étais mal placardé pour me mêler de ce problème, je prenais quand même aussi du lard. On fait pas gaffe, on vous invite au cassoulet, au boeuf mironton, veau Marengo… coq au vin, choux farcis… lapin en gibelotte. Certain qu’on restitue pas tout dans les gogues… Ce qui vous reste… attention danger !
Le triste dans l’existence… que pour durer, se tenir en forme, il faut rester dans la moyenne. Tout calculer, tout peser… ce qu’on absorbe et puis pourquoi pas sa fiente. Faire des différences, des statistiques, consulter le professeur Duchemol, célèbre nutritionniste, et puis le psychiatre qui va vous remonter dans l’enfance… que vous aimez les rognons de veau par complexe de castration.
...


J’espère que désormais tu comprends pourquoi Allah est grand.


Allahu akbar





Je vous demande ne pas mourir avant d’en avoir fini...

mercredi 16 avril 2014

La grande route du Nord, Tome 2, Peter F. Hamilton

Bien, passons aux cinq cent vingt-huit pages du deuxième tome ; ouais, au passage, tu n’auras pas été sans remarquer qu’il ne donne pas dans l’épitomé l’ami Peter, surtout quand tu sais que dans le monde rosbifo-saxon le bouquin est sorti en un seul volume, un véritable mille-feuilles ! J’ai lu que chez nous on ne faisait pas pareil car nos braves éditeurs francaouis pensent que les gens ont peur d’acheter des livres de ce calibre… les innocents ! Et qui croyez-vous qui les achète les bouquins de Hamilton si ce n’est des mordus de SF dans mon genre, vous pensez sérieusement que de le couper en deux suscitera des vocations ? En vendrez-vous plusse ? Sans dec ? Des bouquins, j’en ai déjà affuré pour le prix de plusieurs bagnoles ; c’est quoi ces manières de nous les livrer saucissonnés comme ça, portière par portière, ‘tain ! Vous déconnez ferme, les gars !
Pis, tiens, tant qu’on y est, vous allez aussi m’expliquer pourquoi la version “Hardcover” (la chère, donc) de nos amis outre-manchiers est affurable à 13,40 Livres (ça fait 16 Euros et des bananes) et que vous, vous nous la remettez en deux blots de 25€ chacun, hum ?
16,40€ versus 50€… Hé, les filles, vous vous faites encaldosser par le traducteur, non ? (À ce sujet, je connais une être humaine blanchie sous le harnais, traductrice de son état et trempée au sceau du bon mot qui vous fera ça à moitié prix.)

Ok, ok, je me calme et dès que le vent tournera, je repartira...
Nonobstant, je ne peux pas m’empêcher de penser que ça veut simplement dire que vous avez déjà zappé les libraires de l’équation avec vos vilains calculs survivalistes ultra-libéraux ; on ne peut pas se refourguer les fichiers électroniques que vous nous vendez one-shot sur Amazon, à moins de se situer hors légalité, et les prix “papiers” sont prohibitifs. Qui va aller acheter La grande route du Nord, Tome 1&2 à cinquante sacs à part quelques rares connards comme-moi ?  Je trouve tout cela assez dégueulasse, et je ne suis certainement pas la plus grossière de cette histoire !

- Hè, ma couille, te serait-il loisible de rouspéter, E-farang, et si on parlait de cette “grande route du Nord, Tome 2”, hein ? On s’énerve, on s’énerve, mais c’est pas tout, ça, faut qu’on cause de ce bouquin, ‘tain.

Bon, du côté de Newcastle l’inspecteur Hurst va presque réussir à boucler son enquête, mais ça c’est drôlement complexifié quant aux opérations guerrières sur St Libra, l’expédition de l'ADH va se mettre à patauger gravement dans une béchamel infernale, mon cadet, car la biosphère de cette maudite planète est réellement vivante et a recraché sui géneris quelques avatars de Cécile Duflot pas piqués des vers. Pis y en un de particulièrement teigneux, quand Gaïa s’énerve, faut ranger ses miches, farang-écologisse, Ouranos ou pas, elle va accoucher de quelques monstruosités ta terre-mère, faire chier son monde, empêcher nos gentils marines de tourner en rond… persuader Cronos d’émasculer son daron... tout ça, quoi.

Très, très singulière cette soudaine lubie de l’ami Peter pour l’Écolo-mythologie, assez inattendu de sa part, je trouve, surtout si tu te souviens bien de L’Aube de la nuit, quand Ken sauvait Barbie, ou mieux, de L’Étoile de Pendore, quand l’autre zigue Matin-Lumière-Montagne-etc. éradiquait les planètes par poignées entières. Que de changements cette fois-ci, entrave la coupure : on pillave à peine une planète pour en tirer un quelconque carburant que vlan, cette salope qui-était-vivante-mais-qu’on-en-savait-rien, ben, elle se rebiffe, dis-donc ! Elle ne veut pas y passer, et elle va sévir la garce !
Bon, les gentils (toi et moi, donc) ont plein de médicaments radio-actifs pour soigner les méchancetés estraterrestes récalcitrantes, en l’occurence une sorte de meta-virus qu’il va falloir lui administrer en suppositoire à l’autre greluche… pas facile ; elle a le pourtour anal assez délicat la St Libra, elle va gigoter, faire des manières, faire sa rosière et au final elle t’envoie des Cécile Duflot maquillées en Prédator, ‘tain ! Ça craint ! Sont pas à la fête les GI, décimés comm’ qui dirait.

Heureusement, heureusement qu’ils ne roupillaient pas tous, les mecs de la post-prod, y en a au moins un qui a entravé le blème, l’a alerté ses camarades et ils ont réussi, in-extremis, à corriger le tir, à rajouter quelques plans, à trouver des arrangements en envoyant une Ségolène négocier la paix des braves avec la Sainte Mère Libra ; royal, non ?

Ok, j’ai un peu déconné sur la fin de ce commentaire... hein ? au début aussi ? Bon, ben j’vais quand même pas le refaire pour tes belles mirettes, tu vas te le bectaresse tel quel, mon salaud.

Cela étant, ce fut un week-end palpitant, mille mercis ami Peter.


C.D. (nouvel Obs)




Avez-vous séquestré votre quota de carbone, hum ?
Faisez bien entention bande d'enfoirés...

lundi 14 avril 2014

La grande route du Nord, Tome 1, Peter F. Hamilton

Môssieur Hamilton faut dire !

L’Univers Hamilton change peu depuis quelques bouquins, et ce n’est pas une critique car je me suis définitivement installé dans les pantoufles de vair de ce Pape de la SF britiche. Et j’en redemande, ce n’est jamais assez. Chuis faible, qu’est-ce tu veux...

Toujours la même technologie des portails qui permet de sauter d’une planète à l’autre, toujours la société ultra-capitaliste dominée par quelques richissimes familles, toujours une poignée de marines, télécommandée depuis la coulisse par les aficionados d’un complexe militaro-industriel surpuissant, toujours un maillage serré des événements et cependant une progression dans la sociologie des personnages, une pointe situationniste qui complexifie un peu plus un avenir annoncé.

Si tu réfléchis un tant soit peu, farang-prospectiviste, il faut bien en convenir : quoique toujours dans le tempo, dans la griffe de L'Aube de la nuit (1996), nous sommes maintenant loin de ce premier texte, j’ai l’impression que l’ami Peter dérape gentiment dans un registre plus Bourdieusien, vers une analyse plus sociologique de l’humanité. Il s’agit ici d’une pure critique de la société occidentale de 2014 sous prétexte de “Science-Fiction”.
Ce mec devient de plus en plus intéressant ; il fait comm’moi, il ne vieillit pas, lui, il mûrit, il se bonifie… 
(ha, ha, ha)

M’enfin, un premier opus encore une fois exaltant :
2143, tandis qu’à Newcastle l’inspecteur Hurst tente de débrouiller un crime extravaguant commis sur un 2North, il se passe des trucs très peu catholiques sur St Libra, une énorme planète en orbite autour de Sirius et sur laquelle prospère la “petite” entreprise spécialisée dans les bio-carburants de la susnommée famille North. Une enquête très, très touchy sur fond de mafia, de récession, de bureaucratie Européenne et de fourberie politicienne.
Tout cela sans compter sur la menace permanente du Zanth, le père fouettard galactique, l’alien quantique et incompréhensible, l’organisme à peine baryonique qui s’attaque à nombre de nos colonies planétaires. Heureusement les gentils marines de l'ADH (Alliance pour la Défence de l’Humanité) sont là pour veiller au grain… les pauvres !

Mais y a mieux que ces cons de Zanth, Angela Tramelo l’a vu, le vrai, le vilain, le méchant, il y a vingt ans, et elle a survécu ; elle a même pris perpète à sa place, rappelle-toi qu’elle l’a un peu à la caille… mais force est de constater que ce putain d'estraterreste exisse réellement, avec un sens de l’humour très limité et des griffes comac… et il a des mecs dans le collimateur !
Qui ? Quoi ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?

Les 528 premières pages de cette nouvelle et excellente récréation hamiltonienne sont parfaitement torchées, nous sommes en pays ruisselant de lait et de miel...

Bravo Peter !

Vite, vite, tome 2 !






Ma, qué, lou zextraterestro il a traversé, cummé cà, 
porca miséria...
Io però avi puttana priorità...

samedi 12 avril 2014

Chroniques de l'inquisition, Somtow Pinapian Sucharitkul

Je vais être honnête avec toi, farang mon ami, depuis le dernier Farmer du mois décembre 2013, pas un seul bouquin de SF ne m’est tombé sous les crocs ! Avoue que ça marque mal dans un blog qui s'appelle 4269 de la Carène ; je dirais même que ça craint, bordel-de-dieu !
Tardivement conscient de mon devoir mais à court d’idées (non, je ne lis pas le Cycle de Tshaï tous les ans !) j’ai commencé une escalade par la face nord de ma bibliothèque, m’enfin, d'une partie du moins. Note que ça fait du remue-ménage dans la casbah quand, à la sortie de la messe, je commence à trifouiller dans la bibli… il s’en est accumulé des saloperies, devant ! Faut en bousculer des canapés, des échelles, des tancarvilles, des chats, des bibelots… un éloge au bordel domestique, quoi. Ceci dit et nonobstant l’exercice fastidieux que ça représente, j’arrive toujours à pécho quelque chose d'intéressant, relu moins de deux fois. Rappelle-toi que j’en ai écarté des Vance, des Bujold Lois McMaster, des Silverberg, des Herbert, des Varley, des Dan Simmons (désolé, il est blacklisté depuis Flashback… je sais, c’est con et j’ai tellement envie de relire l’Échiquier du mâle !), et je t’en passe. Et puis, comme par hasard, je tombe sur l’étagère des Lunes d’Encre de chez Denoël (les chers !), et c’est là que, ô merveille, le camarade Somtow Pinapian Sucharitkul chut dans ma serre avide ; les Chroniques de l'inquisition, rien que çà, taguées du 07 juin 2005, BédéCiné, Toulouse (putain, con)... impossible de résister, tome 1, sept cents pages, je fonce !

Deux bouquins recompilés dans ce premier opus : “Lumière sur l’Abîme” et “Le Trône de Folie”.

Dans Lumière sur l’Abîme, on est en plein dans un univers à la Herbert, un phylum exotique de Dune, disons.  
Que ch’t’affranchisse : planète Gallendys, celle qui fournit les cerveaux soudés aux vaisseaux interstellaires et qui donne à la diaspora humaine les moyens de s'étendre depuis plus de vingt mille ans ; les chasseurs d’utopies, Ton Davaryush z Callendaran K’Ning, Inquisiteur depuis plus de trois siècle et hérétique de surcroît ; les cités jumelles Effelkang et Kallendrang ; les bulles tachyoniques qui pleuvent de l’orbite basse ; la Muraille du ciel, royaume de la nuit et des vents dans lequel la Fille-qui-n’a-pas-encore-de-nom va briser les tabous ; et le jeune gars Kelver qui va (qui doit ?) foutre un bordel monstre dans toute cette machinerie… Tu secoues, tu secoues, tu verses et tu dégustes bien glace !

Et puis, page 365, enchaînement sur Le Trône de Folie :

Uran s’Varek, le centre de de formation des Inquisiteurs.
Astro-physique des décors terriblement exotique : une giganteste sphère de Dyson qui englobe un trou noir; énorme ! Les zigues de l’Inquisition vivent dessus, des millions de millions de kilomètres carrés… depuis vingt-mille ans !
Rends-toi compte, éphémère farang, Ton Kelver (entention, j’écris Ton Kelver mais ne lis pas ton Kelver, non, car je suis incapable de trouver la séquence de touches qui donne un “o” doté d’un accent aigu réglementairement inquisitoire, ouais, c’est un titre en fait), To’n Kelver (?!?), disais-je, est lâché là dedans avec le but de mettre à bas cette salope d’Inquisition, tu te souviendras du premier opus. Mais tu te figures bien que ça va être compliqué, sans compter qu’il faut trouver ce putain de “trône de folie”, et tu m’auras comprise, à la fin, il doit y avoir un couillon qui pose son cul dedans pile au moment où le trou noir, avide de la saveur des étoiles, se met en tête d’en bectaresse une…

Un deuxième texte cependant beaucoup moins maîtrisé que  Lumière sur l’Abîme, nous ne sommes hélas plus dans du Herbert, j’ai lu Dune une dizaine de fois (au bas mot) et je ne me suis jamais fait chier comme çà, désolé. Je sais, ce n’est pas gentil, d’autant qu’il y a neuf ans, quand j’ai affuré (au prix fort, 2x26€) cette compile de chez Lunes d’encre, j’avais bien aimé, ‘fin, j’avais trouvé cela bien moins fade.

Bref, s’il fallait retenir quelque chose de cette “Inquisition”, je dirais qu’il s’agit là d’une sympathique illustration de l’enfer et de la nature de son pavement.


Innocent X, Bacon






Je vous demande de ne plus crier...