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samedi 26 octobre 2013

L’Effet Lazare, Frank Herbert, Bill Ransom

Et un… Et deux… Et trois !


Plusieurs siècles après L’incident Jésus (j’ai pas bien compris le nombre exact), Pandora est devenue très très humide. Les deux seuls continents qui existaient ont disparu sous les flots à cause de l’autre abruti de Morgan Oakes qui a esterminé le varech au bouquin précédent. Pis tu te souviendras que la Nef (Dieu) s’est barrée en laissant tout son petit monde les pieds dans l’eau. On n’a jamais que les dieux qu’on mérite, tu me diras.
Alors là, deux solutions : ou t'apprends à nager, ou t’arrives à respirer sous l’eau.
C’est donc ces deux modes de survie qui vont faire florès sur Pandora.
- Les Siréniens, les “vrais” humains, les “normaux” (occidentaux, rationalistes ; les comme nous, quoi !), vont vivre sous l’eau car ils ont conservé et développé un certain niveau de technologie.
- Les Îliens, les mutards, les arrières petits fils des monstres sortis du labo de Jésus Louis, le généticien fou. Ils survivent sur de vastes îles flottantes semi-organiques dérivant au grès des courants, des tsunamis et autres mascarets.  C’est la communauté des pauvres, des métèques, des bigots et des génétiquement mal fagotés ; les roms pelagiques de Pandora en somme.


T’auras vite fait de comprendre, farang balkano-levalloisien, que ça leur défrise les nageoires aux Siréniens d’avoir tous ces campements flottants de romanos au-dessus des caudales ; ça pue, y a des mômes partout, pis c’est feignant et voleur comm’ pas deux cette engeance. À la rigueur on peut les utiliser dans quelques emplois subalternes : nettoyer les pare-brises des sous-marins aux feux rouges, ramasser les merdes des requins bouldogues ou laver la vaisselle de la cantine (fais quand même gaffe au nombre de couverts !), mais sinon, y servent à rien.


Tout cela sans compter que les Siréniens se sont engagés en douce dans un vaste programme de "planet engineering" et font repousser du varech et des continents. Toute cette racaille d’Îliens ne peut que gêner un tel projet, tu en conviendras, aussi, sous la férule de Gellaar Gallow, le caïd Sirénien d'une Aube Dorée locale, quelques hommes décidés vont prendre les choses en mains.
Fachos en approche rapide ?
Heureusement, la Sirénienne Scudi et l'Ilien Brett vont tomber fous amoureux l’un de l’autre et grâce au néo-varech, à Avata (la déesse qui rêve) et à une poignée d’amis, ils vont redresser cette situation désespérée et offrir un avenir à l’humanité.
Perspectives en approche rapide ?
Peut-on refaire ce qui à été défait ?
Le Bien peut-il triompher du Mal ?


Tu sais quoi, farang-parent-d’élève, cet opus du cycle du programme conscience est une pure lévinasserie, c’est une belle et facile leçon de philo : trouver du charme dans la différence ; vaincre sa peur de l’autre, le calculer pour l’aimer… et vice versa.


Ce satané Franky a réussi à me posséder une fois de plus !



Baiser, Doisneau, ceci cela...




Je vous demande d’équationner ça...

mercredi 23 octobre 2013

L'incident Jésus, Frank Herbert, Bill Ransom

Deuxième tome du Cycle du Programme conscience.

Ce que je crois :
C’était un grand malade l’ami Franky car en même temps qu’il nous pondait son Dune (1965 pour le premier tome in rosbeef) qui, comme chacun a pu s’en apercevoir, est la genèse d’une religion et sans déconner, fallait être vraiment un gros cancre pour ne pas trouver tout cela fortement connoté au coin d’une certaine musulmanité ne serait-ce qu’à travers le vocabulaire ; le Jihad Butlérien, Muad Dib, les Freeman dans le rôle des tribus du désert, etc., en même temps disais-je, il nous écrivait son Destination: Void (1966) qui, pour le coup et comme en contrepoint fait vraiment parti du monde de ces chiens de croisés ; c’est très très judéo-chrétien. Hé, y a un psychiatre-aumônier (Raja Lon Flatterie), te dire ! Un mec qui incarne tout à la fois le côté analytique du psychiatre juif et la fourberie naturelle d’un jésuite de haut vol. Pour bien enfoncer le clou dans la croix, le titre de ce deuxième opus : L’incident Jésus.

Si t’avais pas bien pigé à la première couche, là t’es affranchi.
Pour t’achever, farang-infidèle, sache que le “trois” s’intitule The Lazarus effect.
Tout est dit.


Bon, là c’est le moment où tu rues dans les rencards : On est en pleine bigoterie t’indignes-tu, l’était pas fou ton Franky ? pourrais-tu ajouter, tout en proie à une légitime indignation laïque et républicaine… Finkielkrautienne, en somme.
Non camarade, te retorquerai-je alors, te goure pas de crémerie, le Franky ce n’était pas qu’un illuminanti, non, avec lui c’est “L’American style” qui nous a déboulé sur le râble avec ces nouvelles structures narratives, ces nouveaux codes venus d’outre-atlantique.
Un chapitre = un personnage en situation et une flèche du temps. Courts les chapitres en plusse. Ça n’arrête pas… presque épuisant.
Frank Herbert a été le pape de cette école. Les glorieux zémules qui ont suivi ne sont pas tous ricains, mais ils sont tous du sérail ; les William Gibson, les Dann Simmons, les  Alastair Reynolds, Stephen Baxter and Co.
Putain, quelle glorieuse écurie ça a donné !
Merci Franky.


Hein ? Ah ouais, le bouquin…


Bon, c’est plus tard, après que nos trois petits camarades de Destination : vide  aient réussi à fabriquer Dieu en trifouillant dans l’ordinateur de l’autobus qui devait les convoyer sur Tau Ceti.
En fait, beaucoup de temps a passé et les clones ont été largué sur Pendora, une planète quasi océanique bourrée de bestioles bardées de griffes et de crocs. Rappelle-toi que ça devient très vite un gros merdier sur Pendora. On trouve bientôt de tout sur cette foutue planète : y a des salauds et des héros, des capucins morfalos, un poète reproducteur et des gonzesses qui lui tournicotent autour, du varech intelligent (mais pas pour longtemps), des montgolfières copéistes (ou fillonistes) sans compter toutes les improbables saloperies génétiques qui sortent des labos de Jésus-Louis : des Patriçounets mélanchoniques, des Denix écolo-intégrisses, des Stephane post-communisses, des frangines apostasiques en voie de reconversion, des belles soeurs tétra-hydro-syndicalissées, des aviateurs fatigués et des farangs aussi cons que toi et moi. Pfff ! Une cour des miracles, un vrai bordel, ch’te dis.
La Nef, qui comme tous les dieux ne sait pas trop ce qu’elle veut, va laisser tomber toute cette clique, non sans avoir réinventé la séquence où le petit Jésus sert de guirlande à une croix plantée sur le Mont du Crâne (d’où le titre… putain, sois à c’qu’on te dis !).


M’enfin, voila, ça continue à se lire mais ça reste très confus, pour ne pas dire relativement hermétique, quant aux motivations  phisolophiques… à moins que Dieu exisse, bien sûre…


Heureusement, y a aucune chance... ne rêve pas !



"Piss Christ" de Serrano 



Si je chope l’enculé qui m’a pissé dessus, j’y colle une fatwa au cul….









lundi 21 octobre 2013

Mondes en collision, Dr Immanuel Velikovsky

Le Livre Événement du plus grand visionnaire de XXe siècle…
Plus un dossier complet de 70 pages sur l’auteur.
<--- (je te laisse contempler par toi-même cette merveille de modestie)

Avoue, Farang-témoin-de-Jéhovah, rien que la preum’s de couv’  ça pique les yeux !
Ne tente même pas de regarder la quatrième, malheureux, tu veux devenir aveugle ? Déjà le “Dr” sis devant le prénom de l’auteur ça fait un peu racoleur, genre : attention chuis docteur, le premier qui bronche, j’y prends la température !
Ensuite, avant d’en arriver aux zostilités proprement dites, tu vas t’appuyer la partie “Plus un dossier complet de 70 pages sur l’auteur”.
Accroche-toi car au niveau des polices de caractères c’est maquillé comme la zone industrielle d’une sous-préfecture du Lot-et-Garonne. Z’ont pas dû s'amuser les typographes ; du gras, du gras italique, du gras italique souligné, du majuscule souligné à toutes les pages. Pis des titres dithyrambiques :
“Quand les Scientifiques rejettent ceux qui sont plus rapides (ou plus intelligents ) qu’eux…”
ou encore :
“Traits d’un Génie
Immanuel Velikovsky est un génie. Un génie du même calibre qu’Albert Einstein et Sigmund Freud [...]. Mais il n’est guère confortable d’être un génie, ni d’avoir raison trop tôt ; Galilée, Newton, Gutenberg, Einstein, Edison, et bien d’autres peuvent en témoigner…”
et patati et patata.
En gros, le gars Immanuel serait l’égal d’un Einstein, d’un Galiléé, d’un Newton ou d’un Patriçounet ; rien que ça ! En plus d’être con, c’est très putassier ce genre de propos ; y z’en font trop les grossium du “Le jardin des Les Livres”.
70 pages de purs sophismes… c’est même archétipal du genre, sans dec, faut montrer ça dans les écoles.
Ouais, une drôle d’ écurie les zénergumènes de “Le jardin du Les Livres”.

Alors, de quoi y parle finalement ce Velikovsky, docteur de son état ?

Ben, y dit que le système solaire n’a pas toujours eu la configuration que nous lui connaissons.
C’est malin, intelligent, mais c’est surtout orienté ; le bonhomme tient absoluement à expliquer toutes les incongruités qui truffent la bible par des phénomènes sinon naturels, du moins liés à la mécanique céleste. Son truc à lui c’est que Vénus était une comète engendrée par Jupiter (ou Neptune… ou Uranus, chais pus) et qui par un jeu de carambolage cosmique et de transits orbitaux successifs frôla la terre il y a 3000 ans et alors là, zou Galinette, tout s’esplique con : la terre qui arrête de tourner pendant plus d’une journée, les murailles de Jéricho qui s’effondrirent, la manne qui pleuvit et qui sauvit les juifs jetés au désert, les eaux du Nil rouge sang, les 36 plaies de l’Egypte, und so weiter… 
Pour preuves supplémentaires si encore il t’en fallait, farang-incrédule, notre bon docteur a compilé une somme fabuleuse de textes issus de toutes les mythologies possibles et toutes se recoupent et prouvent que… que quoi ?
Ça prouve simplement qu’on peut toujours affirmer tout et son contraire à partir d’un jus de fadaises crypto-chamaniques (la bible, les manuscrits de Tataouach, les calendriers Mayas, l’annuaire des P&T ou le kamasutra), pour peu que l’on ait un bon motif de le faire.

Et toute cette exaltation saugrenue pour que :
... la religion, y compris la religion d’Israël, s’éclaire d’une lumière nouvelle.
(page 379)

Bordel de dieu ! Vous déconnez ferme les jardiniers du Le jardin de Le Livre !



Le Jardin des Livres



Je vous suggère de vous déclarer en jachère...




mercredi 16 octobre 2013

Destination : Vide, Frank Herbert

J’avais lu ce bouquin à la fin des années 70.
À l’époque et dans ma paroisse, l’ami Frank tenait le haut du pavé estampillé SF depuis au moins dix piges, il nous avait pulvérisé avec les trois premiers Dune ; tu parles si j’avais sauté sur ce Destination vide !

Hélas, j’avais très rapidement trouvé ça abscons, mais bon, j’étais jeune et enthousiaste, et j’avais envers le Maître l’indulgence d’un petit n’enfant de coeur quand le bon père le coince dans la sacristie et lui explique en relevant sa bure qu’il va lui montrer le petit jésus… Quoi ! T’as jamais été enfant de coeure ? … Brèfe, j’ai vite avalé mon hostie, non sans quelques grimaces, et je suis passé à la suite.

Ben main’nant, en 2013, c’est carrément désuet.
Cela étant, il en va de même avec le 2001 Odysée de l’Espace de l’ami Arthur, il ne faut pas faire une fixette sur l’habillage techno-obsolète de la SF de Grand-papa, sinon le bouquin te tombera des mains. Non, il faut évacuer ce côté bricoleur fou du héros, le camarde John Lon Bickel, le seul mec à l’ouest du Pecos saturnien à être capable de nous fabriquer une conscience “artificielle” avec un ordinateur à lampe, cinquante mètres de fils téléphonique et un fer à souder.
Ouais, t’as bien lu, les gaziers du XXIIIème siècles se sont mis en tête de fabriquer une conscience artificielle ! Putain ! Alors, comme les gros bonnets de la capitale ont déjà tenté l’expérience sur Terre et que ça s’est hyper-mal terminé - figure-toi que la conscience artificielle c’est méchant comme un DRH par nature -  ils ont externalisé tout le process industriel de fabrication sur un vaisseau spatial, le Terra VI, lancé à une bonne fraction de C vers Tau Céti… si ça merde, c’est loin, tu peux voir venir, prendre des précautions et appuyer sur le boutton rouge de l'autodestruction en dernier recours, pis de toutes façons les cobayes du vaisseau ne sont que des clones, y sont même pas pour de vrai, pffff…


Nonobstant et bien que désuet, ce huis-clos  spatial nous pose toujours cette question intéressante : qu’est-ce que la conscience ?
La conscience… tu parles d’un truc !

Avant même de l’artificialiser, de la chosifier, disons, il serait bon que l’on sache de quoi il en retourne.
Déjà, accroche-toi pour en donner une définition relativement acceptable et qui fasse consensus !
Évidemment, ici et maintenant j’ai la mienne :
… être l’écume qui festonne la crête des fronts d’ondes qui agitent en permanence nos neurones, se voir dans le reflet de mille centres, de mille tourbillons vitaux agitant un tas de viande génétiquement et ontologiquement organisé ; se reconnaître comme soi, savoir intimement que je suis mon sujet… Je !

Quant à ce qui anime toute cette mécanique, tout ce neuro-merdier électrochimique, l’ami Jean-Claude Ameisen nous a déjà mis la puce à l’oreille et, au passage, je te conseille de te renseigner u’gemment si ce n’est déjà fait (podcastable sur le site de France-Inter).


Et phisolophiquement : est-on si loin de l’Être et de l’Etant du camarade Heidegger, ou de Levinass (mon chéri) qui arrive à trouver une âme dans la conscience de l’autre… Tu sais quoi ? On aimerait bien qu’il y ai un Dieu qui tienne la baguette, ce serait plus confortable, hein ?

Sans compter qu’avant d’en fabriquer une de façon “artificielle”, j’aimerai bien savoir si les animaux en ont de la “conscience”… pourquoi pas, les objets ont bien une âme, que je sache ?
Et mon chat (Fils-Pougne) en a-t-il une ? En tous les cas il en possède les attributs. Il rêve (je le sais !), il anticipe sur l’heure de la bouffe, il a donc sa flèche du temps, il calcule, il se sait lui, surtout quand il met une peignée à sa coreligionnaire (Kiké), et peut-être même que ne sachant parier sur aucun dieu, est-il plus Heideggerien que Lévinassien ? Hum, Qu'est-ce t'en penses ?
Quoi qu’il en soit, sache, farang-Lamartinien, qu’il me regarde avec amour quand il pète… si ça ce n’est pas la preuve qu’il a une conscience et même une âme... qui s’attache à notre âme et la force d’aimer, hein ?


Tu vois le coup ? Finalement, par delà ses défauts à la Bob Morane ce livre est une invite à la gambèrge phisolo… phlilo… m’enfin, y te fera reufléchir, couillon de lune !


Frank Herbert est donc toujours mon ami, surtout qu’à partir du tome deux de ce Cycle du Programme conscience, je crois me souvenir que ça devient un peu plus dynamique, un peu plus planet opéra, disons.


Felidae Pougnatus



N’en doutez plus, j’ai une conscience….

lundi 14 octobre 2013

Les villes invisibles, Italo Calvino

Un voyage hautement poétique à travers une cinquantaine de villes imaginaires, invisibles.


L’ami Italo a trouvé l’artifice d’un dialogue entre Marco Polo et l'empereur Kublai Khan pour distiller ces cinquantes fragments de poésie urbaine.


Elles ont pour nom des prénoms féminins tels que : 

Dorothée, Zora, Ersilie, Léandra, Procope ou Bersabée...


Et elles ont toutes un petit quelque chose de Venise.
Du soleil sur les tuiles, une fontaine qui chante sur une place, une enfilade de fenêtres dans la perspective d’une façade blanche, l’hypothèse cintrée d’un pont enjambant de l’eau ; mille détails qui surgissent à la vue de qui sait regarder et prend le temps d’observer.


Et il y a des gens dans ces villes, des gens qui leur ressemble, extravagants, nonchalants, radieux, ternes, par groupes ou solitaires, tourmentés ou indifférents ; des soldats, des putes, des prêtres, des familles qui se promènent, des petits enfants, des cris… des gens, quoi !


Il y a bien sûr des Dieux ; pléthoriques, facétieux, cruels ou ridicules, tous marquent leur cité et ses habitants à travers l’architecture et son usage.


Ah oui, nous sommes au XIIIème siècle, faut garder ça en mémoire.


Que te dire de plus, farang-inquisiteur, si ce n’est qu’il ne te faudra par faire comme moi lorsque tu liras ce livre. Il ne faut pas partir bille en tête comme si tu montais à l’assaut d’un polar de Coben ou un épisode du Trône de Fer.
Non, il faut se laisser bercer par l’insolite, par la poésie des sons, par les jeux d’ombres et de lumières sur un angle de vieille pierres, et surtout par la magie de la découverte de ces villes invisibles et pourtant vivantes.


Ce livre est un OT²E (Objet Très Très Exotiques) et va savoir comment il m’a atterri dans les pognes ?


Quoi qu’il en soit, Padre Italo Calvino est mon ami…



Kublai Khan,
Le pote de Marco




Marco, je te demande de me raconter Venise...

dimanche 13 octobre 2013

La nuit du Vojd, Hervé Bel

Très singulier ce bouquin ; un ovni.

J’ai vraiment cru, au début du moins, qu’on se situait durant les grandes heures du Stalinisme. Comme j’ai encore en tête l’excellente biographie de Simon Sebag MontefioreI sur l’Ogre Rouge, j’ai sauté à pieds joints dans cette illusion tant l’ami Hervé possède son sujet et colle à l’Histoire avec en pivot principal l’hypothèse du suicide (programmé ? !) de Nadejda Sergueïevna Allilouïeva, la deuxième femme du petit père des peuples.

Ce que je crois : 
il s’agit d’un preteste pour nous dessiller, pour nous mettre le nez dans nos faiblesses ontologiques et éternelles ; lavage de cerveau, amour irrationnel de l'autorité, du chef (le Vojd), pusillanimité du sujet noyé dans la masse, effet de meute ; tous les ingrédients de l'asservissement sont là, testés et éprouvés. On le sait, tout a déjà été démontré… même les rats agissent de la sorte ; tous les animaux grégaires, en fait. Tu réussis à te persuader que ton intérêt est celui de ton dominant. C’est fort ce pari sur la faiblesse de l'autre !
Le rat Alpha, le Staline, l’Ultra-Républicain, le DRH, le Bernard Tapie ou le Gourou de la secte Trucmuche agissent tous en fonction de ce shéma : tu dois être persuadé qu’il te faut occuper ta place, quelqu'elle soit, dans la pyramide de commandement qu’ils ont créé.

Corollairement, la liberté individuelle, si elle existe, est la chose la plus difficile à assumer ; elle nécessite tant de convictions et de courage que les rares qui la gagne et qui y survivent sont forcément devenus des prédateurs, des Mâles Alpha. La majorité des autres n’étant que les outils de ceux-là.

Pour en finir, ce salaud de Hervé te confirme à la dernière page qu’il s’agissait bien d’une métaphore sur l’art et la manière d’utiliser son prochain. Au lieu de rentrer à Moscou, le personnage principal rentre à Paris… Mission accomplie… c’eût pu être un DRH des temps modernes, dis-donc !  Brrrr…

Un conte philosophique hyper-réaliste sur l’usage du pouvoir à l’aune de nos faiblesses structurelles.
Violences et manipulations psychologiques au programme.

C'est extrêmement bien documenté, mais cette plongée dans les rouages mortifères du NKVD de Lavrenti Pavlovitch Beria est effrayante.

Hervé Bel, je ne sais pas bien si t'es mon ami, mais c'était parfait.




Mâle Alpha





Je vous demande de stresser...


Fakirs, Antonin Varenne

Mon chéri, voila un polard qu’il était ciselé ! Un grand monsieur cet Antonin, m’est avis qui va faire des étincelles çuilà aussi.


Flics déjantés zonnant au département “Suicide” du 36 Quai des Orphèvres, barbouzes américaines en villégiature forcée aux pays du Grand Charles, un ex-taulard gardien de parc du jardin du Luxembourg, communauté hippy dans le Lot, putasseries fines à l’ambassade Américaine ; tous les ingrédients pour faire un polard de plus…

Ben, c’est pas juste un polard de plus, farang-bulgare, entre les deux flicards, les deux amerloques et le taulard Bunker (et son chien Mesrine) va se jouer une partie de carambole serrée. Des personnages dotés d’une psychologie extrêmement fouillée, un background historique délivré au compte gouttes font de ce bouquin un objet qui devient de plus en plus difficile à lâcher au fur et à mesure qu’on s’enfonce dans la trame narrative.

Sache que ce n’est pas le polard de monsieur tout le monde ; c’est puissant, bien mené et ça finit hyper-mal pour plein de gusses, mais chut... faut pas que je le dis.



Y a pas, ce mec possède son art à fond. Y fait ce qu’il veut, y nous mène par le bout du nez, quoi.


Je sens bien qu'Antonin Varenne va devenir un bon ami...








Je vous demande d’aller vous faire hameçonner...

jeudi 10 octobre 2013

Fureur et Mystère, René Char

Quatre ans que je n’avais pas remis le nez dans cette merveille de l’ami René. Mais comment ai-je fait pour survivre ?
J’aime bien la poésie, du moins quand je la comprends assez rapidement et je sais bien qu’il ne sert à rien d’établir un tiercé gagnant au sein des grosses cylindrées du genre, là je te parle des Verlaine, Prévert, Eluard, Rimbault, Apollinaire and Co. ; je te laisse compléter la liste à l’aune de tes amours (mortes ?) en la matière.
Je les aime tous ces monstres, bien sûr, mais s’il en est un qui me touche et qui m’émeut particulièrement dans ce pandémonium d’écorchés vifs, c’est bien le camarade René Char.
Derrière la complexité apparente de sa poésie, se cache la pudeur de ceux qui ont traversé mille morts, la souffrance et la guerre, et qui malgré cela continuent à rêver et à partager, en toute humanité.

Fureur et Mystère me bouleverse à chaque lecture.
Je découvre à nouveau ce merveilleux poème de L’Absent que j'ai déjà lu au moins cinquante fois; c’est bien simple, je devrais le savoir par coeur ! Mais là n’est pas le challenge, non, c’est à chaque fois les retrouvailles en creux, en Négatif, pour filer la métaphore photomatique, avec ceux qui ont irrémédiablement disparu de nos horizons événementiels et que nous aimons pourtant encore profondément... la brûlure du manque, en somme. Ça pique, ok, mais je ne peux faire moins que t’encourager à oser lire Mestre René Char, car tu le vaux bien !

Souventes fois ça frôle l’aphorisme :
...
Être du bond. N’être pas du festin, son épilogue.
(Feuillets d’Hypnos, 197)
Si la vie pouvait n’être que du sommeil désappointé…
(Feuillets d’Hypnos, 198)
...
Il y aura toujours une goutte d’eau pour durer plus que le soleil sans que l’ascendant du soleil soit ébranlé.
(V À la santé du Serpent)
...

Tu vois, farang-des-mangroves, mon oreille est devenue attentive à la musique des mots du Capitaine Alexandre.




Merci René Char.



Capitaine Alexandre





Je vous demande de vous pulvériser...