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mardi 31 juillet 2012

Cinoche, Alphonse Boudard

Encore une incartade au pays de Phonphonse. Là, le gars Boudarluche nous raconte son expérience de scénariste dans le cinoche et surtout on suit en loucedé  les arcanes de la fabrication d’un “nanar”. Métaphores à gogo, verbe truculent, personnages (souvent réels) totalement barrés, situations anarcho-ubuesques ; c’est un régal typé années 70.
Et comme un bon dessin vaut mieux qu’un long discours voici deux petits croquis du style Boudard:
...
Ralph il gode qu’avec les servantes... le complexe ancillaire. “ Que faites-vous là, Joséphine ? “ Elle n’ose répondre... alors il se précipite et il faut qu’elle se débatte, qu’elle s’effarouche... “ Non ! Non ! Monsieur Galano ! Pas ça ! “

Là... je vois rouge... me faire caver par un teuton ! Merde ! Je vais bondir à Zurich... je vais lui enfoncer dans l’oigne le canon d’un flingue et je vais tirer, que ça lui fasse une hémorragie interne à ce dégueulasse, qu’il crève à petit feu !
...

Dans la vraie vie, nanarland.com rappelle que le film tiré de Cinoche s’appelait l’Explosion (mis en scène par Marc Simenon), et que c’était une véritable navet. On aimerait cependant pouvoir le retrouver, après avoir lu le bouquin, il faudrait pouvoir mettre des visages...



Je vous demande de me le downlumucher...

lundi 30 juillet 2012

L’inquisiteur, Henri Gougaud

Toulouse, 1320 (ou pas loin), la seconde croisade des Pastoureaux vient s’échouer au pied des murailles ; exactions en tous genres, pogrome de juifs, l’armée de gueux qui suit Jean le Hongre fout le bordel dans toute la région.
Jacques Novelli, Grand Inquisiteur de Toulouse (con) est obligé de réagir: il arrive à capturer la soeur de Jean le Hongre, la belle Stéphanie, pensant avoir barre sur le turbulent frérot. Las, ma mie, il va être pris à son propre piège. De grand connard psychorigide il va rapidement déraper vers un comportement plus “humain” (plus sexué, disons) et succomber à l’Amour pour sa belle prisonnière, en total désaccord avec sa charge d’Inquisiteur.

Avec l’histoire de ce parcours initiatique, Henri Gougaud nous sert un conte philosophique attachant et drôlement bien ficelé, et ce dans une langue remarquable.

L’est fort le Riton et c’est notre ami.


Je vous demande de vous faire débaptiser...

mercredi 25 juillet 2012

L’Adversaire, Emmanuel Carrère

Bon, le Carrère, c’est comme une drogue : t’en a lu et t’es addicte, tant pis pour toi, on t’avais prévenu ; t’en as pas lu... ne commence pas ! Malheureux. Sinon, abandonne toutes espérances (sous-entendu “toi qui entre ici” (un peu comme Jean Moulin, finalement (ok, ok, je sors …))).
Qu’est-ce je disais ? Ouais, abandonne toutes espérances, farangus morbacus, car voici venu le temps non plus des rires et des chants, mais bien celui d’un mensonge monstrueux.
Dans son “Adversaire”, le Manu nous installe aux premières loges d’un malentendu de vingt ans. Mais si, souviens-toi, dans les années 90, ce mec qui se faisait passer pour un docteur (Jean-Claude Romand) et qui, finalement coincé par la durée incroyable de sa mystification, décide un beau matin de zigouiller tous les siens : femme, enfants, parents, chien et lui-même. Bon, le personnage est un peu veule, pusillanime et pétochard ; il va se rater (a-t-il sérieusement chercher à se supprimer, d’ailleurs? Pas sûr). Quoi qu’il en soit, on assiste incrédule à la trajectoire plongeante d’un véritable monstre. Le mensonge total de la vie de ce type s’auto-alimente comme une avalanche et engloutira tout sur son passage.

Le Carrère est nonobstant un peu maso ; quelle pulsion, quelle hésitation existentielle, quel “principa mecanica” peut-être, poussent-ils cet auteur génial à endosser les défroques douteuses des accidentés de la vie et à nous les rendre en pâture de façon si intelligente, voire rationnelle ? Hum ? Ne cultiverait-il pas une fascination malsaine à l’égard des monstres ? Ne serait-il pas un zélote du côté obscur ? Déjà, son K. Dick m’avait laissé vaguement psychotique, nauséeux de l’hypothalamus ; son Limonov m’a subjugué, j’ai failli prendre ma carte au PC dans la semaine suivant la prise, merde ; quant à cet Adversaire, il me donne des idées... J’ai bien envie de faire croire à tout le monde que je suis informaticien, tiens. Pis quand on sera bien certain du contraire (et ça ne va pas durer vingt ans de plusse), j’irai immoler le chat sur la place du Capitole, na !
- Pougne ? Où es-tu mon chat... viens voir papa... gniarg, gniarg, gniarg...


De fait, le Carrère est notre ami, mais on l’a déjà dit.


Je vous demande de vous camisoler...

Bagnards, Marion F. Godfroy

Quel magnifique livre nous offre ici cette gente Marion. Quel boulot remarquable sur le bagne de Cayenne ! On savait pour Papillon, pour Dreyfus, l’île du diable, on avait réglementairement lu notre Albert Londres: on en avait assez pour se fabriquer la petite historiographie, pathétique et romanesque, de cette honte de la république française que furent les colonies pénitentiaires. Bien sûr, tout le monde faisait pareil et puis tout cela c’est de l’histoire ancienne, surtout vu rétrospectivement d’une salle obscure post soixantuitarde; le bagne repeint à grands coups de Steve McQueen et Dustin Hoffman. Un poil de Victor Hugo, accessoirement une once de Zola, et hop, on en savait suffisamment...
Là, mon cadet,  on change de registre ! M. F. Godfroy démonte les mécanismes de cette horlogerie infernale et en étale les moindres rouages, là, sur la nappe cirée de la table de la salle à manger. De 1850 jusqu’à la fin de la guerre (1945) nous assistons à cent ans de bagne français, de sa naissance à sa fin. L’univers de l’AP (Administration Pénitentiaire) selon Kafka. Un siècle de “crimes contre l’Humanité” à la gloire de la loi du Talion, de la pusillanimité politique et de la gabegie d’une fin d’Empire.
C’est précis, daté, structuré, commenté, fluide et donc très agréable à lire. Une très belle larme de connaissance à laisser traîner bien en évidence sur le bureau (ou sur un siège d’autobus).

Marion F. Godfroy est décidément notre amie,
merci.


Je vous demande de vous lepidoptériser...

mardi 24 juillet 2012

Vestiges (quantika 1), Laurence Suhner

Ah, enfin un bon bouquin de SF. 
Laurence Suhner nous entraîne ici dans le premier tome (sur trois) d’un superbe planet opera.
Il y a tout ce qu’il faut pour que cette nouvelle saga nous fasse languir juqu’au bout:
Gemma, lointaine planète glacée; artefact xéno en orbite; temples mystérieux enchâssés sous quatre kilomètres de glace; Ioun-ké-da, la (maléfique?) divinité extraterrestre endormie, mais plus pour longtemps; communauté scientifique aux abois, malmenée par la bêtise crasse des militaires (il faut toujours des cancres pour exalter l’abnégation des héros); des personnages, humains ou pas, très élaborés et un déroulé de l’action parfaitement orchestré.
Je subodore que ce premier tome n’est qu’une mise en bouche “situationnelle” et que les prochains opus risquent de déstabiliser notre perception quantique de l’univers. Ouais, rien de moins, car la Laurence elle ose des choses, elle place résolument son récit sous la griffe de Erwin Schrödinger. Je te defie, farang ignare,  de trouver une explication aussi compréhensible et lumineuse de l’expérience du chat dans la boîte éponyme que celle décrite dans ce bouquin. Le chat, à l’instant “I”, il est vivant [et/ou] il est mort, et si tu tiens à le savoir de façon certaine, ben t’en seras pour tes frais car c’est impossible sans “intervenir” dans l’expérience. L’observateur agit sur l’observation ! Il y peut rien, c’est sa nature. 
Bordel,  elle est forte cette Suhner, sur le principe, sur le moteur “scientiste” du roman : on est presque dans du Baxter. Et l’Autre sait si on aime notre Baxter !

Bravo et merci Miss Shuner, vous êtes le phénix des hôtes de ce genre.

Je ne regrette pas mes vingts sacs...

Laurence Suhner est notre amie, proclamons-le.


Je vous demande de vous helvéquantifier...

vendredi 20 juillet 2012

Mississippi, Hillary Jordan

Encore une fois, la 10/18 “domaine étranger” est une de mes principales agences de voyage géo-temporel. Ici on tape dans le deep south. Le bouquin accroche immédiatement ; Hillary Jordan nous ferre dès le premier chapitre puis nous dicte la respiration de cette chronique d’un drame annoncé.
Destins croisés dans le vieux sud américain des années 40. Petits blancs à peine proprios,  petits noirs à peine métayers, ségrégation, héros de guerre, champs de coton et la gadoue du delta du Mississippi empoisonnée par le racisme. On comprend vite que c’est mal barré si t’es le black de service; KKK et nazillonnades ordinaires en approche rapide.
Un récit circulaire, conçu comme une course de relais, avec  passage du témoin à chaque personnage, nous permet d’assister au naufrage de l’équité, de la justice et de la raison. Révoltant mais salutaire...

Hillary Jordan est notre amie. Oh oui !



Je vous demande de vous désembourber...

jeudi 19 juillet 2012

Il pleut des étoiles dans notre lit, 5 poètes du Grand Nord

Le moins que je puisse faire, c’est d’être plus précis quant aux cinq auteurs de ce “Poésie/Gallimard”:

Inger Christensen, Danois
Pentti Holappa, Finnois
Tomas Tranströmer, Suèdois
Fan Erik Vold, Norvégien
Sigurdur Palsson, Islandais

Inutile de le cacher, la polésie subarctique m’est relativement étrangère et toutes ces métaphores frigorifiantes sur les soleils de minuits éclaboussant les déserts glacés de lumière froide me laisse thermo-sceptique. Le glaçon m’appert comme la moins recommandable des trois formes de l’eau. L’eau qui fut créée, rappelons-le, pour noyer un honnête pastis à raison de cinq volumes pour un, et non pas pour se pétrifier d’effroi au moindre caprice celsiusso-négatif.

Blague à part, le polème de l’Islandais (Sigurdur Palsson), “Ronde” est celui qui m’a le plus réchauffé. Une petite merveille à base de : je sais, je sais...




Je vous demande de vous déboréaliser...

Flashback, Dan Simmons

Oh, vilain farang, sens-tu  le souffle d’un nouveau monde passer sur ta nuque raide, socialiste et rétrograde ? Mords-toi les lèvres sale vermisseau bolchevique car voici venir des temps difficiles zé incertains; place au Califat Global, place à l'incinération nucléaire d’Israel, place à la République du Texas (je pouffe à peine) et place aux Ninjas des méchantes zeibatsus japonaises...
… dernière minute, à saisir, un lot de douze djihadistes kamikazes prêts à l’emploi ; je vous le conseille  pour mettre l’ambiance dans le métro, les bus, les centres commerciaux ; effets Terrrorrrisants garantis !
Oui, bienvenue dans le 2035 de Dan Simmons.  
On vous avait pourtant averti, non ? que cet Obama était un sale con socialo (en plus d’être un goy nègre), qu’il ne fallait pas voter pour lui, qu’il allait ruiner ce paradis de la liberté, cet exemple du droit international, ce parangon de justice que sont les USA, qu’il allait commencer à négocier avec les barbares qui nous asticotes sur les marches de l’empire, qu’il allait se retirer, laisser le champ libre à la vermine musulmane. Ce lâche, ce communiste a précipité notre Glorieuse Amérique dans la récession perpétuelle, voila le résultat, en 2035. Ouais les gars, bienvenue sur les ruines de la sécurité sociale, cette gueuse dévoreuse de budget ne profitant qu’à la clique des SDF de gauche ; Salops de pauvres ! Voila les coupables, faiblesse et socialisme (Obama en socialiste, je pouffe derechef). L’Etat est l’Ennemi.

Heureusement, dans le sud profond, l’esprit de Sarah Palin existe encore.  Derniers remparts des hommes libres : la République du Texas! Rien que ça ! Les métèques, les niacouets, les nègres et autres bronzés n’ont plus qu’à se tenir à carreau... Circulez les barbares !


Putain, Danny, mais qu’est-ce que t’as fait, là ?  Vous montez un club de cancres avec Dantec, ou quoi ? C’est le climat qui vous fait ça ? Quel dommage d’avoir laissé le côté obscur de la Force prendre le dessus; on n’en demandait pas tant, nous les dhimmis européens et capitulards. Nous on voulait juste que tu continues, avec ta maestria légendaire, à nous régaler de ton imagination, de ton style, de ton immense culture... de... de... pffff.
Immense culture ou pas, sache qu’entre mes cinq prières quotidiennes, le cul réglementairement  tourné à l’ouest, je ne perdrai plus de temps avec tes prochains bouquins ; oui, contrairement à ce que tu penses, il me reste encore le temps de lire entre deux prières, bien que, je ne te le cacherai pas, il soit très dur de faire régner l’ordre sous sa tente quand il s’agit de mater ses cinq femmes (légalement achetées) et la nombreuse marmaille afférente.

Moi qui te prenais pour un Unberto Eco américain, un Proust, un Arthur Miller.
Moi qui ai acheté plusieurs fois tes livres les plus célèbres, pour les offrir, pour partager, pour communier... Quelle déception !
Chuis anéanti de m'apercevoir que ta philosophie se résume à celle d’un tronc cérébral mit-romneyen, à la primarité d’un cerveau reptilien  teapartiste !

On ne m’y reprendra plus, je sais maintenant que le talent n’a rien à voir avec la beauté de l’âme qui l’a suscité.

Ah, tu m’excuseras Danny, c’est l’heure... Vite, mes babouches et mon tapis...

Allâhou Akbar...




Je demande à tous le yankee de se gohomiser...

samedi 14 juillet 2012

L’Entité 0247, Patrick Lee

Encore une conspiration des LDF - les Lutins Du Frigidaire... tu sais bien, ceux qui allument et éteignent la lumière, même que si t’es assez rapide pour ouvrir la portière du frigo, tu pourras peut-être en apercevoir un courir se réfugier derrière les yaourts à l’abricot. Attention cependant, ça porte malheur d’en attraper un.
Ouais, le LDF est sûrement très performant pour gérer l'électricité du frige, mais pour recommander des bons bouquins de SF, il vaut que dalle!  
Dommage, l’idée de la brèche sur “ailleurs” régurgitant des artefacts plus ou moins inquiétants est géniale et eût mérité d’être mieux servie.
Mais encore une fois, et je commence à penser que c’est la nouvelle mode de ce genre littéraire, c’est écrit pour le cinéma à gros budget. Le Greg Mandel de Hamilton est en train d'influencer tout une génération d’auteurs de SF. Problème, tous ces jeunes gens maîtrisent avec plus ou moins de bonheur les arcanes de leur art; n’est pas Hamilton qui veut, hélas.

Il y a une suite parait-il ; j’attendrai qu’on me la raconte...


Je vous demande de foutre la paix à vos LDF...

L’âme du chasseur, Deon Meyer

Retour dans la fascinante Afrique du Sud pour un périple échevelé sur les pistes poussiéreuses et surchauffées du veld. Cette fois, Deon Meyer nous embarque dans une “chevauchée fantastique” en compagnie d’un grand guerrier Xhosas, Thobela Mpayipheli, au guidon d’une BMW R 1150 GS avec tous les flics de la création au cul. Attends-toi à bouffer de la poussière et à morfler quelques bastos au passage, pauvre farang, car le Thobela a eu un passé tumultueux: ex barbouze de l’ANC, ex tueur du KGB, ex gros bras de la mafia Sud Africaine ; un sérieux client pour une visite guidée mouvementée.
Encore une fois, le Deon Meyer, en grand couturier du polar, nous donne à lire un texte au rythme métronomique ; une noria de saynètes qui s'emboîtent parfaitement pour former un déroulé - quasi hypnotique - de l’intrigue digne des praxinoscopes de nos aïeuls. Et toujours en trame de fond, l’histoire moderne de l’Afrique du Sud.
Bravo l’artiste !

De la haute couture romanesque au prix d’un livre de poche; faut pas hésiter!



Je vous demande de vous désafrikaaniser...

mercredi 11 juillet 2012

Vivons heureux en attendant la mort, Pierre Desproges

J’ai pourtant une grosse pile de polars d’avance et, va savoir pourquoi, en traînant devant ma bibliothèque, v’la t’y pas que je tombe sur ce Desproges affuré dans les années 80. C’était trop tentant, j’ai agi par réflexe, hop! Ils me font ça les bouquins de Desproges, ils exacerbent mon enfantine crapulitude naturelle. Mon pseudo larcin en pogne, je suis parti me réfugier dans ma cabane de pirate (au fond du jardin). Là, bien tranquille, j’ai ouvert le livre et  j’y ai plongé les doigts, je m’en suis barbouillé jusqu’aux yeux, je me suis régalé ; les coiffeurs, les escaliers trop raides, les femmes trop... bref, la vie, l’amour, la mort. Deux heures de pur bonheur.

Je ne peux résister au plaisir de partager avec toi, misérable farang, quelques petites citations piochées çà et là:


Sainte Thérèse:
Je veux quitter ce monde et fondre
            [en ton amour.
Emporte-moi, Seigneur, vers l’éternel
                      [séjour !
Le chauffeur de taxi:
Vous avez un itinéraire préféré ?
        R. P. Ricard, Thérèse qui rit.


Sale temps, les mouches pètent.
        Mao Tsé-tsé-toung


Madame Maria, il n’y a plus de lait et il faudrait changer la sciure du chat.
        Jean-Paul Sartre.


Je serais pas été plus avancé si j’aurais lu tous les livres
        Sergent-chef Pierre-Jean Lenoir, 18e R.I.T. Épinal

Non seulement Dieu n’existe pas, mais essayez de trouver un plombier pendant le week-end.
        Woody Allen.


Black is beautiful.
        Homère



Je Vous demande de le ressusciter...

lundi 9 juillet 2012

Je m’en vais, Jean Hechenoz

Oulala, le style Echenoz est vraiment très singulier (très agréable aussi). Il nous parle, nous interpelle, nous prend à témoin tout au long du récit, si bien qu’à la fin, on s’en fout de l’histoire, de l’intrigue. Non, ce qui est intéressant c’est la promiscuité qui s’installe entre le narrateur (le personnage principal, Ferrer) et le lecteur. T’as l’impression que c’est un copain qui te raconte, sur le mode de l'autodérision, une péripétie qui lui serait arrivée.
En fait, je ne sais pas bien si le style écrase l’histoire improbable qui nous est présentée ou si c’est le faible intérêt d’icelle qui exacerbe icelui.
Quant à la fin, elle est pratiquement sur le mode de l’écriture automatique, ne cherche pas à comprendre le pourquoi du comment ; un peu comme dans la vraie vie, finalement.
Bouquin paradoxal donc, délicieux voire jubilatoire à lire, mais laissant cependant la désagréable impression de passer à côté.


Je vous demande de vous dégoncourtiser...

dimanche 8 juillet 2012

Le cul des anges, Benjamin Legrand

Dans la séquence polar, après les frimas islandais d’Arnaldur Indridason, il fallait se réchauffer au soleil. On aurait pu trouver pire que les Alpes-maritimes, non?
Check :
Cannes, la Croisette, les mega-villas de la Californie, un réseau de disjonctés du pédo-snuff movie (les méchants, bien sûr), un tueur de la mafia russe trop émotif qui flashe sur la bombasse de sa cible (une partie des gentils), un groupe de rock en devenir (encore des gentils), des vieillards cacochymes et vindicatifs (toujours des gentils), des tueurs et des gardes du corps vraiment très cons, une paire de matafs de la sixième flotte US au mouillage dans la rade (un gentil, le black, et un méchant, le farang dégueulasse et galonné), une zonarde et son monstrueux clébard  en fils rouge. Course poursuite dans des cuirs de bagnoles qu’on ne pourra jamais se payer et petite escapade à Monaco. Et la fin épiphanique du vieux Lucien !  BLUM !

Un reproche, cependant, à l’encontre de cet excellent polar français: j’ai regretté de ne pas y croiser le bonson scalaire de Higgs; c’eût été complet, sinon de bon goût.


Je vous demande de vous inthenavytiser...

samedi 7 juillet 2012

Le moulin de Pologne, Jean Giono

Voilà un Giono étonnant, et tant pis si, comme moi, tu t’attendais à un truc du genre “Regain” ou “Le Hussard sur le toit”. Ce n’est pas du tout le style, c’est assez déroutant. Non, là nous avons à faire à la pathétique saga d’une riche famille de poissards, les Coste, arrivée tout droit d’un Mexique maudit dans cette petite ville de Haute-Provence (?) afin de se refaire la cerise. Bon, inutile de te préciser que ça va continuer à merder pour les Coste, une béchamel infernale jusqu’au bout. C’est l’histoire d’un sang mauvais, fatalitas...
Un personnage remarquable émerge cependant de cette tragi-comédie, le mystérieux narrateur, être médiocre et mesquin, mais point focal de l’histoire puisqu’il en est le truchement.


Je vous demande de vous démexicaniser...

vendredi 6 juillet 2012

Hypothermie, Arnaldur Indridason

Ah ! L’Islande, c’est chaque fois le choc des toponymes : les montagnes de Grimannsfell et Skalafell, la route de Vindashlid, le champ de lave de Kerlingarhraum, la dorsale d’Uxahryggir, les vallées de Kaldadalur et de Lundarreykdalur, sans parler du fjord de Borgarfjördur ou le lac Sandkluftavatn. Ça fait plus sérieux que le Mont Gerbier de Jonc ou les Gorges du Tarn ; c’est plus hypothermique.
Bon, nous sommes toujours à Reykjavik et, encore une fois, c’est l'inébranlable commissaire Erlendur qui s’y colle. Mais je ne t’en dévoilerai pas plus, petit farang,  si ce n’’est que c’est savoureux, avec une arrivée au finish! Il m’a même tiré une larme à la dernière page.
Le personnage du commissaire gagne encore en densité et même Eva, sa fille est devenue plus sympathique; je me souviens que dans “la Cité des Jarres” elle était infernale.

Arnaldur Indridason est un maitre du polar,
Arnaldur Indridason est notre ami.



Je vous demande de vous réchauffer...

mardi 3 juillet 2012

Ethique et infini, Emmanuel Levinas

Ce que veut dire Levinas dans cet essai, ben y vaudrait mieux que soit lui qui en parle!
Tu ne te rends pas compte, innocent farang, comment ça fait mal quand les phrases de ce livre te passent derrière les yeux et viennent percuter ta VWFA (Visual Word Form Area ). Et l’Autre sait si j’ai le VWFA blindé, depuis le temps. Bon, blindé ou pas, y m’a bien scorifié le ganglion cérébral le Manu avec son Ethique et infini. L’est pas commode le bougre et il n’est pas question que j’aille me ridiculiser à t’expliquer ce que j’ai cru en comprendre, hein? Chuis pas... Comment ? J’ai dit non ! N'insiste pas... je ne... mais c’est du chantage, ça !
Ok, ok...

Alors voilà, pour Lévinas, avant tout, avant l’être, avant l’agissant, il y a la morale (l’éthique, donc). C’est le modulateur qui m’empêche de nier “l’autre” et de lui tordre le cou dès que je le vois.
Littéralement, le visage (ou toutes parties “vulnérables”) de l’autre, cette ultime fragilité, me rend solidaire de lui. Je fabrique mon identité à l’aune de cette responsabilité qui m'échoie tout à trac. Je tolère l’autre, je supporte l’altérité qu’il m’impose car il se met à ma merci. Lévinas appelle cela : l’expérience du visage.
Heureusement, il dit aussi que  je n’ai aucune obligation d’être aimable avec ce visage, cet autre qui c’est brusquement imposé à mes sens, ou de rester son éventuel débiteur, non, je peux décider de l’ignorer, ou bien de lui faire du mal, ou même mieux, de lui piquer sa femme. Mais je l’aurai cependant choisi. Je subjective, donc je suis...

L’est pas con le Manu, hein?


Je vous demande de vous ontologiser...

lundi 2 juillet 2012

Mourir d’enfance, Alphonse Boudard

Pour bien entraver le parcours  légendaire de Monsieur Alphonse, faut avoir les clichetons d’un Simonin et d’un Fallet en tronche. Faut pas être resté coinçaresse dans la bouse du Gâtinais, c’est sézigue  qui le dit. Faut bien jaspiner l’argomuche du Paname des années trente pour suivre la situasse du lascar. L’était tube mais pas con, il s’est pas toujours gouré, il a préféré de Gaulle à Pétain au bon moment, morflé des bastos dans le derche aux côtés des Fabiens et des de Lattres en 45. Mais la guéguerre finie, la déconne et la truande ont continué... Forcement, ça a mal fini, trop gentil Phonphonse ; cellote réservée à l’auberge fresnoise. Placardisé.
Heureusement il a changé de plume, le stylo bille a remplacé la pince monseigneur et le voyou c’est métamorphosé non pas en cloporte mais en écrivain, pour notre plus grand bonheur.

Respect l’ancien, on ôtera notre galure la prochaine fois qu'on te croise.


Je vous demande de vous mitardiser