Quel
magnifique livre nous offre ici cette gente Marion. Quel boulot
remarquable sur le bagne de Cayenne ! On savait pour Papillon, pour
Dreyfus, l’île du diable, on avait réglementairement lu notre Albert
Londres: on en avait assez pour se fabriquer la petite historiographie,
pathétique et romanesque, de cette honte de la république française que
furent les colonies pénitentiaires. Bien sûr, tout le monde faisait
pareil et puis tout cela c’est de l’histoire ancienne, surtout vu
rétrospectivement d’une salle obscure post soixantuitarde; le bagne
repeint à grands coups de Steve McQueen et Dustin Hoffman. Un poil de
Victor Hugo, accessoirement une once de Zola, et hop, on en savait
suffisamment...
Là, mon cadet, on change de registre ! M. F. Godfroy démonte les
mécanismes de cette horlogerie infernale et en étale les moindres
rouages, là, sur la nappe cirée de la table de la salle à manger. De
1850 jusqu’à la fin de la guerre (1945) nous assistons à cent ans de
bagne français, de sa naissance à sa fin. L’univers de l’AP
(Administration Pénitentiaire) selon Kafka. Un siècle de “crimes contre
l’Humanité” à la gloire de la loi du Talion, de la pusillanimité
politique et de la gabegie d’une fin d’Empire.
C’est
précis, daté, structuré, commenté, fluide et donc très agréable à lire.
Une très belle larme de connaissance à laisser traîner bien en évidence
sur le bureau (ou sur un siège d’autobus).
Marion F. Godfroy est décidément notre amie,
merci.
Je vous demande de vous lepidoptériser...
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