Pages

mercredi 25 juillet 2012

Bagnards, Marion F. Godfroy

Quel magnifique livre nous offre ici cette gente Marion. Quel boulot remarquable sur le bagne de Cayenne ! On savait pour Papillon, pour Dreyfus, l’île du diable, on avait réglementairement lu notre Albert Londres: on en avait assez pour se fabriquer la petite historiographie, pathétique et romanesque, de cette honte de la république française que furent les colonies pénitentiaires. Bien sûr, tout le monde faisait pareil et puis tout cela c’est de l’histoire ancienne, surtout vu rétrospectivement d’une salle obscure post soixantuitarde; le bagne repeint à grands coups de Steve McQueen et Dustin Hoffman. Un poil de Victor Hugo, accessoirement une once de Zola, et hop, on en savait suffisamment...
Là, mon cadet,  on change de registre ! M. F. Godfroy démonte les mécanismes de cette horlogerie infernale et en étale les moindres rouages, là, sur la nappe cirée de la table de la salle à manger. De 1850 jusqu’à la fin de la guerre (1945) nous assistons à cent ans de bagne français, de sa naissance à sa fin. L’univers de l’AP (Administration Pénitentiaire) selon Kafka. Un siècle de “crimes contre l’Humanité” à la gloire de la loi du Talion, de la pusillanimité politique et de la gabegie d’une fin d’Empire.
C’est précis, daté, structuré, commenté, fluide et donc très agréable à lire. Une très belle larme de connaissance à laisser traîner bien en évidence sur le bureau (ou sur un siège d’autobus).

Marion F. Godfroy est décidément notre amie,
merci.


Je vous demande de vous lepidoptériser...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire