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mercredi 25 juillet 2012

L’Adversaire, Emmanuel Carrère

Bon, le Carrère, c’est comme une drogue : t’en a lu et t’es addicte, tant pis pour toi, on t’avais prévenu ; t’en as pas lu... ne commence pas ! Malheureux. Sinon, abandonne toutes espérances (sous-entendu “toi qui entre ici” (un peu comme Jean Moulin, finalement (ok, ok, je sors …))).
Qu’est-ce je disais ? Ouais, abandonne toutes espérances, farangus morbacus, car voici venu le temps non plus des rires et des chants, mais bien celui d’un mensonge monstrueux.
Dans son “Adversaire”, le Manu nous installe aux premières loges d’un malentendu de vingt ans. Mais si, souviens-toi, dans les années 90, ce mec qui se faisait passer pour un docteur (Jean-Claude Romand) et qui, finalement coincé par la durée incroyable de sa mystification, décide un beau matin de zigouiller tous les siens : femme, enfants, parents, chien et lui-même. Bon, le personnage est un peu veule, pusillanime et pétochard ; il va se rater (a-t-il sérieusement chercher à se supprimer, d’ailleurs? Pas sûr). Quoi qu’il en soit, on assiste incrédule à la trajectoire plongeante d’un véritable monstre. Le mensonge total de la vie de ce type s’auto-alimente comme une avalanche et engloutira tout sur son passage.

Le Carrère est nonobstant un peu maso ; quelle pulsion, quelle hésitation existentielle, quel “principa mecanica” peut-être, poussent-ils cet auteur génial à endosser les défroques douteuses des accidentés de la vie et à nous les rendre en pâture de façon si intelligente, voire rationnelle ? Hum ? Ne cultiverait-il pas une fascination malsaine à l’égard des monstres ? Ne serait-il pas un zélote du côté obscur ? Déjà, son K. Dick m’avait laissé vaguement psychotique, nauséeux de l’hypothalamus ; son Limonov m’a subjugué, j’ai failli prendre ma carte au PC dans la semaine suivant la prise, merde ; quant à cet Adversaire, il me donne des idées... J’ai bien envie de faire croire à tout le monde que je suis informaticien, tiens. Pis quand on sera bien certain du contraire (et ça ne va pas durer vingt ans de plusse), j’irai immoler le chat sur la place du Capitole, na !
- Pougne ? Où es-tu mon chat... viens voir papa... gniarg, gniarg, gniarg...


De fait, le Carrère est notre ami, mais on l’a déjà dit.


Je vous demande de vous camisoler...

1 commentaire:

  1. C'est exactement ça, c'est l'essence même de Carrère que tu as extraite, mon canard !

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