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samedi 2 février 2013

La Fin du courage, Cynthia Fleury

Hum, que c’était bien...

Quelle puissance et quel éblouissement cet essai de la belle Cynthia... heu, “Madame” Cynthia.

La fin du courage, donc.
Ça implique au préalable de maîtriser une solide et honnête définition du courage, non ? Et pis d’abord, à quelle aune le mesurer, le courage ; quelle incantation, quel mantra, quelle médication peut-être, sont-ils capables de le susciter, de le convoquer ou de le commander ? Hum ?
En outre, eût-il fallu que nous le possédassions jamais pour qu’à présent nous le perdissions. C’est vrai, quoi. L’avons-nous jamais eu, le courage ?

- Mais si, t’indignes-tu, farang-chabalesque, nous en avons du courage, car rappelle-toi qu’il faut s’en appuyer du sordidos, du darwinien, du convenu, de l’abrasif, et à longueur de journée...

- Certes, certes, pourrais-je te rétorquer, mais en a-t-on jamais assez du courage ? Ce n’est pas une sécrétion qui s’accumule le temps passant et dont tu peux disposer selon les circonstances, à bon escient (ben voyons!). Non, c’est bien plus tripal, carthartique ; c’est une résolution qui s’impose à chaud, dans l’instant, sans ruse ni calcul ; c’est le coup de fouet qui te fera franchir un point de non-retour, qui t’imposera de dire non ou d’être le seul à faire un pas en avant, ontologiquement nu mais cependant armé par cette audace... touiiiiiiiiiiiit...

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Putain, qu’est-ce qu’y c’est passé ?....

Brèfe, l’amie Cynthia Fleury elle te remet tout çà à plat, elle t’explique tout, c’est fluide, limpide, séduisant et finalement lumineux. Nonobstant, entention Galinette, faut s’accrocher, il faut une certaine concentration pour en goûter le miel, bien avoir révisé ton Jankélévitch et ton Hugo. Ceci dit, ça fait à peine deux cents pages, c’est très très envisageable, même pour une grosse feignasse comme toi.

Supporte ce distillat de la préface pour être totalement convaincu du talent de cette femme :


Une expérience de la temporalité, avons-nous dit ? Effectivement, être courageux reste la clé de l’espace-temps. La découverte de ses courbures. Le courage ou le nom moral de la théorie de la relativité. L’art de créer des trous de vers et de découvrir la singularité gravitationnelle. Une expérience de l’étrangeté avec soi-même ? Ou l’expérience de l’étrangeté de ce soi que l’on atteint si rarement ? C’est sans doute cela, le goût de la mort et du courage. C’est l’entrée dans la nuit. La nuit de notre vie qui voit défiler ses temps successifs. “ C’est le grand jour qui se fait vieux. [...] Je me regarde et je m’étonne. De ce voyageur inconnu.” Expérience de l’étrangeté et de la dissemblance. Dissemblance et semblance. Il s’agira bien d’être soi, dans l’entre-deux de la jeunesse et de la vieillesse, aux confins de l'absence d’âge, il s’agira bien d’être éternellement soi, un homme courageux. Un homme qui a le sens de l’éternité parce qu’il sait goûter la mort. Le courage ou l’absence de ruse. Le courage ou le rendez-vous avec la raison qui ne ruse plus. Elle s’adresse à nous, seule, nue dans sa rationalité insuffisante. Résolue enfin à la simplicité. Elle sait le parcours et ce qui reste à parcourir. Elle sait la vanité de ce chemin et pourtant l’unique concrétude qu’il forme. “ C’est long, vieillir, au bout du compte. [...] C’est long d’être un homme, une chose. “ Et qu’elle est longue, cette histoire qui n’est rien.
...

Hein ?... Hein ?...

Un essai à la croisée de la lucidité et de l’intelligence. Un éclairage aigu et indispensable de nos défauts mais surtout un vade-mecum sur la façon de reconquérir ces parcelles quotidiennes de courage qui font de nous des hommes debout.

Merci Cynthia !



Jankelevitch


Je vous demande d’avoir du courage... fuyez, pauvres fous...

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