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lundi 10 février 2014

Bartleby le scribe, Herman Melville

"Une pure figure du neutre" a dit Adèle van Reeth, l’autre matin sur France-Cul en parlant de ce bouquin. C’est beau, non ? C’est normal, il s’agit d’Adèle van Reeth, elle est phisolophe après tout, et elle en a plus oublié sur la question que t’en a jamais appris, pauvre farang-picard.

Tout le monde, ou presque, connaît l’histoire de Bartleby ; un employé aux écritures, récemment embauché dans une étude (de notaire ?) et dont l’employeur est parfaitement satisfait, du moins au début, va brusquement se mettre à refuser toutes les tâches qu’on lui demande avec la célèbre phrase : I would prefer not to, qu’on peu traduire par : je préférerais ne pas (le faire).

Évidemment, il ne s’agit pas d’un refus, on ne dit pas non au conditionnel, quand on dit non, c’est non !
Là, c’est plus subtil que le refus il s’agit plutôt de résistance.

- Faites ceci, Bartleby.
- Je préférerais pas.
- Faites cela, Bartleby.
- Je préférerais pas.
Etc.

Sans compter que cet animal de Bartleby commence à influencer ses collègues, qu’il squatte son bureau même la nuit. Bref, il devient un parfait poids mort.
Bien sûr tout cela finira très mal, mais l’aimable Melville crée avec ce personnage le premier Gandhi de la littérature, un homme dont la seule force est juste d’être là, d’occuper pacifiquement l’espace et le temps, et qui se consumera dans un comportement de passivité mortifère ; un résistant absolu au changement, doté d’une incompétence structurelle à participer à quelque mouvement brownien que ce soit. Il renonce à tout sauf à être là, figure d’une présence exsangue et dé-concernée, n’offrant plus aucune prise à ce que nous nommons la raison.

Ce texte de 1853 éveille obligatoirement toute une théorie d’échos plus contemporains voire très actuels comme la résistance passive de Gandhi, les seetings des indignés, les occupations d’usines, les nuits à l'hôtel du cul tourné, etc.
En fait cela concerne tous les individus, qu’ils aient lu Melville ou pas, qui sont capables d’assumer les conséquences de cette phrase : I would prefer not to 

Un pur exemple de la puissance de l’inertie, donc.

Et ce n’est pas fini car en dernière partie de cette petite gourmandise, comme la cerise sur le gâteau, disons, un (trop) bref résumé de la vie de Melville écrit par Jean-Philippe Jaworski… Oui mon cadet, Fifi him self !
Un truc à te donner une furieuse envie de lire une très bonne bio de l’ami Herman.

Bravo noble et aimable Jean-Phi’ip, cela dit j’espère que toutes ces activités connexes ne t’empêchent pas de te concentrer sur les onze “branches” restantes des Rois du Monde, hein ?  Nous trépignons…

Quoi qu’il en soit, merci à vous tous, Herman, Adèle, Jean-Phi, pour cette petite merveille.







Je vous demande de résister...

1 commentaire:

  1. Ma vieille Pougne, tu t'y entends comme pas deux pour donner à lire aux aveugles. Et ce que tu dis de Bartleby est d'une précision de mécanicien galagtique. Je t'embrasse sur la carène !

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