Aubrey-Maturin, t. 1
Nous parlions de l’inconduite du surmoi, dans un commentaire précédent, de cette brute égocentrique qui préside à nos envies…
Ça fait un moment qu’il préparait son coup, mon Jiminy Cricket à moi, car quoi ? Il y a au maximum deux ans que je n’ai pas relu du O’Brian… Allez, trois à tout casser ! Et je la sentais bien gigoter (ma brute freudienne) depuis quelques mois, à vérifier subrepticement (et par devers moi) si tous les Jack Aubrey avaient réintégré leur mouillage confortable, dans la bibliothèque familiale ; s’ils étaient disponibles, à nouveau prêts pour le service, disons. Je l’ai même surpris à vérifier sur internet s’il n’y avait pas moyens d’injecter sournoisement les fichiers électroniques idoines in the liseuse ! Te dire la mauvaiseté de nos Über-Ich ! Car moi, j’aime le papier, l’odeur des livres et même leur inconfort quand il s’agit d’ouvrages d’un seul tenant de plus de mille pages en papier bible. Mais elle, la brute indélicate, irrespectueuse et incivique qui me gouverne, elle s’en fiche bien de mes états d’âme janséno-communisses, elle s’esclaffe ultra libéralement en m’assénant des :
“Et tu ne préférais pas les manuscrits ? Les rouleaux en papyrus ?”.
Qu’est-ce que tu veux répondre à ça ? ... Jiminy Cricket me prend pour un horrible réactionnaire !
Et puis, et puis, c’est vrai, il y avait aussi cette aimable brise d’est, excellente pour un hunier à deux ris, qui soufflait sur la hanche de mon lobe cervical bâbord, comme la promesse d’une course circum-océanique… six mille pages d’embruns salés et de canonnades furieuses, vingt tomes de navigation à travers toutes les mers et tous les océans ; les heures de gloires de la marine à voile, une épiphanie de la guerre nautique vue par la lorgnette de la Royal-Navy durant les guerres Napoléoniennes.
1801, Minorque, Port Mahon : un méli-mélo de felouques, tartanes, chébecs, pinquets, polacres, houaris et barcalongas, ainsi que des chats, des morutiers, des harenguiers et bien sûr deux vaisseaux de lignes de soixante-quatorze pièces, un frégate de ving-huit et d’innombrables vedettes, chaloupes, cotres, yoles, youyous et même une galiote à bombes (que le poids de son énorme commissaire de bord maintenait à peine trois pouces au-dessus de l’eau) et surtout le sloop la Sophie. Cent cinquante tonneaux, quatorze pièces, quatre vingt neuf âmes, une plage arrière et une pompe en orme sur le gaillard d’avant.
Embarquons sur cet aimable deux-mâts car c’est une rude et noble aventure qui nous attend aux côtés de Jack Aubrey, de Stephen Maturin et, déjà, du noyau de marins qui suivront Jack la chance au fil des livres, d’un armement à l’autre (Pullings, Mowett, Killick, Bonden, etc.).
...
“ Aux drisses ! Aux cargues-points de hunier ! Aux balancines ! Amenez-la gaiement !
Allons, remuez-vous ! “
HMS_Sophie |
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