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samedi 16 novembre 2013

Les autos tamponneuses, Stéphane Hoffmann

Une ironie féroce mais désabusée dans ce portrait à charge contre les visages pâles de la haute. Tout y passe, la vie conjugale, la bourgeoisie puante, les petites villes de bretagne, le fric et la vulgarité des âmes racornies. Ça pourrait faire cliché si la plume de l’ami Stéphane n’était trempée au vitriol.

En parlant de clichés, en voici quelques uns qui te tiendront lieu de résumé, farang-tropézien : Bretagne, vieux couples, iode, amours inexistantes, champagne, extrême lucidité, paupiettes (Mmmm…), égoïsme, Rotary-club de campagne, bibliothèque perso avec vue sur l’ile aux moines… Une très grande indifférence et finalement une très grande solitude.

Si j’ai bien compris, les grands requins de la finance, outre qu’ils sont nuisibles tout au long de leur carrière, deviennent de sales cons aigris et inutiles quand ils prennent leur retraite. Tant mieux, y a une justice mes cadets ! Qu’ils s’étouffent ces enfoirés, que leurs idiotes d’épouses oisives leur pèlent le cul et la carte bleu, et que le diable les patafiole. 


Quant au style :  un pur régal !

Le champagne:
Nous nous taisons : entrée du champagne, vin de préludes et de victoires, vin de froides terres blanches, des vendanges vertes, des cuves cerclées, des caves profondes et des épais flacons ; vin qui ne voit le jour que dans nos verres, où il ne reste pas longtemps, ce qui lui suffit pourtant pour nous éclairer et parfois, nous illuminer.

La lecture :
Toujours, j’ai eu un livre sur moi. Un seul, que je lisais à mes moments perdus. Tous ces temps morts de la journée - où l’on attend un rendez-vous, une réponse, un taxi, que le garçon vienne prendre la commande, que le café refroidisse, ou qu’Hélène soit prête -, par lesquels la vie s’envole, eh bien, par les livres, ces temps morts étaient vifs et ces moments perdus gagnés.

Les nuits parisiennes :
Et Vincent se traîne de fête triste en fête lugubre, avec des chanteurs à bonnets de laine, des acteurs sans emploi transformés en comiques rebelles pour radio d’État, des écrivains à combines, des journalistes à combinés, des animateurs à nez comblés, tout ce monde dépenaillé, douteux, la bouche en coeur, le coeur sur la main, la main moite, la narine blanche, l’échine courbe, l’oeil en zigzag, tâchant de surnager dans une ville qui se prétend la plus spirituelle du monde…


Une écriture à fleuret moucheté, c’est vif et ça touche à chaque fois.
Une petite musique sur l’ennui, la vacuité, le non-désir et la vie molle et obligée. Une étude ethno-philosophique sur la tribu des farang-à-sang-froid qui n'eût pas dépareiller dans un film de Claude Chabrol ; je m’en lèche encore les doigts.

Merci à l’ami F. (et surtout merci à sa chère et tendre car, non, cher âme euskadienne, tu ne me feras jamais croire que c’est toi qui affures des livres pareils !). 


Nanar



 Je vous le demande : peut-on vivre sans fric ? ...

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