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lundi 25 novembre 2013

Cartographie des nuages, David Mitchell

Tu penses bien qu’un livre comme ça, entre les mains d’une âme simple (mais exaltée) comme la mienne, ne peut être que la manne pleuvant sur le Sinaï ; une goutte de miellat dans un monde de brute.
Sais-tu, farang-consumériste, toutes les saveurs que j’ai retrouvé dans ces sept cents pages, dans ce livre univers ?
Il y a l’ampleur circulaire du Radix d’Attanasio, il y a des accélérations dignes d'un Connelly, il y a du Crime et châtiment de Dostoïevski, il y a Le meilleur des mondes de Huxley, et puis il y a les parfums de L’autre de Borges, il y a bien sûr beaucoup de D'joan (la fille-chien des Seigneurs de l'Instrumentalité de Cordwainer Smith) dans le personnage de Sonmi-451… j’ai même soupçonné des infra-basses à la Houellebecq de La possibilité d’une Île et les pointillés rigoureux d’une folie douce à la Murakami…
En fait on n’en finirait plus de trouver dans cette fresque dystopique les échos d’autres glorieux explorateurs de l’âme et du temps, mais ce serait commettre une injustice à l’encontre de l’ami Mitchell car nous sommes face à un montage narratif complexe et finalement très singulier. Ce David Mitchell est décidément bon.

À travers cette répétition des moments et des êtres, à travers cette réflexion sur l’esclavage et sur la liberté, sur la ségrégation connexe à la couleur de la peau ou à un séquençage particulier du génome humain, par la possibilité de choisir de faire le bien ou le mal, cette odyssée de l’étant nous donne à voir et à goûter la fragilité des hommes, la fragilité de ses choix face à l'impitoyable indifférence de l’univers et elle consacre l’idée assez effrayante d’une continuité de l’âme ; on flirte avec la réincarnation dans son acception bouddhique.


Parole de Sonmi-451 :
Sur cette terre nos vies ne nous appartiennent pas, de la matrice à la tombe les hommes sont liés les uns aux autres, passés et présents, et par chaque crime et chaque bonne action nous formons notre avenir…


Parole de F@P :
Car on ne peut pas empêcher que tout change... et cependant, par delà les siècles, rien ne change jamais ; tout se répète en somme. Pour notre malheur et pour le court temps qui nous est imparti, nous sommes des animaux moraux et nous en payons le prix à chaque fois que nous osons dire Non !
(... je refuse de subir de pareils agissement criminels.)


Avec ce genre de bouquin y a pas trente-six solutions, ou tu te laisses faire et tu profites de la balade "Atomic Flash Deluxe", ou tu détestes “absolument” et tu resteras toute ta vie un petit homme aux chakras desséchés...



Bravo et merci à l’ami David Mitchell


Maître Yoyo



Car de voir le côté obscur difficile il est...

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