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lundi 11 novembre 2013

Le Pigeon, Patrick Süskind

Tout ce que touche Süskind se transforme en or.

Après Le Parfum, ce court roman nous plonge dans la journée catharsique de Jonathan Noël.


Jonathan Noël c’est l’anti Gregor Samsa de Kafka (La Métamorphose). Non, il ne se réveille pas un matin maquillé en cafard, au contraire, il a vécu comme un cafard pendant plus de quarante ans, et, le beau matin en question, en allant faire caca, cézigue tombe nez à nez avec un pigeon, sur le palier. C’est l’agent déclencheur qui va le précipiter dans les affres de son humanité oubliée. Ce pigeon n’a rien à foutre sur le palier de ses habitudes ; c’est la panique,  tout va dérailler, toute sa routine est atomisée, sa vie s'effondre en un collapsus qui dure exactement  vingt-quatre heures.
Ce type qui vivait entre parenthèses depuis près d’un demi-siècle retrouve des sensations qu’il ne connaissait plus. Il découvre l’inconfort de sa carcasse, de sa mémoire, l’inanité de son boulot et l'inexistence de ses relations aux autres. Il prend conscience de la vacuité de sa vie. Il va même frôler l’auto-destruction.


En fait ce pigeon est métaphorique, c’est son Jean-Baptiste et les terribles vingt-quatre heures qui suivent cette rencontre sont ses eaux du Jourdain. Jonathan Noël ressortira de cette épreuve entièrement lavé et peut-être aura-t-il désormais les outils pour découvrir et profiter de “la vie bonne” (dans son acception aristotélicienne). Mais cela, l’ami Patrick se garde bien de le préciser car le récit s’achève au moment ou Jonathan ose retourner chez lui, prêt à affronter le pigeon. Que fera-t-il ensuite ? Reprendra-t-il son train train, changera-t-il radicalement de vie ?...


Que feras-tu, farang-colombophage, quand tu croiseras ton pigeon ?



Si fait, l’ami Süskind est un maître de l’exploration de l’âme humaine, il n’a pas son pareil pour souligner l’étrangeté de nos vies.







Un bon pigeon est un pigeon mort… avec des petits pois autour !

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