Outch ! En 1913, ça démarre fort les retrouvailles familiales des Thibault autour du vieux en train de clamser ! Hé, c’est pas du petit plomb le patriarche : il agonise pendant presque cent cinquante pages ! C’était du coriace Maurrassien çà madame, du pur salaud made in Frankreich blanchi sous le harnais ; faut pas être sujet à la phobie des majuscules si tu veux ne serait-ce que papillonner dans le C.V. de cézigue sans finir aveugle !
… Docteur en droit, ancien député de l’Eure, Président honoraire du Comité des Oeuvres catholiques du Diocèse de Paris, Fondateur et Directeur de l'Oeuvre de préservation sociale, Président du Conseil d’administration de la Société protectrice de l’Enfance, ancien Trésorier de la Section française du Comité central de solidarité catholique, Membre correspondant de la Confrérie de Saint-Jean de Latran, Président du Conseil curial et membre actif des Associations pieuses de la paroisse de Saint-Thomas d’Aquin, etc. Pfff... sans compter les médailles et autres Légion d’honneur... Un putain de vrai bourge vieille France, en somme. Plus psychorigide, tu peux pas test. Et pourtant, là, pendant ces premières pages, le Roger Martin etc. continue à te manipuler, à jouer avec la morale, ton sens de l’éthique, à littéralement te happer par la soudaine crise d’existentialisme de ce vieux bigot vaniteux face à la souffrance extrême, à l’agonie et à la mort... le doute et le refus concluant une vie de certitudes et d’acceptations ; grandiose !
Et puis... et puis, il y a l’énorme deuxième partie : L’été 1914.
D’ailleurs,ça déborde du tome deux jusqu’à la moitié du tome trois ; tu vois le coup ? !
Une écriture toujours aussi élégante et acérée qui décortique le mois de juillet 1914 sous tous les angles possibles entraînant les quatre personnages principaux Jacques, Antoine, Jenny et Anne dans l’éternelle valse des tribulations fessières et, tout à leurs passions, ils sont bien peu à se douter du gouffre qui va bientôt s’ouvrir sous leurs pieds.
Je me répète, mais l’ami Bob a une plume toujours sur son trente-et-un, il écrit avec précision et fluidité ; une sorte de dentelle blanche réticulant le tempo d’un ample mouvement de houle. Ouais mon cadet, c’est élégant et surtout inexorable, car l'acuité et la pertinence déterminées par la proximité de l’évènement (1937), donnent à ce chef-d’oeuvre toutes légitimités à figurer en bonne place dans l'historiographie de la Grande Guerre.
Au fil des pages et des jours de ce funeste mois de juillet 1914, on s’achemine vers l’assassinat de Jaurès, la mobilisation générale à l’échelle d’un continent, et vers la pire boucherie jamais envisagée de mémoire de sapiens. Une petite clique de misérables va décider de l’assassinat de plusieurs millions de “pauvres couillons” !
En fait, en juillet 1914, le sort en est déjà jeté car depuis quelques années déjà, le destin de l’Europe est entre les mains des banquiers, des états-majors militaires et de leurs larbins politiques.
[Je sais, il ne faut jamais dire des trucs pareils, mais si tu veux mon avis de “pauvre couillon”, je propose que les von Berchtold, Viviani, Guillaume II, Samsonov, Asquith, Poincaré, et tous les Tsars de la création soient écorchés vifs par contumace, et encore ch’uis trop lévinassienne là ! … heu... condamnés à 1 € de dommages et intérêts, minimum ! ]
Crois-moi farang-analpha-bête, cet été 1914 là est magistralement disséqué par Roger Martin du Gard, c’est du référentiel ethnologique de première bourre, c’est bien mieux que bien...
Merci, Bob... je t’aime, bien que tu me coûtes quatre jours à chaque tome !
Volfoni-like |
Dis donc, t'essaierais pas de nous faire porter le chapeau, des fois? Faut le dire tout de suite, hein. Il faut dire: Monsieur Raoul vous avez buté Henri, vous avez buté les deux autres mecs ; vous avez peut être aussi buté le Mexicain, puis aussi l'archiduc d'Autriche!
(Tontons flingueurs, Blier, ceci-cela...)
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