L’Histoire de Pi, Yann Martel

Alors là, vois-tu, agnostique farang, très singulier le parcours qui m’a fait plonger dans ce folio junior.

Ok, c’est le film qui m’a d’abord pris au collet. C’est extrêmement rare que je me tape le film avant le bouquin. Ch’t’esplique : étant (entre-autre) un père trop faible et sous influence je cédais, il y a peu, aux criailleries outrées de Lady Gé (Maison Rooks).

- Père, croyez-m’en,  L’Histoire de Pi n’est pas qu’un conte de noël pour ma petite soeur (oui, elle est taquine avec Lady Cha, sa petite soeur), ne vous attendez pas aux mièvreries hollywoodiennes habituelles... c’est autre chose que Shrek... voyez ce film, Père, et patati et patata... 

Comme toujours, je me rendais à ses raisons. Je te l’ai dis, chuis faible.

…

Mes cadets !

Première remarque :

je viens de finir le livre et laisse-moi te dire qu’ils ont drôlement réussi le film !

Deuxième remarque :

Tu en conviendras, l’ami Yann est terriblement gonflé, oser nous refaire le coup des fables de Jean de La Fontaine et parfaitement réussir dans son entreprise... çà, ça force le respect !

J’en suis presque arrivé à admettre l’existence du tigre Richard Parker dans cette putain de chaloupe... et pourtant je ne suis qu’un horrible cartésien, crois-moi, mais il fallait bien trancher à la fin de cette histoire ; tout découle de ce choix, et il est métaphysiquement douloureux :  est-ce une hyène ou est-ce un cuistot français, dans la chaloupe ?

Que choisis-tu, l’histoire avec Richard Parker ou celle avec le cannibale ?

Autrement dit, Dieu existe-t-il, ou Dieu n’existe-t-il pas ?... 
Le Yann, malin qu'il est, laisse la question ouverte.

Pour ma part, je crains de n’être qu’un indécrottable athée radical et mon choix est fait :

- Je sais que vous avez tort si vous admettez la réalité du tigre dans ce naufrage car je sais bien que Dieu n’existe pas... 

(Hein ? Ok, ok, faut que j’soyeux plus honnête, je formule à nouveau)
 

- Je ne sais pas si vous avez tort d'admettre la réalité de ce tigre, mais j’ai bien peur que dieu n’existe pas...et je le regrette.

Là, c’est mieux ?

Ceci étant, c'était beau, pur et profondément empreint du sentiment de dieu ; ça m'a déstabiliser l'hémisphère gauche pendant quelques heures, merde ! Faut que je repasse au contrôle technique.

…

Il m’a donné le premier indice qui me ferait comprendre que les athées étaient des frères et des soeurs d’une foi différente, et que chaque mot qu’ils prononçaient parlait de foi. Tout comme moi, ils vont jusqu'où les mènent les jambes de la raison  -  puis ils sautent.

...

Merci au Khal Yann Martel pour cette petite merveille initiatique, merci à Ser Ang Lee (Maison Mormont), le réalisateur du film, et merci à la Kahleesi Lady Gé.

[ dernière minute : 
On est bien d’accord, L. G., Richard Parker n’était pas sur cette chaloupe ; répète après moi... Richard Parker = 3,14, le Père Noël n'exisse pas et les dieux non plus ! C'est une question de foi, de principe !]

Pougne, alias Richard Parker

Je vous demande de me croire, Richard Parker, c’est moi... Miaou...