Oui,
oui, je vois bien que tu fais la moue, encore de la polésie, penses-tu,
il commence à nous emmerder ce vieux con, ceci-cela...
Cretinus farangus
! Ne comprends-tu pas que la polésie nous est “naturelle” au même titre
que l’air ou le Muscadet (bien glace!), que chaque stance est un
segment de la réalité du monde, que chaque mot en cisèle les contours
avec la précision d’un Milan filoguidé, que chaque vers exhale la
couleur des sentiments, que ton aire de Broca entre en communion avec
ton tronc cérébral, que tu redeviens prime, vicéral, humide et salé ?
Mouais...
Bon,
trêve de conneries, “à part et passager” est un artefact assez
singulier à première vue ; pas de ponctuation mais des blancs, quand ce
ne sont pas de curieux décalages latéraux dans la mise en page de
certains vers ! Des textes noirs et ramassés, presque tapis au centre de
la page... brrrr, ça déstabilise un peu, au début, et puis curieusement
on s’y fait, on chope la respiration. Et de la respiration il en faut
car attention, le Jeannot il en a gros sur la patate, sa polésie est
baptisée avec du sang, des tripes et l’odeur de la cordite ; y règle ses
comptes au canon de 75 sézigue : la guerre, la mort, l’amour (mort), la
puanteur des mots et les multiples formes que peut prendre la
décomposition d’une Époque.
Solide guerre amère
où les dieux ont toujours froid
et les veuves
du sang d’enfant mort sur les joues
et les jeunes filles
du sang entre les cuisses
et les journaux rapaces une photo à prendre
de viscères fumants sous les flashs flingueurs
Flingueurs, page 90
Ch’t’avais prévenu, c’est sombre, dense et ça sent la charogne.
Ce Pérol se lit très noir, serré et sans sucre.
Je vous demande de déserter...
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