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vendredi 30 mai 2014

L’identité malheureuse, Alain Finkielkraut

Je t’avais averti, farang-nihiliste, il faut boire l’ami Finkie jusqu’au bout.
Après l'admirable “La défaite de la pensée” que nous relûmes il y a quinze jours pour nous mettre en jambes, voici donc l’ouvrage de toutes les polémiques de l’an deux mil treize du royaume de France, le sceau infâme flétrissant à jamais la chair scélérate de l’horrible néo-réactionnaire qu’est Alain Finkielkraut… bref, la meute hurle d’indignation, il s’agit de clouer Cassandre au pilori, si j’ai bien suivi.

Bien, à nous deux !
PLOUF

Première impression : l’eau est bonne, je suis toujours dans l’univers que j’aime et la similarité de certaines démonstrations, à trente piges d’écart, est frappante. En fait, j’ai rechaussé mon bon vieux Finkie comme de vieilles pantoufles confortables et je salue encore une fois cette vigie pointilleuse de notre démocratie, ce zélote de la laïcité, cet observateur de la lente agonie de l’école républicaine. Cependant, cette fois-ci on sent bien que le ton est plus inquiet, qu’il veut nous amener plus loin, que la barre est plus haute. Tout y passe et tout est bon pour ce contempteur de la déconstruction post-moderniste ; la famille, l’Europe, les femmes, la galanterie, les cailleras de banlieue, l’immigration, le romantisme, la sociologie, etc.
Tous les illustres anciens sont convoquer pour étayer sa thèse, d’Aristote à Renan, de Voltaire à Annah Arendt en passant par Kant et Pascal. Tout lui fait ventre pour démontrer de façon éloquente la démission de notre société en général et de l’éducation nationale en particulier face à la nécessité de consentir à une identité nationale “commune”.

En outre on apprendra avec stupéfaction que nous avons perdu notre aidos (pudeur, civilité, égard, modestie…) et que nous souffrons d’oikophobie (détestation de la maison natale). Ce bougre nous pousse dans nos derniers retranchements de pseudo-bobos quant aux conséquences de la disparition de cette fameuse identité nationale, voire européenne :
Le temps est venu pour l’Europe de n’être ni juive, ni grecque, ni romaine, ni moderne, ni rien. “Il n’y a pas d’être européen (Julien Benda 1933).
...

Finkie c’est aussi un style inimitable : Globalement considérés, ses bouquins sont toujours une démonstration qui fonctionne à partir d’un substrat scolastique étayé par des allers-retours entre thèse et antithèse sur le mode du dialogue :
Barrès contre les Lumières, Roger Caillois contredit Lévi-Strauss, Annah Arendt versus Alain Badiou, etc.

En bon pédagogue, il en revient toujours aux sources et juxtapose les points de vues divergents pour nous fabriquer une rhétorique violemment anti-posthumaniste, il rouleau-compresse la sociologie de Bourdieu & Co. ; il casse la gueule au politiquement correct, disons.
Un livre à la fois nostalgique et exalté qui pique aux entournures ; on en prend tous pour notre grade, personnellement (et à l'instar de Thierry Pech, je suppose) j'ai très mal encaissé les pages 124 et 125. Bref, il met un coup de pied dans la fourmilière des raisonnements obvies que nous ressassons à longueur de temps et, que l’on soit d’accord ou pas avec lui, force est de constater qu’une réflexion sur l’identité, qu'elle soit nationale ou ce que l'on voudra, ne doit pas obligatoirement être l'apanage des cuistres, des imbéciles ou des fascistes.


Un livre à lire absolument avant de la ramener connement et de hurler avec les loups.


Finkie n’est pas mon ami, c’est pour cela que je sais que Finkie reste mon ami.


Caillera du 2 - 2





Ziva, Finky, fé pa ta tepu... 6non on va niké ta rasss !

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