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mercredi 31 juillet 2013

Heris Serrano, Elizabeth Moon

Alors voilà, on est toujours à la plage (ah-ouh cha-cha-cha)... c’est “les vacances cong” ; on profite de la vacuité cérébrale induite par l’inanité de cette non occupation pour continuer à lire du light. Cela dit avec cette Heris Serrano, c’est plutôt de l’ultra-light ! Je m’en doutais un peu mais pas à ce point !
Ouais, la donzelle Elizabeth n’est pas une parfaite inconnue, tu te souviendras avec émotion, farang-pleurnichard, de son excellentissime  “La vitesse de l’obscurité”. À ce propos il me revient une controverse qui m’opposa au malotrus qui souriait bêtement en lisant ce titre : 

- Heu... c’est nulleux comme titre ça, La vitesse de l’obscurité, heu... c’est la lumière qui a une vitesse, pas l’obscurité... heu... nulleux !...

Il me fut assez délicat de lui laisser entendre que la vitesse de l’obscurité est forcement égale à c, soit 299 792 458 m/s... fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis... je te laisse reufléchir à ça.
- ...

Brèfe, juste pour dire que j’ai lu des trucs mieux de Dame Lisbeth et tant qu’on en est aux confidences, allons-y franchement !

Si tu n’es pas une jeune pré-adolescente oxy-dentale évite ce bouquin !
À la limite ça pourrait faire une série pour Gulli ;  le truc est nul, mais tu veux savoir ?...  j’ai apprécié ce mièvre-opéra, je me suis sentie redevenir une enfant. Mon âme pré-humaine (tu n’arriveras plus à me laisser accroire que les ados sont tout à fait humains...) a adoré ça... Hé, merde ! c’est l’été... souviens-toi : 

… amour... plage... baisers... coquillages, etc. (ah-ouh cha-cha-cha)...


Space cowgirl by retroroxi





Je vous demande de vous rendre...

lundi 29 juillet 2013

Double détente, Ian Rankin

Bon, l’ami Ian, on le connaît déjà bien, cependant, là faut oublier les enquêtes de l’inspecteur Rebus. C’est carrément le contraire, au début du moins car le Mike est un tueur à gage.
Hélas je ne peux rien te révéler ; la mécanique Ian Rankinienne  te mord les mollets jusqu’au bout et sache seulement que le Mike a la bougeotte et que tu vas pas mal voyager tout au long de ces cinq cent trente-deux pages.

Ça tombe plutôt bien, non ? c’est l’été... et quand tu vas à la plage, farang-individualiste, t'amènes bien un polar, non ?...  Ben là, c’est l’occas... Ah bon, t'amènes pas de bouquins à la plage, toi ? !...  T'amènes quoi alors ?...  des gonzesses ?... des vraies ?... Quelle horreureux ! Comment ?... et en plus vous chantez !...

C'est l'amour à la plage (ah-ouh cha-cha-cha)
Et mes yeux dans tes yeux (ah-ouh ah-ouh)
Baisers et coquillages (ah-ouh cha-cha-cha)
Entre toi et l'eau bleue (ah-ouh ah-ouh)
(Niagara)…




Pfffff !  Tu m’estermines, farang-ineffable...



les vertus du silence...




Je vous demande de rester double-détendu...


jeudi 25 juillet 2013

Le cheval impossible, Saki

Écoute, farang-miss thatcherrien, chuis très z'embêté sur ce coup là car j’ai toujours dit pis que pendre des quatrièmes de couverture... ceci-cela.
Alors vas-y, jette-moi des pierres... si, si, lapide-moi car j’ai beaucoup médit. Cette quatrième est tellement parfaite que je me vois contraint de t’en délivrer la substantifique moelle :

Saki (1870-1916)... double lignée : Wodehouse-Waugh et Kipling-Wilde (oui, oui, Oscar)... personnages prêts à tuer leur propre mère pour un mot d’esprit... cruel... sarcasme...
et ça finit par :
… il y a du cynisme et de la rage chez Saki.

T’as eu un résumé du résumé... tu paieras le double !

Comme il faut toujours que j’ai le dernier mot, j’ajouterais que voilà un solide misogyne pourfendeur de futilités qui écrit avec une plume trempée au bénitier de la méchanceté :
...

Les Beauwhistle ne sont pas nés dans la pourpre, vous savez, [...] Ils ont très bon coeur - jamais ils ne manqueraient un anniversaire. Je ne sais plus ce qu’il faisait, quelque chose dans le Cité. C’est de là que vient le patriotisme. Quant à elle, bah, ses robes sont fabriquées à Paris, mais elle les porte avec un fort accent britannique. Ce qui prouve bien son civisme. Elle a dû recevoir une éducation très stricte, car elle se donne un mal de chien pour bien faire ce qu’il ne faut pas. Cela de nos jours n’a d’ailleurs plus aucune importance, comme je le lui répète. Je connais des gens irréprochables qui sont reçus partout.
(Reginald on Worries)


Le rosbeef Saki est mon ami... il n’en reste plus une seule tranche ; j’ai tout bectaresse, j’ai léché le plat jusqu’à la quatrième ! Cela dit, le rosbeef Saki n’est quand même pas mon ami, c’est pour cela que l’appelle mon ami... tu te souviens ?


Tu peux bien te figurer que je n’en resterai pas là avec l’ami Reginald, m’est avis que la météo est à l’orage... va pas tarder à pleuvoir des gigabits de Saki depuis l’orbite basse.
(pourvu qu’il y en ait assez ! …)


Pierre-Paul Feyte (Brouuum !)




Hé, en bas, je vous demande de faire gaffe !
J’envoie du Saki...

mardi 23 juillet 2013

Une exécution ordinaire, Marc Dugain

Dis-moi, farang-pélagique, il est journalisse ou romancier le camarade  Marco ?
Souviens-toi que nous avions eu les mêmes doutes avec l'excellente Malédiction d’Edgar.

Romancier, c’est sûr, car en l'occurrence ce bouquin est trop bien écrit pour un journaleux pur jus, mais c’est tellement renseigné qu’on dirait qu’il a passé la soirée dernière à écouter les confidences d’un Poutine totalement beurré ! Peut-être et plus simplement qu’il est pote avec Depardieu et qu’il a des tuyaux de premieres mains premiers verres...

Ce texte est une merveille de construction :
Années 50 avec un Staline cacochyme en train de programmer sa xième et dernière purge tout en faisant soigner ses douleurs par une infirmière démagnétiseuse (! ?) - qui au passage va croiser le grand-père de Poutine puisque icelui (le grand-père... sois à c’qu’on te dit !) était le cuisinier de Staline - et dont le fils (de la magnétiseuse) Pavel, sera le père de Vania, une des victimes dans le naufrage du Koursk (classe Oscar) !

L’ami Marco nous saucissonne une fresque hyper-réaliste de la "slavitude" démarrant à la fin des années 50 et s’achevant au début des années 2000.
Le livre tourne autour de la catastrophe du K-141 (Kursk), mais ça tu ne le sais qu’à la moitié de l'ouvrage car ce noble Marco à le désir de te donner un contexte temporel ; après l'épisode de l'Ogre Rouge, on assiste, à peine étonné, à la lente ascension d’une future étoile du caguébé  (le kamarade Vladimir - le pote à Gégé... bon, ça va devenir chiant si faut que je t’esplique le béaba) dans la RDA des années 80.
Les vrais protagonistes obéissent à l’Histoire et sont facilement reconnaissables, ils sont le substrat, tout ce qu’on a déjà lu, vu, entendu ; ceux qui font le réel. Forcement, les personnages et autres situations secondaires, la dentelle romanesque qui continuera de mousser après que l’on ait gueulé “FICTION”, ne pouvaient pas surgir d’Alpha du Centaure... forcément. Ils sont au contraire extrêment pertinents, ils collent au tourbillon induit par les évènements ; certes, le Koursk s’appelle l’Oskar, mais il a quand même coulé ! Ok, l’officier survivant du compartiment arrière (Anton) n’était peut-être pas le meilleur pote de Pavel Sergueïevitche Altman, et Vania n’était peut-être pas le fils de Pavel et n’a peut-être pas tenté, après l’explosion de la torpille, de se sasser hors du sous-marin avec deux de ses camardes... il manque toujours trois corps nonobstant, dont celui de Vania... et ça c’est toujours la réalité en 2013.

Au passage, la description minutes par minutes du naufrage de l’Oskar (Koursk) est extraordinaire...

Quel talent il a ce Marco pour nous relater par le menu cette exécution ordinaire.
Alors je ne sais pas si sa thèse est la bonne, mais tout ça m’a l’air d’être très très plausible... le roman de l’ami Marco est de toutes les façons très très réussit...


Marc Dugain n’est pas mon ami, de fait je l’appelle mon ami...


V. V. P. à la chasse


Hé, Gérard, tu veux essayer ? Prends un flingue et pointe-toi...
Fais gaffe, ils courent en zigzag les salauds... sont assez dur à choper...

dimanche 21 juillet 2013

Petit traité de l’abandon, Alexandre Jollien

Quel ami formidable cet Alexandre.

J’aime sa simplicité et ses inquiétudes.
J’aime son discours courageux et désinhibé, son érudition, sa profonde humanité... il m’émeut ce con ! En fait je sais très bien qu’Alex n’est pas un con, c’est pour cela que je l’appelle un con.
J’aime ses pharmacopées distillées par petites bouffées intelligentes.
J’adore son côté lévinassien, cette détermination dans la bienveillance.

Comment ne pas aimer cet ami dans le bien ? Hein ? Ils ne sont pas si nombreux à allumer une petite lumière au sein de nos solitudes corticales. Lui a trouvé l’interrupteur.

Cependant et si j’osais cher Alexandre, j’ajouterais :


Je comprends moins ton incertitude sur dieu car de deux choses l’une, ou le barbu céleste exisse et le fumet de tes prières monte chatouiller ces divines narines, ou il n’exisse pas et quand tu pries depuis le fond du fond, dans la béatitude de ton coeur, ben tu pries l’homme que tu es, celui que tu nommes Frère Âne ; c’est du self care en somme... et pourquoi pas ! Tu illustres même mon propos dans le chapitre “La foi et la prière” par la phrase de St Augustin :
“Ne t’en va pas au-dehors, rentre en toi-même ; au coeur de la créature habite la vérité.”

Perso, j’opte plutôt pour l’aception mémétique de cette curieuse fantaisie qu’est le “sentiment du divin” et des religions qui l’incarnent, c’est de la génétique culturelle, ni plus, ni moins.

Plus simplement, chuis pas mûre pour la zénitude qui a l’heur de te seoir, j’ai encore besoin de gigoter vainement, de m’épuiser en combats abracadantestes,  j’ai toujours l’envie de fabriquer, d’avoir l’illusion d’avancer et de briser ce putain de mur qui barre l’horizon, bien que je ne sois pas dupe du changement de perspectives qui s’opère au cours d’une vie d’homme ; l’horizontal se mue en vertical et seul un impact mortel nous attend en bas...
Je ne veux pas m'asseoir, je ne veux pas m’abandonner... j’ai trop peur qu’une flopée d’oiseaux noirs me cache le ciel bleu, tant qu’il est bleu...

Quoi qu’il en soit, merci pour cette admirable leçon de positivisme sinon radical, du moins convaincu. À lire absolument et c’est pour tout public.


Je t’aime Alex, tu es mon ami bien que je n’oublie pas qu’Alex n’est pas mon ami ; c’est pour cela que je l’appelle mon ami...

Laurel & Hardy- Way out West



- Dis-moi, Hardy... cet Alex, finalement, c’est notre ami ou pas ?

- Pffff, des fois, tu me fatigues, Laurel...

samedi 20 juillet 2013

Le piège, Emmanuel Bove

Sainte Mère, quelle angoisse ce piège !
Mais c’est kafkaïen !

D’entrée, tu sens bien que le gars Joseph Bridet (Joseph K. ?) ne fera que courir toujours plus vite vers le gouffre.
Ouais, c’est un personnage vibrant d’emblée sur un mode “électron libre”, et rappelle-toi, farang-pétainisse, que c’était pas cool de se proclamer gaullisse dans le vichy de 1940.

Ce pauvre Bridet est aussi désarmé et désarmant que sa femme Yolande, ce sont des personnages décalés qui éclairent le contexte de cette époque par leurs faiblesses, une sorte de mise en abysme de l’innocence sur l’aliénation ; autrement dit quand l’idée qu’on se fait du réel est en totale inadéquation avec ce dernier. 

Joseph Bridet est une sorte d’archétype du Grand con avec une chaussure verte, c’est le Pierre Richard de l’occupe avec la loose du Joseph K. de Kafka. On assiste alors impuissant à une agrégation d’erreurs de jugement et de maladresses fatales et qui finissent par te coller une boule à l’estomac, tu serres les fesses, tu gigotes ; t’es pas serein. 
Pas paisible du tout comme lecture !
Ce con de Bridet court tête baissée vers le lacs qui va l’étouffer : ministères, kommandantur, établissement pénitencier, camps... puis collé contre un mur à l’aube d’un petit matin gris avec une fournée d’otages.
Cela dit tout n’est pas perdu, il reste tout de même une petit phrase gravée sur une pierre :


Joseph Bridet (1908-1941), mort pour la France.


Sauf que la France elle s’en foutait...


De l’art et la manière de ce faire écrabouiller par un artefact culturel infernal : une machinerie administrative...


Les Temps Modernes, Charlie Chaplin




... ou de l'inconvénient à être un grain de sable ...

jeudi 18 juillet 2013

Le fusil de chasse, Yasushi Inoué

Je ne connaissais pas le papa de ce fusil de chasse, mais il nous livre là une petite merveille de finesse et d’intelligence ; c’est japonais ancienne école, façon Tanizaki. Un vrai régal tout en délicatesse sur les turpitudes fessières d’un certain Josuke Misugi.


Trois lettres de derrière les décors lui sont adressées par trois femmes différentes.

Une lettre de Shoko, la fille de sa maîtresse, une lettre de son épouse Midori et une lettre de Saïko, sa maîtresse (non, ce n'est pas sa montre, connard !).

En moins de cent pages et par le truchement de ces trois lettres l’ami Yasushi nous dissèque la vie sentimentale d’un homme à l’automne d'icelle. Les glorieuses responsabilités que l’on devine ayant été les siennes au cours de sa carrière ne le préparèrent cependant pas à cette avalanche de révélations épistolaires.
La valse éternelle des mensonges, de l’amour et du pognon...


Une étude de mœurs au scalpel pour cette japonaiserie amère sur l’amour à trois.


C’était parfait et encore merci à Nounours, l’éternel et indispensable camarade libraire qui m’a refilé cette fantaisie dans la pogne, dimanche matin au marché de St Aubin.
Cher ami, que deviendrais-je sans toi ? ...



日本のウサギ



Je vous demande de poser ce flingue, vous voyez bien qu’on est occupé, là ! ...






mercredi 17 juillet 2013

L’homme chauve-souris, Jo Nesbø

Alors, si maintenant un “Ø” dans le blase d’un mec n’est plus un critère de fraîcheur et d’aurores boréales, ben, là, j’renonce... j’fais mon Alexandre Jollien : je m’abandonne.

Merde, moi qui voulais t’emmener bringuer en Norvège, histoire de subir une petite cryothérapie à base d’alcools forts et de cadavres surgelés, ben c’est raté  ; cap au sud et direction l’Australie, farang-voyageur.
Mais allez, reste, vaï ! Le crocrodile mangeur d’homme et le grand blanc (également mangeur d’homme), ça peut avoir son charme...

Bon, là-bas, chez les Wallabies,  il y a une grande blondasse norvégienne qui a eu le mauvais goût de croiser la trajectoire d’un tueur en série. Du coup, on comprend mieux l’histoire du ø, hein ?

- Évideument grand couillon, que je suis bête, pécaïre. Et c’est pourre ça que les ingénieures de Paris, là, les gars qui font les livres, et bé, té, y zont eu besoin d’un auteureux norvégien, té, pardi... Tu voulais quand même pas qu’ils laissent faire des... des... des zaborigènes, quand même, non ? ! Et pis, qu’est-ce qu’ils z’y connaîssent, là-bas, aux norvégiennes, les zaustralopithèques, hein ? Tu peux me le dire ? Non, non... si tu veux mon idée,  y zont eu raison de demander à ce mossieur Jo Nesbø d’écrire le livre... Comment tu comprends pas ? Mais vous zêtes tous pareilles alors, les farangueux-lyonnais, vous voyez pas les zévidences, hé ? On te dit que c’est une norvégienne qui c’est faite escagasser et que... Oh, pis, té, tu me fatigues tu sais ?... Bon, aloreux, tu joues ? ... et oui couillon, c’est à toi ; alors qu’est-ce que tu fais ? Eux, y coupent à coeureux... Hé ? (Indigné) non, je l’ai pas dit !
Pouf, pouf.

Tu l’auras compris, c’est l’inspecteur norvégien Harry Hole qui s’y colle, à cause du Ø... mais bordel de dieu, faut-il que tous les flicards de polar soient des putains d’ivrognes ? Mais c’est un monde ça, ma’am’ Jansen !
J’le connaissais pas, le gars Harry mais j’l’ai vite calculé. Au début, y picolle pos, alors y patauge un peu, pis après il recommence à se cuiter méchamment, et là tout glisse mieux... crois-moi, le flicard norvégien c’est bouillant dehors mais glacé dedans... gaffe aux dents !




Raimu dundee



Ah, s’y te plait, ne m'interromps pas...

Je te répète que là-bas, les crocrodiles y z’ont des dents longues commeux ça...

mardi 16 juillet 2013

Jacqueline de Romilly raconte L’Oretsie d’Eschyle, J. de R.

En preums, mille merci à dame Jacqueline car sans cette excellente sous-couche d’Orestie, ben le gars Eschyle passait à la trappe.

Ouais, si comme moi tu es très peu versé dans l’hellénomantie et que tu as estimé suffisant d’en rester à l’Iliade et l’Odysée, il n’est pas inhumain d’avouer qu’Agamemnon nous a ravagé the gésier, et ce, dès la première demi-heure du match.
Piteux qu’on été, hein, farangus-anonymus ?

Le bol qu’on a eu d’affurer ce Jacqueline de Romilly raconte L’Oretsie d’Eschyle.
Elle t’esplique tout, dame Jackie, elle te prend par la main et te fait visiter tout le zoo Olympique.
...
-Y sont gentils, tu vois... là, celui qui fait la sieste au soleil, c’est Zeus, mais chut, ne le réveillons pas car j’ai oublié mon parapluie... ici, celui qui baille et qui s’étire, c’est Apollon ; non, ne le touchez pas, il mord... Attention, n’approche pas de cette cage car les Érinyes n’ont pas encore mangé... Bouchez-vous le nez les enfants, nous allons traverser le parc des Atrides... etc.

Attention, elle ne t’assène pas une doctrine, non, elle te montre juste les pistes, les connexions qui relient les personnages, les situations et les Dieux ; elle pose un contexte sur la toile ; après, à toi le pinceau.

Le bouquin est court, intelligent (jamais chiant), extrêmement clair et finalement tu auras les clefs qui vont te permettre de découvrir plus sereinement ces trois pièces, de les interpréter depuis ici et maintenant et d'en comprendre le moteur : la violence, et, finalement, ce qu’il est judicieux d’en retenir : Il faut que Justice soit donnée afin qu’un cycle de violence puisse cesser...


Encore merci à vous deux, Chychyle et Jackie.


(Bon, là, un bon polar, bien frais, bien norvégien... pour digérer, décompresser... ça te dis ? Allez, viens, j’t’invite...)




Les Zablettes...

Je vous demande cependant d’accepter le fait que : 

Jackie s'en fout carrément
Jackie est forte à présent
Jackie risque tout pour du vent
Pour du vent...

L’Orestie, Eschyle

Alors là, farang suspicieux, tu te demandes ce qui m’a pris, non ?
Ben, moi aussi... 

Peut-être que Les Thibault de Roger Martin du Gard m’ont-ils ouvert un appétit démesuré ou plus sûrement m’ont-ils laissé en manque. En manque de grands textes, de référentiels sinon bondissants, du moins incontestables... une sorte d’exaltation post-lecturoïdale, disons. 

Nonobstant, peut-être ai-je été un tantinet trop gourmand, car n’écoutant que mon juvénile enthousiasme, je me suis jeté sur cette Orestie, persuadé que je trouverai l’explication du pourquoi du comment du Grand Tout en épousant au plus près les circonvolutions putassières de la famille des Atrides.

Donc je me suis jeté dedans.
Plouf !
Putain, elle était froide !
Tétanisation... esquisse de soubresauts... noyade !


Voila, en gros con que je suis, j’ai pour religion de ne pas lire les préfaces, les introductions et autres quatrièmes de couverture. J’ai peur de perdre mon temps ou d’être trop influencé ; et je suis un triste sire !
J’ai déboulé tout puceau à la page 109 : Agamemnon.

... quand même résisté jusqu’à la page 147, au moment où :


LE CORYPHÉE
La fermeté bien confirmée d’un tel serment,
quel remède apporterait-elle ? Je t’admire,
toi nourrie au-delà des flots dans une langue étrangère :
chacun de tes mots a porté comme si tu avais tout vu.


… avant d’abdiquer tellement j’étais de plus en plus largué.
Que faire ? Renoncer ? Faire le capitulard ? Rien dire à personne ?...
Et bien non ! Prenant mon foutrage à deux reins, je me suis insurgé et je suis allé siffler là-haut sur la colline. Résultat, de fil en wiki : Jacqueline de Romilly dans “Jacqueline de Romilly raconte L’Orestie d’Eschyle”.
[Je vais t’en faire l’article très prochainement car pardon, elle t’en explique un rayon et c’est extrêmement consubstantiel à ce qui nous préoccupe présentement, c’en est même transsubstantiationnel si tu veux mon avis catholique, apostolique et roumain...]

Et après, je me suis épaté à allègrement finir mon Agamemnon, mes Choéphores, puis à me régaler avec les Euménides... Chères Bienveillantes...

Faut dire aussi que les Atrides c’est pas la famille de môssieur tout le monde, non, c’est plutôt tuyaux de poêle et compagnie, tendance Borgias, si tu vois ; meurtres et incestes à tous les étages sans compter sur la pléthore de Dieux tous plus vicieux les uns que les autres qui se mêlent d’un peu trop près de la tambouille des hominidés d’il y a 2500 ans.

Bon, que je t’affranchisse :
Tu te souviens, farang-hélénophobe, qu’Agamemnon et son frangin Menelas étaient à la tête d’un gang de Harley (le Spartak d’Argos, je crois) et que ces couillons se sont fait soulever la belle Hélène par le freluquet Pâris, lui même membre d’un chapter concurrent : l’Olympic de Troie. Rappelle-toi qu’il leur en faut moins à nos bilkers pré-jésuschristiens pour choper les nerfs. Les deux compères sifflent leurs potes et voila toutes la clique des Ulysse, Ajax, Diomède and Co qui enfourchent leurs putains de bécanes et qui vont planter leurs tentes aux pieds des murailles de Troie. Là, baston générale pendant dix piges ! Mais j’t’apprends plus rien si tu as lu ton Homère ( fils de Simpsons ?). Une guerre pour l’honneur en somme... ben, dis que j’me goure ! Comment ? T’invites un pote chez toi, t’as tous les égards, tu lui fais essayer ta Harley, y sniffe ta coke, bois ton gin, fume ta beu, dégueule sur tes tapis et au moment de se casser cézigue te chourave ta meuf ? ! Avoue qu’elle est raide celle-là, non ? ! On en a connu qui se sont fâchés pour moins que çà. Tu comprends maintenant pourquoi le père Ménélas était furax. Brèfe, après cette tafiolade infernale, Ménélasse a posé sa main sur l’épaule de son frérot Agamemnon et l’a regardé droit dans les yeux :

- Aga (ouais, il l’appelait Aga), t’as vu comment ce fils de pute de Pârisseux a levé Mon Hélèneux ? Çà, on peut pas test, té, peuchère ! Cours chercher Fifi, Loulou et Riri et allons foutre une branlée à ces enculés de métèques, de juifs errants et de pâtres grecs... En selle les gars !  Vroouuum... roaaa... etc. On connaît la suite.


Voila pour la situasse (en gros, quoi).


L’ami Eschyle (si, c’est mon ami aussi) intervient donc à ce moment là, dix piges après le départ d’Agamemnon et de ses Sons de l’Anarchy et écrit la première de ces trois pièces qui composent l’Orestie:


Agamemnon.


Donc, quand le mâle alpha Aga se repointe “at home”, sache qu’il est attendu le lascar. Faut dire que sa gonzesse, Clytemnestre, l’a un peu à la caille car avant de partir zà la guerre, se connard a sacrifié sa fille Iphigénie à ESSO, le dieu des “on the road again”. Qui plus outre, mémère Clytemnestre s’est pris un amant (Égisthe) dans l'intervalle... te dire si elle est joice quand il rapplique le pacha ! La garce va n’avoir de cesse de fomenter, d’ourdir et de manoeuvrer pour arriver à lui niquer sa race à l’époux maudit et infanticide; elle le coince finalement sous couvert de boniments et le pique sévèrement... Tschac ! Tschac ! Saigné comme un goret... y claque ! Tant mieux, j’l’aimais pas non plus, Aga... j’ai pas pleuré !

Évidement, c’eût tété trop simple d’en rester là ; deuxième mouvement :

Les Choéphores.

Ouais, tout ça c’était sans compter sur Oreste qui est le fils d’Agamemnon et de Clytemnestre.
Calcule pas, çui-là est du côté de son vieux, et ce fils de… heu... cet enfant de salaud, disons,
va venger son père en trucidant sa vieille, ce bâtard... c’est bien un gros con de mâle, tiens !
Du coup il se chope les Érinyes sur les endosses car figure-toi qu’il existe déjà une police intergalactique à l’époque :  les Érinyes. Une sorte de club de gonzesses façon petits juges rouges qui ont l’oreille des Dieux et qui sont teigneuses comme des journalistes de Médiapart. Celles-là, quand elles t’ont flashé, t’es sûr que la prune va atterrir dans ta boîte aux lettres. Elles ne ratent personne ; t’as déconné, t’as tué ta daronne : elles vont te marave... tu peux pas test là non plus !  T’es mal barré car les Érinyes c’est comme les morbacs, ça te lâche plus...
Donc, la malédiction des Atrides va continuer... cette spirale de violence familiale ne finira jamais, que tu te penses dans ton neurone de juilletiste...

Heureusement, heureusement il y a la troisième partie :

Les Euménides. (en fait c'est les Érinyes en mode civilisé V2.0)

Ici, et il était temps, Apollon va calmer le jeux, va amadouer les journalistes de Médiapart, leur expliquer que l’Oreste, finalement, il est plus con que méchant, que ça sert à rien de s’acharner sur des Boudu et que si elles veulent vraiment se la donner en ce moment, ben elles zont des Tapie, des nains, des Juniac et des Karachi-gate qui n’attendent que leurs bons offices et que c’est promis, le gars Oreste ne montrera plus son zizi à la sortie des zécoles.
Et je persiste à croire qu’il a raison cet Apollon, car à ‘ment donné, la vendetta, faut qu’elle s’arrête. Alors que ce soit Apollon, Les Bienveillantes ou Boris Cyrulnik, place à la rédemption, à la reconstruction, à la résilience et que cesse la malédiction des Atrides. Oreste est jugé, lavé de ses péchés et libre devant les Dieux et les hommes, et merci à l’aéropage... 
Ça s'appelle la Justice.


Brèfe, y zétaient bien cools ces Sons of Eschyle... à part la boîte à vitesses de la Peugeot 504, j’vois pas ce qu’on aurait inventé de mieux depuis, hein ?


[ j’ai un peu déconné là, non ? Mais sans dec, c’est pas si loin pourtant... cela dit, faut quand même que j'arrête l'EPO.]




Erinyes: Winter by Ivy Izzard





Putain ! Tu vas payer !...