Pages

dimanche 31 mai 2015

Lettre aux escrocs de l’islamo-phobie qui font le jeu des racistes, Charb

Farang-iscariote, tu le sais, jusqu’au mois de janvier dernier, Charb et sa clique n’étaient que des visiteurs du mercredi, au même titre que les G.O. du Palmipède Enchaîné, ou comme autrefois le furent les Choron et autres barjots de Hara-Kiri et la tribu hétéroclite Jean-Hedernalienne de L’Idiot international. Son assassinat le propulse désormais au rang des icônes intouchables. De son vivant il a été taxé d’islamophobe, de papophage, de provocateur, d’intolérant et de sectaire ; maintenant qu’un sale connard l’a flingué,  je suppose qu’on va lui faire subir les derniers outrages d’une béatification… Saint Charb, ça va avoir de la gueule, non ?
Putain de Dieu, quelle ignominie !
Comment en est-on arrivé là ?
Pourquoi a-t-il fallu que Charb se justifie avec ce dernier livre ?
Qu’est-ce qui a mal tourné depuis l’époque de Hara-kiri où la pire des peines pour un journaliste-caricaturiste était de se voir censuré ?
Par quel truchement, quel réflexe sociétal, la censure c’est-elle transformée en mise à mort de l'impénitent ?
Mise à mort du contradicteur, du blasphémateur, de l’autre, de l’impur, de l’irrespectueux d’un dogme religieux quelconque.

J’ai bien plusieurs idées qui me viennent au neurone, comm’ ça, tout de suite, mais en dernière analyse, je pense que les Charb, Riss, Cabus et les autres ont été victimes de la défection générale de leurs camarades journalistes ; je ne parle pas des formidables faux-culs de la presse anglo-saxonne, qui sous couvert de neutralité et d’objectivité se couchent devant les lobbies religieux, en sont même les zélotes - on n’a pas vu un seul dessin non flouté - non, je ne parle pas que de ces imbéciles suiveurs d’opinion qui,  en plus d’être des lâches sont décidément de véritables cons, mais quid des collègues journalistes et écrivains français ?  Pourquoi Todd nous fait-il caca dessus ? Pourquoi ne sont-ils pas tous des Charlie ? Qu’est-ce qui peut animer et lier la mauvaiseté d’un Dieudonné et d’un contempteur de Caroline Fourest ?
Tout ça me possède et me patafiole !

Mais laissons une dernière fois la parole à Charb dans ces trois distillats :

Avoir peur de l'islam est sans doute crétin, absurde et plein d'autres choses encore, mais ce n'est pas un délit, ajoute-t-il avant de conclure: Le problème, ce n'est ni le Coran ni la Bible, romans soporifiques, incohérents et mal écrits, mais le fidèle qui lit le Coran ou la Bible comme on lit la notice de montage d'une étagère Ikea.
...

Si, au contraire de l’existence de Dieu, il est difficile de nier celle de Marx, de Lénine ou de Georges Marchais, ce n’est pas blasphémer, se montrer raciste ni communistophobe que de douter de la validité de leurs écrits ou de leurs discours. En France, une religion n’est pas autre chose qu’un ensemble de textes, de traditions et de coutumes parfaitement critiquables. Affubler Marx d’un nez de clown n’est ni plus ni moins outrageant et scandaleux qu’affubler Mahomet du même pif.
Dieu est assez grand pour se défendre tout seul

Les catholiques intégristes, mais aussi d’autres, réputés plus modérés, ruminent depuis 1905 l’adoption de la loi de séparation des Églises et de l’État et rêvent d’une revanche. Ce qu’une jurisprudence accorderait aux musulmans, elle l’accorderait également aux autres croyants.

Merci à l'ami Charb pour cette mise au point et merci à l’ami  Steph de faire circuler ce livre.
Vous êtes tous deux également aimables… et c'est donc pour cela que nous vous aimons. 







Je suis toujours Charlie...

jeudi 28 mai 2015

Blasphémateur ! Waleed Al-Husseini

«Les prisons d’Allah» en sous-titre.

Tout est dit.
Il a pas eu beau spiele l’ami Waleed, de se découvrir athée en ce remarquable pays qu’est la Cisjordanie des années 2000-2010. 
Non, c’est pas tout à fait le scénar que t’avais imaginé, farang-situationniste, et ce mécréant en met un coup dans la sacro-sainte image du palestinien, vu d’ici et maintenant.  
Et moi qui croyais que c’était les colons sionistes les uniques salauds de ce coin ! Comment veux-tu que le gentil palestinien soit mauvais ? C’est l’opprimé, le spolié, le cocu magnifique, le perdant ; y peut pas être mauvais, c’est une victime, non ?
Ben, il a suffit qu’un soir de beuverie le jeune Waleed déclare sottement à ses camardes de classe qu’il était athée pour immédiatement goûter à l’amertume absolue de vivre dans une contrée ou Religion fait loi. Bienvenue au moyen-âge V2.0 ! 

Heureusement l'infâme apostat Waleed a de la suite dans les processeurs, il va résister, se débattre, gigoter et, par rézo-social interposé, il va profiter de ses études en informatique pour foutre une merde monstre dans tout l’islamia-landerneau ; les pages de ses blogs vont hystériser une foultitude d’âmes simples, des gens qui viscéralement ne supporte pas de vivre dans un monde où les femmes n’iraient pas automatiquement en Enfer, par exemple.  
Ce jeune mec était gonflé, se mettre à détricoter le coran et les hadiths, sur le net, en soulignant toutes les incohérences et les conneries préhistoriques qui les truffent.  Chapeau l’artiste, vu les conditions… Faut bien se figurer qu’il était au milieu de la meute !

Grâce à Dieu, il s’est fait gauler cet hérésiarque, ce blasphémateur !
Et rappelle-toi qu’il a morflé le môme ; du moyen âge il a directement plongé dans Kafka. L’autorité palestinienne est laïque, soit, c’est écrit, mais faut savoir lire entre les lignes de la notice officielle de montage : d’abord t’es musulman, après, s’il reste un peu de place, tu peux éventuellement être laïque, mais à voix basse, hein ? Et franchement, il vaut même mieux que tu gardes tout ça pour toi, en ton for intérieur… Sinon c’est la zonzon dans le meilleur des cas, et puis imagine la vie de ta famille dès lors que tu seras convaincu d’être à la solde des forces judo-christiano-maçoniques occidentales qui, chacun le sait, grâce à Dieu, fomentent et ourdissent continuellement des complots en vue de précipiter l'hégémonie de Superman et du Père-noël ! Gaffe cependant, les zonzons en questions sont pleines de tourmenteurs ; tu vas en chier un max, et tu seras la honte de ton pays, de ta ville, de ton quartier, de ta famille et de tes amis. Pas Glop, pas Glop... faut pas trop déconner avec Allah, y a plein de “Kouli-balo” (est un salaud)” qui veillent au grain um die weite Welt.

Ouais, je te le disais, pas beau spiele pour le Walidounet tant qu’il a traîné ses guêtres en terre sacrée de Palestine avec sa putain de mentalité de renégat, mais en 2011 il va finalement réussir à se faire exfiltrer de façon rocambolesque vers la France.

Ce mec a des coucougnettes, je ne me fais pas trop de soucis pour lui, il a depuis fondé le Conseil des ex-musulmans de France et écrit son bouquin ; ça va le faire.

Nonobstant, et si j’ai bien compris, il y a un paquet de jeunes gens qui commencent à en avoir plein le cul du carcan des bondieuseries qui sévissent de part le vaste monde et qui n’ont cependant pas la chance de vivre dans une ZLS (Zone de Laïcité Sécularisée) où il n’est pas problématique de se déclarer hors du Domaine des Dieux et où les frangines peuvent se gribouiller les nichons pour dire que non, elles ne sont pas partantes pour l’Enfer que leur promettent les australopithèques de toutes obédiences (je sais, là ch’uis salaud avec les australopithèques).

Quoi qu’il en soit, ce petit livre auto-biographique de Waleed Al-Husseini remet les pendules à l’heure : qu’on le veille ou non, y a paquet de monde qui «suis pas être Charlie» et, à défaut de serrer les rangs, faudra serrer les miches !


Tu es encore jeune ami Waleed, mais tu as déjà eu le courage de ta liberté, et ça c’est pas commun… que le Dieu des Maudits te soit favorable.


©Fait main





Bravo les filles…

lundi 25 mai 2015

Portrait du poète en soufi, Abdelwahab Meddeb

Ami Abdelwahab, tu nous manques.

Oui, tu nous a enchanté, presque envoûté durant toutes ces années, sur France-Cul, à nous faire les exégèses croisées de Dante et de Ibn Arabî ou d’un Voltaire, d’un Averroès et d’un Saint Augustin.  
Le petit crétin athée radical que je suis te doit nombre de ses lectures difficiles ou exigeantes, mais je ne me suis jamais tant régalé que dans ce «Portrait du poète en soufi».
Et pour en finir avec Cultures d’Islam, sois rassuré, le petit nouveau, Abdennour Bidar, est vraiment à la hauteur. Bien sûr, je ne te cacherai pas que je pleure le son de ta voix, mais il est bien le petit Bidar, on va s’y faire,  ton émission est entre de bonnes mains je pense.

Quant à ce dernier livre, il s’agit en fait d’une poésie sur le maintenant, sur la vie d’une voyageur d’ici-bas, sur l’amoureux d’un amour qui a pour nom Aya ; un long poème dédié à «la femme», l’extase. Et aussi une magnifique ode célébrant les voyages et les hommes dans la pluralité de leurs temporalités et de leurs conditions.
Un voyage à travers les mondes, les villes et les lieux ; Amériques, Caraïbes, Asie, et bien sûr, Tunis, Paris, le Caire ou Jérusalem. Un voyage tout autour de la planète mais qui reste inexorablement aimanté par le foyer chéri, la méditerranée.
Une épiphanie de lumières, de sons, de saveurs et de poésies ; la poésie d’un Aimé Césaire,  d’un Édouard Glissant ou celle, plus lointaine d’un Maurice Scève parsème ce livre pour en faire une “passerelle entre les mondes”, car sous prétexte de poésie, l’ami Abdelwahab se fait l’ingénieur d’un fabuleux pont entre orient et occident, un chemin au dessus de l’abîme de nos ignorances et de nos préjugés.
Avec ce dernier livre pour ainsi dire testamentaire, il nous offre le monde en héritage, encore faudra-t-il que nous osions franchir l’abîme sur ce fragile et délicat édifice.

Pour conclure, laisse-moi t’offrir le verset 144 de cette magnifique Légende des siècles :

ta voix c’est ta voix
tes yeux ô tes yeux
ton haleine oui ton haleine
ton eau comme elle déborde
y nager truite qui remonte amont
la tocca allume la pointe des os
périnée hanche clavicule
pubis contre pubis
l’un à l’autre frottés
effet de silex
lorsqu’en bouche transite l’amer de l’oreille
parvenu au palais après le sel des larmes
l’alambic recueille goutte après goutte
des liqueurs qui se joignent à tes sueurs
et les mots que tu balbuties donnent la joie
à l’enfant qui survit à l’âge d’homme
éveillé par la fable reçue les yeux ouverts
...


Merci l’ami, c'était merveilleux.







Abdelwahab Meddeb...

mardi 19 mai 2015

L’homme qui aimait les chiens, Leonardo Padura

Attention, roman très, très ZÉNORME !

Il arrive dans le tiercé gagnant l’ami Leonardo, ça va finir par une photo au finish pour le départager d’un Wajdi Mouawad et d’un Victor del Arbol.  

L’assassinat de Trotski est pourtant une histoire assez connue, mais jamais je ne lus quoi que ce fut à ce sujet qui possédât cette élégance de style, cette granularité fine dans les détails, tout en distillant une charge sinon de pessimisme, du moins de mélancolie si absolue.
Encore une histoire à trois bandes. La vie «comme si tu y étais» du bourreau (Ramon Mercader) et de sa victime (Léon Trotski), s’articulant autour de celle d’un tiers (Ivan) qui tiendra lieu de passeur ; si nous lisons cette histoire c’est grace à lui, disons.
C’est ce canevas inhabituel qui donne tout son charme, son romanesque à cette tapisserie historiographique, à ce cénophate de l’utopie communiste que fut la perversion stalinienne, à ce mensonge colossal enfoncé dans le fond de la gorge des aficionados des lendemains qui chantent par un des plus grand salopard de l’Histoire (je parle de Staline, bien sûr).

Nous suivons la lente errance de Trotski, depuis sa déchéance et son banissement à la fin des années vingt, jusqu’à l’heure de sa mort (1940) ; nous participons aussi au recrutement et à l’endoctrinement du républicain espagnol Ramon Mercader qui finira par lui mettre un coup de piolet dans la tronche, dix ans plus tard, chez les mexicains ; nous vivons surtout les désillusions de l’écrivain cubain Ivan, véritable point d’entrée de cette histoire dans l'Histoire, le tout vu par le petit bout de la lorgnette cubaine des années 70. Et je te prie de croire, farang-climato-septique, que le Léonardo est bien placé pour connaître le catéchisme castriste !
Malgré maints recoupements et compulsions fébriles dans wiki, dans la littérature que j’ai accumulé sur les camarades Lénine, Trotski et Staline, je ne trouve pas de failles, pas d’erreurs, mieux, tout cela m’appert comme étant extrêmement érudit, plus que plausible, sûrement très proche de ce que vécurent les personnages, qu’ils soient réels, métaphoriques ou archétypaux.

Et comme je te le disais plus haut, cette somme de travail (plus de six cents pages, quand même) est servie par un style et un amour des mots époustouflants… Tu ne me crois pas ? 
Chevauche donc cette phrase :

...
Le nouveau chef du groupe de surveillance du GPU avait pour habitude d’affirmer sa parcelle de pouvoir en pénétrant dans la maison sans daigner frapper à une porte qu’on avait dépouillée de la dignité de ses verrous.

Avoue que Leonardo fournit une tablature plus que ciselée, et on pourrait vite partir dans une petite branlette intellectuelle tant les mots qu’il choisit pour rappeler qu’il n’y pas de verrou à la porte prêtent à celle-ci une véritable existence ontologique ; on la plaint cette porte, on se découvre de la compassion à son égard...  Qu'il suffise de se rappeler que ça s’appelle «le talent».
Oui, ce Leonardo Padura en est pétri.

Bravo l'artiste, c'était remarquable ;  à lire absolument !
Au passage, grand merci aux deux homo-translators, René Solis et Elena Zayas, car je n’ai pas grande idée de ce qu’un texte pareil peut donner en espingouin, mais chapeau pour la traduction !



Léonardo n’est pas mon ami, c’est pourquoi je dis que Léonardo est notre ami…





Larme de crime...

lundi 11 mai 2015

Éloge du blasphème, Caroline Fourest

Je suis époustouflé, sidéré, outré par la haine que suscite Caroline Fourest depuis quelques temps, et ce qui m’étonne le plus c’est de constater que ceux qui la lapident, métaphoriquement jusqu’à présent, appartiennent aux deux familles d’éléments qui paraissent sinon les plus inconciliables, du moins les plus insolubles l’une dans l’autre, je veux parler de cette drôle de chimie, de cette valence contre nature qui lie les catho-fachos et les islamo-gauchos dans une sorte de Fourest-bashing compulsif et totalement crétin, de cette espèce de cancers composé des deux factions les plus extrêmes de l’arc politique qui charpente notre société.
Pourquoi dis-je cela ? En fait, je suis les dames Caroline Fourest et Fiammetta Venner depuis plusieurs mois sur twitter et je le répète, je suis effrayé de voir la virulence, la malhonnêteté, la mauvaise foi, la grossièreté et la violence de leurs contempteurs… mais y sont fous ces gens ! Putain de Dieu, arrêtez avec cette antienne éculée sur le complot judéo-maçonnique, c’est du délire pur, du stalino-wahhabisme primaire, merde !
En fait, je viens de comprendre que dans la société où je vis, ici et en ce moment, il y a un paquet d'âmes simples et influençables qui ne sont pas Charlie et qui tiennent absolument à bouffer du menchevik. Des gens malintentionnés qui se défient des lois et des règles de la République, des gougnafiers qui ont toujours haï la gueuse ; les cagoulards de la dernière heure maintenant alliés objectifs des intégristes islamistes et, peut-être encore plus surprenant, cette étrange coalescence est saupoudrée d’un mouchetis d’organisations directement issues de la frange poussiéreuse et archaïque du gauchisme libertaire.
Tous ces cons rêvent d’une société manichéenne, peinte en noir et blanc, le bien contre le mal, et naturellement, le mal c’est nous, toi et moi, farang-bêtement-démocrate, le citoyen assujetti au «système» par le truchement des «merdias» !
D’ailleurs, que se cache derrière un mot comme les merdias ?
J'essaie de comprendre : donc les médias sont de la merde, c’est ça ? Les journaux, la radio, la téloche, etc., bref, les journalistes seraient de mèche et feraient partie d’un complot (judéo-maçonnique) destiné à nous endormir, à nous cacher la vérité, à nous embobiner ? !  Nous serions donc aliéné par une saloperie de «système» totalement phagocyté par les juifs et les pédés ?

Mais ce «système» sur lequel vous crachez, c’est l’état de droit minimum qu’il faut pour qu’une démocratie respire et vive, pour que les femmes continuent à conquérir la liberté qui leur est due, pour que le plus grand nombre de mômes puissent devenir des citoyens éduqués et responsables, etc. ; le système que vous conchiez est surtout cet édifice fragile et branlant qui se construit peu à peu depuis les Lumières et qui sécrète par saccades douloureuses les «lois» qui nous éloignent toujours un peu plus de la barbarie, de l’obscurantisme et de la raison du plus fort. Et désolé pour vous, cet «esprit» des Lumières, je le trouve quand même plus dans Condorcet, Badinter ou Taubira et Caroline Fourest que dans les discourts du pape, de Tariq Ramadan, de Soral&Dieudonné ou de Frigide Barjot.  
Les cancres, comptez-vous !

Autre saloperie hideuse qui traîne dans les rézos : Caroline Fourest n’est pas une intellectuelle ! Ce serait donc une usurpatrice, elle n’a pas à la ramener et n’a aucune légitimité dans la res publica, on trouve même des logos libres de droits où elle est renvoyée à sa triste condition de sous-humaine, avec banane et toutim (et tu m’excuseras de ne pas mettre les liens pour une fois) ; Taubira/Fourest, même combat ! La première est noire, la seconde est lesbienne ; c’est clair, on leur dénie toute humanité car elles ne seraient pas légitimes, ‘tain, c’est que des gonzesses ! Et cette saloperie traîne dans un blog de Médiapart !
Tout cela est tristement dégueulasse et malhonnête car peut-être que Madame Fourest n’a pas l’autorité philosophique d’une Elisabeth Badinter ou d’une Élisabeth de Fontenay, soit, mais en tant que journaliste-essayiste, elle est parfaitement habilitée à écrire cet «Éloge du blasphème», et laisse-moi t’affirmer que je n’ai pas trouvé une seule de ses thèses saugrenue ou non pertinente. Au contraire, tout est  parfaitement sensé, hors compromis ou faux-semblants, honnête, bien vu et dans la majorité des cas ça fait mouche. Ce bouquin est un parfait détecteur de connards, ils y sont tous, ou presque, les «suis pas être Charlie» ; barbus, en soutane, du show-biz ou intellos ; toute cette myriade de groupuscules identitaires, toute la brochette de peigne-cul  qui ont entrepris de sournoisement détricoter la République, tous ces petits malins qui portent la lancette dans les plaies de la gueuse pour sonder sa capacité de résistance.

Pour les noms et les sigles de toute cette clique qui semble pourtant très hétérogène au premier abords, je te laisse le soin de les découvrir par toi-même, de suivre son analyse ; tu vas voir qu’elle n’y va pas avec le dos de la cuillère, elle cogne très fort la gente Caroline, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par les fascistes islamistes, tout le monde en prend pour son grade !

Et, pour finalement en finir, voici ça conclusion :

...
Il n’existe pas d’autre choix. Ce sera le courage ou la lâcheté. Ceux qui pensent que la lâcheté permet d’éviter la guerre se trompent. La guerre a déjà commencé. Seul le courage peut ramener la paix.  

Je me permets juste d’ajouter que la guerre a fait plus que commencer, en fait elle n’a jamais cessé, c’est la guerre maintenant séculaire entre les laïques et les non laïques, pour faire court, car oui, qu’il soit islamiste, cagoulard ou staliniens, les bigots et les fachos gigotent toujours.

Bravo et merci de ton courage, Caroline Fourest, merci de si vaillamment assumer le rôle de la victime propitiatoire de cette meute de salauds.

No pasaran !






Je (te) suis Caroline...

jeudi 7 mai 2015

Le chat Tiburce, le chat qui démasqua l’assassin, Philippe Ragueneau

Ouf… Tu me permettras bien cette petite facilité entre un Foucault qui m’a mis le neurone en surchauffe pendant plusieurs mega-secondes, un Padura absolument remarquable (L’homme qui aimait les chiens) qui bousille toutes mes nuits, et une Caroline Fourest qui n’avait pourtant pas besoin de prendre un mégaphone pour m’intimer l’ordre de blasphémer, putain de Dieu !

Bref, c’est l’amie Céline, la glorieuse maman de la Féline Bari et de la californienne Anna Madrigal qui m’a forcé la main. En fait, je suis une victime collatérale d’un «cross booking»  particulièrement sauvage, perpétré sur la plage d’une Échelle du Levant très certainement située en région PACA.

Miaou...

Les chats parlent, c’est un fait, mais nous sommes très peu à le savoir car pour les comprendre Il faut une dose d’empathie bien supérieure au simple fait de convoquer «le visage de l’autre» si cher à l’ami Levinas, non, il s’agit ici d’accueillir la subjectivité d’un hôte bien plus exigeant que le vulgum pecus habituel, il faut s’imaginer en Felis silvestris catus, se laisser pousser les moustaches, les oreilles, les yeux et la queue ; il faut devenir chat pour entendre un chat. Ne perds cependant pas ton temps à essayer de communiquer avec un chien, ça marchera pas, il n’y a que les chats qui parlent, c’est comme ça ! À l’extrême rigueur, si le Muscadet est bien «glace» et si la beuh est de qualité, en fin de soirée, aux entours des deux grammes, tu peux tenter de communiquer avec un poisson rouge ou une méduse, mais avec un chien, fifre ! T’y arriveras pas... à moins que tu sois un gros con de chasseur, bien sûr, et si tel était le cas, je te demanderais de quitter instamment cette page !

- Miaou, miaou ?
- Oui, Tiburce, il est parti le mec du FN, avec son chien et son fusil, je vais pouvoir raconter ton histoire maintenant…
- Miaou, Pffff !
- Hein ? Tu ne veux pas que je raconte le livre ?
- Ronronron…
- D’accord, Tiburce, mais je peux quand même dire que ça se passe à Paname.
- … (divers mouvements de moustaches)
- Et qu’il y a un crime dont tu seras le…
- Pffff, miaou, ramiaou !!!
- Ok, ok... ben, ça va être court comme résumé de bouquin si je ne peux pas en dire plus.
(Y me grifferait ce con si je balançais, je le connais le Tiburce, un véritable fauve)
- Miaou ?
- Non, non, je ne marmonne pas, je reufléchissais à voix basse. Je pourrais nonobstant citer quelques noms de rues, qu’en penses-tu ?
- … ? (autres mouvements corporels)
- Car après tout, c’est mes vingts ans le quartier où se déroule ce roman :
...
Rue des Minimes, rue des Blancs-Manteaux, rue du Plâtre, rue des Vertus, rue des Escouffes, rue Barbette, rue de Picardie, rue du Roi-de-Sicile, rue de la Perle - elles parlaient, ces rues, de métiers disparus, de familles, de contrées, d'artisanats.
Un souffle de jeunesse le 26 rue des Vertus… Tu te souviens ma vieille Biloute ?
- Miaou, grrr !
- Mais non, ne soit pas jaloux Tiburce, c’est Titi ma vieille Biloute, le papa de Gogy et le tonton de Pouchy et Mimine
- Miaou ?
- Non, t’as pas connu, c’était il y a plus de trente ans… et il y en a eu d’autres depuis.
- Miaouaou !
- Plein, ch’te dis ! Nous avons toujours habité chez des chats. Il y a eu les deux parisiens  Pouchy et Mimine, rue des Vertus justement, ensuite il y a eu Phégor (notre première proprio toulousaine), et puis Kiwi, Mimi et Fisson, et maintenant nous habitons chez l’extraordinaire duo Fils-Pougne & Kikeu
- Miaouu, lap, lap...
...
- Hé, Tiburce…
- Miaou ?
- Tu pourrait arrêter de te lécher le cul quand je te parle ?


Encore merci à la gente Céline pour ce bol d’air parisien et, cela va sans dire, merci à Philippe Ragueneau, le papa de Tiburce.






Home sweet home...

mardi 5 mai 2015

Surveiller et punir, Michel Foucault

Mon premier Foucault, sûrement pas le dernier...

Cela dit, et comme d’habitude, je me tape le parcours à l’envers ; c’est le Badinter de l’ami Paul Cassia que j’ai lu il y a peu qui m’a mis sur la piste. Ça s’apparente à un coup de billard à trois bandes : Badinter me renvoie à Foucault, qui à son tour me propulse sur Cesare Baccaria (en approche)…
Et oui, farang-bibliophage, tu crois qu’on fait ce qu’on veut ? As-tu déjà réfléchi sur les façons tortueuses, voire intempestives, qu’ont les livres pour nous choisir ? Ah, parce que tu penses être le maître de la situasse ? Bravo ! J’aime ça ! J’aime les gens qui n’ont aucun doute, ils sont prévisibles ; c’est reposant la certitude…

Trêve de conneries, passons au vif du sujet...
Et justement, ça tombe bien, le début du bouquin est sanglant. Ceux qui ne la connaissait pas encore vont  y découvrir la relation du martyre de Damien, le finalement très peu régicide du très pédophile Louis XV. C’est épouvantable ! Je te laisse le soin de consulter le déroulement des festivités ici.  
Ensuite, sans jargon philosophant, ou très peu, et dans un style fluide et précis, l’ami Foucault va nous décrire par le menu tout l’historique de la punition depuis le 18e jusqu’aux années 70 (1970).
On assiste à un changement de paradigme quant à la façon de punir, au lent glissement de la vengeance primitive vers des peines plus humaines ; vers la dématérialisation du châtiment ; nous passons de la punition de la chair à celle de l’âme, disons.
Puis naissance de la «prison» moderne sur le principe du panoptique, où l’autorité à une totale vision sur sa chiourme, principe non seulement architectural, mais aussi moral en tant qu’il utilise une “technologie” sinon de la domination, du moins du contrôle.
L’homme peut maintenant être redressé à loisir, de corps comme d’esprit ; tout un système de contrôle, voire d’auto-contrôle, ratisse les mœurs et les territoires avec la prison en point focal.
Bienvenu dans l’infra-monde orwellien de la biopolitique selon Foucault, dans l’ingénierie du contrôle, de la surveillance et, en l’occurrence, de la punition…

Une remarque cependant, mal réglée, ou mal maîtrisée, toute cette belle mécanique est en passe de nous péter à la gueule car quelques décennies après le livre de cézigue, il semblerait bien que la machine carcérale s’emballe et l’exemple des États-Unis est caricatural de ce qu’il ne faut plus faire ; il y a bientôt deux cents ans (1831), Tocqueville nous pondait “Du système pénitentiaire au États-Unis et de son application en France”, et vois ce que cela à donné : ce jour d’hui, presque 1% de la population étasunienne est en taule !
Aussi, me permettras-tu de penser que c’est Foucault, Badinter et maintenant Christiane Taubira qui ont raison : il faut trouver autre chose que de mettre des mômes en prison ; c’est contre-productif en terme de «vie bonne» pour tout le monde.

Encore merci à l’ami Michel Foucault pour cette remarquable démonstration.
C’est exactement ce que j’attends d’un intellectuel engagé.


JPF(™)


Ben, quoi ? La phisolophie c’est de famille...