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vendredi 19 décembre 2014

Faites vous-même votre malheur, Paul Watzlawick

Une sorte de vade-mecum sur les multiples anti-façons d’accéder à la “vie bonne” d'Aristote. Ce qu’il ne faut pas faire, disons. Jamais !

Bien sûr, on est en pleine philo, il suffit d’inverser les propositions, et, de l’art à devenir parano, on en déduira dialectiquement la science de sa propre tranquillité d’esprit. 
Tout est basé sur le contre exemple, tu as même des exercices pratiques numérotés !
Voila en gros ce qu’il faut faire pour être sûr de rater sa vie :

- Une fois posée, ne renonce jamais à ton idée et soit convaincu que c’est l’autre qui a toujours tort.
- Si quelqu’un dit qu’il t’aime c’est qu’il ment !
- C’était mieux avant, il faut vivre avec la nostalgie du passé.
- Le destin est contre toi, profite de ta souffrance.
- Pense à tout le malheur qui pourrait encore t’arriver et de fait, tu le susciteras.
- Pousse tes conduites d’évitement des problèmes jusqu’au bout en sorte de te casser la jambe plutôt que de marcher dans une merde.
- Soit catastrophiste, ça ne peut pas nuire...
- Etc. 

Une excellente méthode Coué qui, rigoureusement appliquée à ta vie, fera obligatoirement ton malheur… N’en déplaise à Jean-Paul, l’enfer ce n’est pas les autres, l’enfer c’est toi !
Cela dit, le remède est dans le poison et je ne peux m’empêcher de te donner la fin de l’épilogue dans lequel l’ami Paul Watzlawick cite Dostoïevski (les Possédés) :

« Tout est bien… Tout. L’homme est malheureux parce qu’il ne sait pas qu’il est heureux. Ce n’est que cela. C’est tout, c’est tout ! Quand on le découvre, on devient heureux aussitôt, à l’instant même… »

Bref, la situation est désespérée, et la solution est désespérément simple.

Merci monsieur Watzlawick pour ce pur et élégant exercice de sophistique ; c’est fin, astucieux et imparable ; le dictionnaire amoureux de la démerde ontologique, en somme.


Paranoia-reupload
by Valentina Kallias





Mais où est passé ce putain de doliprane®...

jeudi 18 décembre 2014

Lire aux cabinets, Henry Miller

Très, très confus, tout cela et je n’ai pas bien compris où il voulait en venir le père Miller.

Ou plutôt si, j'ai peur d'avoir trop bien compris ; lire aux chiottes, à première vue, il trouve cela assez puéril - réservé aux mômes, aux ménagères (!), aux âmes superficielles et aux gens du vulgaire. Il entame même une étude sociologique de bistrot, très décousue, en catégorisant les différents lectorats des lieux d’aisance en sous-genres : lecteurs occasionnels, lecteurs dilettantes, impurs, dégoûtants, etc.
Nous sommes ici dans le domaine des lectures inconséquentes d’une population à peine capable de fuir les solitudes judéo-chrétiennes, voire existentielles de l’excrétion.
C’est un peu mince comme déconstruction, non ?

Pour un peu, Miller exigeait que nous recouvrions notre dignité au moment où l’on se force, merde !

Ceci dit, ne rêve pas, c’est foutu pour toi car seule une âme trempée comme la sienne sera capable de supporter les solitudes métaphysiques et intersidérales qu’il s’agit de posséder pour affronter les cabinets en tant que gentlemen.

Sache que le Riton ne nous a pas à la bonne, farang-toiletto-lecteur, si à l’instar de mézigue tu t'abandonnes au hideux commerce du péché de lecture dans tes cagoinces.

Lire serait si noble activité qu’elle n’est envisageable qu’à l’ombre du vénérable frêne Yggdrasil, le cul calé dans la mousse et le pampre !

Quelle déception, ce Miller ne connaît décidément pas les avantages afférents à un «cabinet de lecture».

Toutes ces élucubrations et ces platitudes sont vraiment loin du presque transgressif Tropique du Cancer de 1934 ; cette facette janséniste de Miller m’a bien fait chier !




©Prout... Eurêka !


R_{\mu \nu} \ - \ \frac{1}{2} \, g_{\mu \nu} \, R  \ + \ \Lambda \ g_{\mu \nu} \ =  \kappa T_{\mu \nu}

mercredi 17 décembre 2014

Le livre du roi, Arnaldur Indridason

Que le grand cric me croque, mais la manne du GPD (Grand Patriçounet Doré) n’en finit plus de pleuvoir sur ma PAL.

Remarque, ce n’est pas pour me déplaire et je suis sûre qu’il ne m’en reste plus lerche à bectaresse avant d’avoir bouclé tout mon Arnaldur Indridason.

Bien.
On continue donc avec ce très singulier roman (2006, 2013 pour la traduc).
Déjà, cherche pas, ce sera sans le commissaire Erlendur Sveinsson, il est en RTT, mais ne fait pas la gueule car le professeur d‘études nordiques… heu, le professeur… Nom de dieu, je ne retrouve pas son blaze… je feuillette, je feuillette… rien !
Brèfe.

Une chasse au trésor dans l’Europe du nord des années 1955. Le trésor c’est “le Livre du roi”.
Si j’ai bien capté, pour un islandais, le Livre du roi c’est ses parchemins de la mer morte, sa tapisserie de Bayeux ; c’est l’histoire de l’Islande pré-chrétienne. Son Histoire ! Sa Mythologie.
Cela dit, les trésors culturels de l’Islande étaient “conservés au Danemark quand les armées du IIIème Reich ont débarqué à Copenhague et ce pauvre Professeur a mal supporté son séjour dans l’immeuble Shell de Copenhague ; il fut “obligé” de céder le “Livre” au sale con Erich von Orlepp, le nazi de service. Il faut savoir que l’immeuble de la Shell, c’était notre Carlingue de la rue Lauriston, tu sais, le QG de ces enculées de guestapettes, pendant les grandes heures.
Le pauvre «professeur» n’était pas encore un héros ; il a donné le bouquin avant que de perdre les ongles et les dents.
Et cependant, un peu plus de dix ans après, le jeune padawan  islandais Valdemar va réveiller son sens du devoir. Le vieux maître va alors entraîner le jeune élève dans une épopée à la Indiana Jones. Il faut retrouver le Livre du roi et le restituer à la mère patrie : l’Islande éternelle.

Virée dans le Berlin post-apocalyptique, incursion dans les cimetières de l’Allemagne de l’est, course poursuite et coups fourrés avec les dealers d’art et leurs tueurs ; l’odeur de la bête est toujours là. Ça pue l’ultra-facho dans cette « île au trésor » !

Hélas, la mère supérieure des Soeurs du Bene Gesserit l’a dit à Jessica (Maison Atréides) : 
« pour le professeur, nous ne ferons rien ! »
De fait, Valdemar, le jeune padawan finira d”accomplir son destin en solo.

Une quête superbe et curieuse, une histoire d’amour entre un peuple, son Livre, et ses héros.

Bravo et merci aux amis Arnaldur Indridason und GPD.


Arnold Toht





donnez-moi le Livre, herr professor...

Le Voyage de Monsieur Raminet, Daniel Rocher

Le vieux gars Raminet, prof de droit, prend sa retraite.
C’est un mec de la vieille école, un peu rondouillard, chauve et coinsaresse du cul ; un vieux garçon, quoi, et qui dans un moment de folie aussi tardive que rebelle, passe enfin son «permis de conduire». Il s”achète une petite caisse et direction Saint-Malo, le pays natal où l’attend la petite bicoque qu’il a hérité de ses vieux.

Bien sûr, au début, c’est un rigide ; le vendeur de la bagnole a dit 90 km/h pour le rodage d’icelle, et le néo-chauffard Raminet ne transige pas ; 90 km/h sur la voie du milieu de l’autoroute ! Tuuut… Tuuuuuuttt ! TUUUTTTT !!!

T’inquiète, après quelques péripéties croquignolesques, Gérard Jugnot… heu… Félix Raminet embarque « the » auto-stoppeuse du siècle ! La belle et jeune Jane, riche héritière américaine, en pleine virée socio-doctorante « around the world ».

Un road-movie trépidant s’enclenche alors où il faut t’imaginer un Gérard Jugnot de maintenant qui tombe amoureux d’une Farrah Fawcett telle qu'elle était dans les années 70. Cocasse...

Une quête initiatique sur le sens d’une vie et de laquelle l’imago Raminet renaîtra en magnifique papillon.


Farrah Fawcett





Gérard, tu viens au lit ?...

mardi 16 décembre 2014

Une paysanne russe, Léon Tolstoï

Une histoire populaire russe.

Triste réalité, ou métaphore de la vie des pauvres gens dans la Russie du XIXe ?

Peu importe, le témoignage est recevable, ce récit simple et efficace transcende toutes nos sensibleries post-modernistes pour juste raconter la fatalité qu’il y avait à survivre dans les campagnes d’Alexandre II, peu avant la fin du servage (1861).

Alors, que Tolstoï n’ait pas écrit ce récit, que ce soit sa sœur qui lui rapporta l’histoire de cette paysanne “ordinaire”, je m’en bat les gonades, farang-reproducteur, j’adopte le point de vue d’Anissia et je serre les dents face à la misère, au mariage forcé, à la prison, au goulag, aux enfants morts, à la solitude, devant cette existence absolument maltraitée, et pourtant si résolument digne et courageuse.

Le style est simple, concis, presque rugueux, des phrases terriblement précises, rien ne se perd et on sent bien que s’il a jamais existé une âme slave, c’est bien celle de cette paysanne !

Anissia, я люблю тебя
(Anissia, je t’aime.)




Y z’avaient qu’à être à la FNSEA, vinguioux d'vingioux...





Le duel, Arnaldur Indridason

Encore une respiration islandaise que je dois à la bienveillante prodigalité du GPD (Grand Patriçounet Doré).

Un des derniers Arnaldur Indridason de derrière les fagots (Éditions Métailié, 2014) et pourtant en proie a un curieux flux de marées anentropiques qui nous propulse dans une sorte d’anti-retour vers le futur, si tu vois… Non ?
Presque les origines… Mais, chut ! Crois-moi sur parole, le dernier paragraphe du dernier chapitre va te laisser sur le cul, tout ébaubi, et le sourire aux lèvres…

Toile de fond :  
1972, Reykjavik, le match du siècle, Bobby Fischer contre Boris Spassky.
Nixon versus Brejnev en fait, l’époque où la guerre était froide et le combat civilisationnel se déclinait entre « le monde libre » et « le parti des matins qui chantent ».
Faut bien s’imaginer la marmite à barbouzes que devient Reykjavik durant les quelques semaines que dura ce Championnat du monde d’échecs.
Là dessus tu colles un meurtre crapuleux dans un cinoche, une tentative de passage à l’ouest par un des cadres du parti sus-cité, et tu me lâches l’étonnante commissaire Marion Briem sur l’enquête. Tu secoues bien le checker, tu verses sur un agrégat de glaçons islandais et tu dégustes ce cocktail délicieusement désuet. 
Ça finira même par une tentative d’exfiltration digne d’un James Bond.

Comme d’hab, c’était parfait, merci ami Arnaldur pour ce souffle de jeunesse…






Reykjavik, 1972.
29ème coup de la première partie, 
Fischer (avec les Noirs) joue le coup suivant...

lundi 15 décembre 2014

La désobéissance civile, Henry David Thoreau

Cher farang volontairement servile, c’est trois cents ans après que le bon docteur Étienne de la Boétie eût posé un diagnostic sur notre principale maladie, à savoir : nous sommes des serfs à l’insu de notre plein gré, que le fin carabin Thoreau formalisa l'ordonnance qui doit nous soigner : « la désobéissance civile » .

Bien sûr, l'ami Riton-Dave, ce n’est pas un gauchisse, faut quand même pas déconner ; ok pour le moins d’état possible, mais il en convient, les hommes ne sont pas encore prêts à vivre sans cette tutelle. Il existe cependant un moyen de résister : la désobéissance, civile et pacifique. 
- Comment faire ? 
- Refuser de payer l’impôt à l’état et développer une autonomie de plus en plus grande vis à vis d’icelui ; il faut qu’une minorité de blocage puisse désorganiser les rouages bien huilés de la majorité et surtout trouver le moyen de s’extraire de la société façon Walden, son Into the Wild à lui, si tu préfères. Posséder le moins possible afin que l’état ne puisse rien te piquer sinon à exercer une violence physique à ton encontre et ainsi se dévoiler en tant que tyrannie. Inutile de préciser que ce n’est pas exactement la doctrine qui fit florès chez les Yankees...

Et pourtant, cet homme courageux va appliquer sa théorie : n’étant pas d’accord avec la politique esclavagiste du Massachusetts et sa guerre avec le Mexique, Thoreau refusera d'acquitter son impôt et assumera la peine de prison résultante - il se fâcha même avec ses voisins qui payèrent sa caution.

Un mec qui avait des coucougnettes, donc, mais gardez nonobstant à l’esprit, chers farangs  libertaires, indignés ou zadistes, qu’à l’instar d’un la Boétie, il s’agit d’un homme imprégné par le sentiment de Dieu ; catholicisme pour le français de 1549 et protestantisme pour l’américain de 1849. Ce n'est ni Gandhi, ni Marx, on frôle plus une ambiance à la Tea Party que la préparation d’un Grand Soir et s’il fallait classifier coûte que coûte, je le mettrais dans la case « anar de droite ».
Bon, on va voir tout cela avec « Résister » et surtout avec le Walden qui ne saurait tarder à boite-aux-lettrer… Ça me fait un peu peur, cette histoire de transcendantalisme et d’église unitarienne.


Merci ami yankee Thoreau ; à te relire sans tarder.






Faut qu’on résis’...

jeudi 11 décembre 2014

Discours de la servitude volontaire, Étienne de la Boétie

« Pour être esclave, il faut que quelqu’un désire dominer et, qu’un autre accepte de servir ! »

Avec ce discours le camarade Étienne nous décortique le pourquoi du comment de cette simple évidence. 
Pour lui, tout cela sous-tend que le cadre de sa réflexion se situe forcement à l’intérieur d’une tyrannie et il voit trois champs d’applications nécessaires et suffisants :

« Il y a trois sortes de tyrans. Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race. »

Effrayé, tu constates qu’un tyran peut être élu…
Ok pour la force des armes et pour la succession de race, mais l’élection ? ! … ‘tain ! On nous aurait menti ? Bouuh !
Remarque bien qu’il suffit de constater le nombre de malfaisants qui se font élire pour en être convaincu ; n’as-tu jamais voté pour un signalé sagouin qui n’a vraiment pas les mêmes intérêts que toi ? Hein ?
La démocratique serait donc une autre forme de tyrannie ? 
N'en doute plus, farangosaurus-rex ! Note cependant que c’est sûrement la moins pire car elle permet l'émergence d’une classe moyenne, et tu en conviendras, c’est déjà pas mal que des gueux héréditaires comme toi et moi puissions survivre à l'hiver qui vient, confortablement installés, mais c’est un fait, en votant tu délègues l’usage de ta liberté à un tiers que tu désignes comme étant supérieur à ta petite personne.
Bref, quelque soit les modalités de la tyrannie (élection, force ou succession), pour que tout le merdier fonctionne correctement il faut donc que tu acceptes de jouer le jeu, il faut que tu sois lâche.
Mais comment ça marche concrètement ?

[...] ce ne sont pas les armes qui défendent un tyran, mais toujours (on aura peine à le croire d’abord, quoique ce soit l’exacte vérité) quatre ou cinq hommes qui le soutiennent et qui lui soumettent tout le pays. Il en a toujours été ainsi : cinq ou six ont eu l’oreille du tyran et s’en sont approchés d’eux mêmes, ou bien ils ont été appelés par lui pour être les complices de ses cruautés, les compagnons de ses plaisirs, les maquereaux de ses voluptés et les bénéficiaires de ses rapines. Ces six dressent si bien leur chef qu'il en devient méchant envers la société, non seulement de sa propre méchanceté mais encore des leurs. Ces six ont sous eux six cents, qu’ils corrompent autant qu’il ont corrompu le tyran. Ces six cents en tiennent sous leur dépendance six mille, qu’ils élèvent en dignité. [...] et qui voudra défiler le fil verra que, non pas six mille, mais cent mille et des millions tiennent au tyran par cette chaîne ininterrompue qui les soude et les attache à lui [...] En somme, par les gains et les faveurs qu’on reçoit des tyrans, on en arrive à ce point qu’ils se trouvent presque aussi nombreux, ceux auxquels la tyrannie profite, que ceux auxquels la liberté plairait.

Clair et limpide et ça donne une jolie pyramide, non ? 

Hélas, si le problème est exactement posé, la Boétie n’envisage aucune solution concrète qui permettrait de s’affranchir des fers d’une tyrannie car il sera certes le petit prodige que l’on sait, très pote avec Montaigne, mais il sera aussi partie prenante du système et comme la majorité des soumis il n’envisagera pas sa liberté. Il a choisi de profiter de ses chaînes.

Attention, aucune acrimonie dans mon propos car bien que très jeune quand il écrivit son discours, l’ami Étienne avait bien compris que le champ d’action de sa critique du pouvoir devait se situer à distance d’icelui ; et oui, 1530-1563, ce sont les Valois qui ont les manettes en pognes, les voila les tyrans de son époque : François Ier et Henri II, et ils étaient peu réputés pour leur bonhomie et leur tolérance ; plutôt enclin à faire tuer des gens, disons.  L’a été malin et prudent le Tiénou, il se cantonnera à l’antiquité, avec quelques allusions plus contemporaines de-ci de-là, mais ce n’était pas le moment de se fâcher avec le prince et sa basse-court.
Ceci dit, il avait déjà de la tablature avec les grecs et les romains ! Question mâle alpha, ils ont donné le "la" tous ces illustres ancêtres !


Donc attention, petit livre, mais bonnes questions, surtout si tu songes qu'il a été écrit en 1549 !
Merci à l’ami Étienne pour la piqûre de rappel.



Tyrannosaurus-Adolphus



Vive le tyran Charlie Chaplin... Aïe !

mardi 9 décembre 2014

Barcarolle, Fabrice Amchin

Pas de bol, mon bon Fabriçounet, derrière les deux tourbillons que vient de m’asséner le Pape François B., ça l’a pas fait.

Dommage car tu m’avais drôlement appâté avec «La tarte et le suppositoire» et je pensais retrouver la même jubilation dans ce petit roman.
Hélas, on rigol’pos !  Et j’ai très vite pigé que le ton n’était plus à la déconnade.
Mais pourquoi pas, après tout ; alors j’ai serré les fesses, bien écarquillé les yeux et j’ai essayé de trouver un autre moteur qui allait me motiver pour tourner ces 147 pages à 16 balles.

Un conte philosophique ? Que nenni, ou alors c’est bien trop subtil pour l’esprit fruste d’un farang-de-la-FNSEA tel que le mien.
Les affres d’un intermittent du spectacle ? Mêm’ pas.
Une passion torride et destructrice entre un compositeur de génie méconnu et suicidaire et la caissière en surpoids du Leclerc ? Non plus.

Bon, alors quoi ?

Juste une glissade un peu molle, un peu fade et parfaitement caricaturale d’un certain entre-soi bidon ; du petit parisianisme en V.O., disons.
Tout cela m’appert comme très, très lisse, heureusement que le père du narrateur vient foutre le bordel dans cette morne pleine. Mais ce n’est hélas pas suffisant pour enlever le morceau.

Putain, qu’est-ce que je suis déçu quand un bouquin me coule des doigts !

Bon, c’est pas tout ça, ami Fabrice, tu vas nous faire oublier tout ce merdier blafard avec la vigueur et la conviction que j’attends sans faute dans ton prochain roman.

Non, mais !

in Docteur Folamour




Surveillons la qualité de nos fluides fluorés...




(Sterling Hayden)

Dominium Mundi Livre II, François Baranger

Tu l’as compris, nous en sommes au livre 2.

Le Saint-Michel est en orbite autour de Akya du Centaure ; il s’agit maintenant de faire descendre les GI Joe de l’ECM (Empire Chrétien Moderne) sur la planète et de coller une grosse branlée aux estraterrestes et, bien sûr, de reprendre le Saint Sépulcre.
Cela dit, ce sera légèrement plus compliqué… Ouais, le cafard centauro-akyaien est vachement moins con que prévu, pis c’est surtout qu’il a l'outrecuidance d’avoir un nom, les Atamides, une société très organisée et qu’il pratique le yield management à grande échelle depuis longtemps ; il sous-traite toute la partie «défense du groupe» à une caste de vigiles privés, les «guerriers», génétiquement programmés pour sauter sur tout ce qui fait mine de menacer le «client» ; aïe, bobo cucul, ils ne rigolent pas les lascars, sont teigneux comme des pitbulls ; le croisé de base va vite s’en apercevoir... 
Mais, chut, ch’t’ai rien dit !

Je peux cependant t’affirmer qu’il y a quelques moments d'anthologie dans ce nouvel opus :
Quel pestacle quand le Saint-Michel se désarticule dans une longue respiration décongruente, heureusement programmée, désorbitant ainsi ses super-structures pour les laisser choir, au centimètre près, sur le plateau de la Nouvelle Jérusalem.
Que c’était beau !
Heureusement tout cet enthousiasme spielberguien sera vite douché quand on s’apercevra que les stratèges militaires du XXIIIè siècle sont aussi performants que ceux qui nous accouchèrent naguère de la Ligne Maginot et de la cuvette de Diên Biên Phu
T’inquiète, avec des grosses têtes pareilles le cafard Atamide a toutes ses chances, surtout si un noble et fier guerrier, aidé par quelques hackers déserteurs… hein ? Non, j’ai rien dit !
Hum...
Bon, et puis à qui sont les reliques qui gésissent depuis deux mille ans dans le tombeau du Chritzmeu, là-bas, chez les métèques Atamides, hein ?
C’est le petit Jésus ou pas ?
La tension est insupportable, et Íñigo López de Loyola se retourne en sa tombe !

Et le Nod2 du Saint-Michel qui évolue en véritable Ummon tout droit sorti d'Hyperion ; Kwatz !

Et cette baston, à la fin… pfiouuu, mes cadets, c’était sinon tectonique, du moins paroxysmique.

Ben, t’as plus qu’à lire, farang-épiscopalien, ça vaut le coup, t’en a pour ton pognon ; ça n’arrive qu’une fois l’an un blot pareil. 

[séquence «le bon coin» : les deux tomes sont affurables d’occas, et pour les retraités agricoles ou autres indigents iphonisés, ce sera dispo dès demain matin.]

À te relire vite, Grand Septon François, Maison Baranger…

Screaming Pope
Francis Bacon



Urbain IX excommuniant François B.