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mercredi 27 février 2013

De soie et de sang, Qiu Xiaolong

Retour à Shanghai.
Ben, c’est pas le meilleur du camarade QX.
Mais ne gamberge pas trop vite, farang oedipien, tu ne me feras pas fâcher avec l’inspecteur principal Chen, ni avec Yu, ni avec le Vieux Chasseur... avec personne, te dis-je ! Je suis armé d’indulgence, je commence à bien connaître la musique chinoise, même si dans cet épisode il faut patauger pendant les deux tiers du bouquin dans un bain de merde freudienne avant que l’intrigue ne décolle (laborieusement) et qu’une structure (un pseudo-artefact méta-structurel, disons) pouvant être cataloguée de polardienne, ne  soit sauvée par les cent dernière pages. Ouf !

Ok, je sais, c’est un peu lourdingue, à force, mais ne t’ai-je pas déjà averti que l’ami Xialong tricote son récit sous la forme d’un triptyque immuable ?
Histoire, polésie et tortore.
Ne calcule pas trop l’intrigue policière, surtout dans cet opus, tout n’est que prétèste, en fait.
Toujours le passé en contrepoint, parsemé d’innombrables poèmes chinoisiers, et la Bouffe... Ouais, la bouffe, la croque, la graille, la jaffe... dis comm’ tu veux, mais sache que chinoise ou pas, elle est cruelle cette fois.
[... Touittt... Avertissement : les scènes qui vont suivre sont déconseillées aux zélotes végétophages... ]

Le clou du banquet arriva sous la forme d’un singe en cage, les membres attachés, dont la tête rasée dépassait. Un serveur posa la cage pour que tous puissent l’examiner. Souriant, il tenait un couteau d’acier et une petite louche de cuivre en attendant le signal...
(Putain, j'te laisse simplement imaginer l'avenir de la bestiole et la nature des gens capables d’apprécier la cervelle de singe vivant !)

Ou alors:

Langues de moineaux frites, pattes d’oies dans le vin, ragoût d’yeux de bœufs et lèvres de poissons à la vapeur...


P. D.

问你是不是孔子,用于连接...
Je vous demande de ne pas prendre Fucius pour un con...

mardi 26 février 2013

L’encyclopédie AUDIARD, Stéphane Germain

Nom de Dieu ! Chuis bluffé par cette encycoplédie, dis-donc.

Je pensais en connaître un rayon sur cézigue, ben je me fourrais the finger in the mirette.
Pis, ne crois pas en faire le tour en trois cacas, hein ? ou alors vaut mieux que tu fasses tomber cent sacs à un toubib es constiparès. Non, c’est très fourni, super organisé, photos et crobards remarquables, listes quasi exhaustives et commentaires très très pertinents... On sent bien que l'ami Stéphane est un amoureux méticuleux.
 
Brèfe, ça se sabre pas en deux plombes, le survol est impossible, tu te fais immédiatement accroché par une tirade célèbrissime, une affiche connue ou une caricature d’acteur. Et paf ! t’es baisé, pris au colbac ; tu t’appartiens plus.

- Oui, mais le prix, pourrais-tu vainement arguer, farang agricole.
- Le prix s’oublie, la qualité reste. C’est pas l’arme de monsieur tout l’monde... J’ai çà par l’oncle Hugo, le frère de Berthe...

Un bouquin anti nervousses brékdones, quoi !

Alors, félicitations à Stéphane Germain, le papa de cette merveille, et merci à Hugo&Cie (une fois de plusse).




Je vous demande de ne pas toucher au grisbi... Salope !

lundi 25 février 2013

Le jeu des possibles, François Jacob

Toujours très actuel, cet essai de l’ami François Jacob. Publié en 1981, ça ne prend pas une ride.  
Pourquoi ?
Comment est-il possible que dans un domaine effervescent comme la biologie (ouais, c’est une épée es biologie pépère), des idées admises en 1981 soient toujours pertinentes en 2013 ? Hum ? La quantité de publications qui ont dû paraître, ne serait-ce que dans Nature, doit être colossale, ça avance à pas de géant, surtout en biologie !
Ben, te goure pas de crèmerie, tézigue, le camarde François n’est pas que biologiste ; non, sommeille en lui un formidable phisolophe...

Une étude résolument épistémologique de l’évolution du vivant, tout y passe : la reproduction, la sexualité, le vieillissement, la mort (évidemment) et même l’influence culturelle. Mais il n’y a pas que çà ; il y a aussi ( et surtout) une posture philosophique remarquable ; c’est celle du bon sens, de la raison et de l’imagination. Ce texte assassine tous les Bons Dieux, toutes les chapelles. Il ne reste que la musique de la vie qui organise toujours plus finement le chaos...
Putain, on se croirait chez Jean-Claude Ameizen... Tu vois le coup ?

Nonobstant, faut rester calme, bien regarder partout, tout est possible... le gène code les outils de l’apprentissage et les circonstances culturelles utilisent tout ce matos à bon escient (!?).
- Vous inquiétez pas... j’y s’occup’ de tout...
(c’est là où je flippe un peu, un tantinet traumatisé par un événement de type Mélacholia...)

Ouais, finalement, la nature n’éprouve rien, n’a aucun besoin, si j’ai bien compris.
Elle n’a même pas besoin de nous, la salope !
Il n’y aurait que du hasard et de la nécessité, alors ?
'Fait chier !

Merci à J²V² pour ce remarquable “dépannage” sur le fil.
(jamais ça m'arrive d'oublier mon bouquin ! Les clopes, j'dis pas, mais mon livre... jamais ! )



Je vous demande d'évoluer...




D'un bord à l'autre, Armistead Maupin

Bordel de Dieu ! Chuis définitivement accro à ces chroniques de San Francisco ! 

Accro et schizophrène en plusse. Un pied dans le San Francisco des années 80 et un autre dans le Shanghai des années 90. Qiu Xiaolong vs Armistead Maupin... Gaffe, les coutures du calbut ne vont pas tarder à craquer. J’ai la pile TCP/IP en train de se faire déborder par la dextre et la senestre... ça crée un petit grésillement continu entre les oreilles, des sortes d’acouphènes que seule la chimie lourde batave est capable de circonscrire. C’est pas facile, ma brav’ dame...

Tous les aimables personnages scintillants des années 70 de Barbery Lane ont été abrasés par les vents du temps ; même les célèbres escaliers en bois de séquoia menant au 28 sont en passe d’être détruits par la municipalité, sont devenus dangereux, dit-d
onc. Madame Madrigal peut toujours pétitionner, c’est paumé d’avance
Brian n'ose pas avouer à Mary-Ann qu'il a peut-être le sida, Mouse entre en résilience grâce à son nouveau camarade Thack et il y a de l'eau dans le gaz entre Dede et D'or.
Booter, le nouveau mari de Frannie (la mère de Dede) et membre du club très sélect Bohemian va vivre de très singulières expériences entre son séjour exclusivement masculin du Grove et le camp retranché des gouines radicales de Wimminwood...

Dialogues serrés, récit toujours cocasse bien que teinté d’amertume, nouvelles gueules picaresques voire explosives (l’odieuse Rose), et  toujours l’amour...

Et pour notre plus grand bonheur, Mouse (Michael) occupe encore une fois la première place des personnages récurrents ; un mec adorable...

Merci l’ami Armistead...





Je vous demande de vous féminiser...





samedi 23 février 2013

Le très corruptible mandarin, Qiu Xiaolong

Je n’ai pas pu m’empêcher d’enquiller un autre QX dans la foulée ; j’étais bien, j’étais chaud et j’ai un stock de soupes chinoises dans les étagères... pourquoi se priver ?

Encore la Chine, alors... miam.

Dans cette quatrième enquête le désormais illustre Chen Cao s’attaque à la corruption qui à l’heur de prospérer à tous les étages du Parti. Entention où tu mets les pieds infarangtible innocent, nombre de camarades férus de chrématistique et bien plus haut placés que toi, en croque de la peau de vin, du millions dollars, de la bonne souplette chinoise. Pis quand ils ont fait leur pelote, bien accumulé, bien abrité toute leur fortune, y s‘cassent ces saligauds ; les rats rouges quittent le navire, comme dit le Vieux Chasseur. Ah, les fumiers !
Heureusement que le camarade Zhao, grossium du Parti et instigateur de la chasse à la corruption, a toute confiance dans l’efficacité et la probité du camarade Chen. C’est sûrement pour cela qu’il en fait le Monsieur Propre de l’appareil d’état avec le titre de “quinchai dacheng” (envoyé spécial de l’empereur, porteur de l’épée impériale) et qu’il le lâche sur la piste de l’infâme Xing, cadre corrompu et réfugié aux États-Unis.
Rappelle-toi que St Louis, Missouri, vu par une délégation d’écrivain chinois vaut son pesant d’incongruités! Accessoirement tu découvriras la maison de T. S. Eliot, l’Arche de St Louis et les péniches de jeux.
[ Drès bon, drès bon, doi brendre...]

Ceci étant, je te dois quelques échantillons en rapport au commentaire d’hier soir (Encres de Chine). Ouais, une vapeur fortement empreinte de delta 9 tétra-hydro-cannabinol m’a imprudemment poussé à affirmer que les bouquins de QX obéissaient à trois règles directrices : l’Histoire, la poésie et la bouffe. Quelle connerie ! Pourquoi pas deux ? Pourquoi pas quatre ? Hum ?
Ben, connerie ou pas, je vais garder le concept systémique des ces trois dorsales et, tel les astronomes du physicien russe Lev Landau, je suis souvent dans l’erreur, jamais dans le doute.
Conséquemment, et après t’avoir précédemment distillé un dé de polésie chinoise, je te dois, disais-je, quelques échantillons de cuisine chinoise. Gaffe, l’ami Qiu Xiaolong est un fana de la bonne tortore, il te persille çà toutes les vingt pages, putain. Faut pas le pratiquer si t’es au régime, hein ? Il te prend des envies de chinoiseries à trois heures du mat’, bordèle ! Je déconnais pas, au début en t’expliquant les soupes chinoises ; c’est le minimum à avoir sous la pogne ! Rends-toi compte, ils passent un tiers de leur temps à bouffer ou à boire du thé, ces gens là !


Sur ces conseils, ils prirent une soupe de travers de porc aux tulipes dans une cocotte d’acier, du bar à la vapeur au gingembre et aux ciboules présenté sur un plat bleu et blanc, du bœuf bouilli parsemé de poivre rouge dans un grand bol, des coupelles de tomates aux crevettes décortiquées, et des paniers de riz frit aux pousses de bambou. Ils accompagnèrent le tout d’une bière glacée.

Chen fut particulièrement impressionné par la soupe de poulet Vieux Subei, aux riches effluves et à la saveur subtile... Il y eut ensuite le porc Grand-mère dans sa petite coupelle, baigné d’une sauce de soja à la couleur ambrée, et le porc frit et passé à la vapeur si longtemps qu’il fondait sur la langue.




我再問你一遍:媽,我餓了......
Je vous demande de répéter : Putain, j’ai faim...

jeudi 21 février 2013

Encres de Chine, Qiu Xiaolong

Merci à l’ami Xiaolong pour ce troisième épisode des aventures de l’inspecteur Chen Cao.

Donc, toujours la Chine des presque années 2000, toujours Shanghai et à nouveau le couple Yu-Peiqin en soutient de notre flic polète Chen et bien sûr, toujours l’ombre à peine poussiéreuse du monstrueux Mao et de sa révolution culturelle.

Bon, ce n’est pas tant l’intrigue policière qui prime dans ses bouquins, que le contexte ; c’est la solution de continuité qui s’esquisse sous nos yeux de farangs ébaubis entre la chine millénaire que l’on s’imagine et le tigre capitaliste en train de naître. Tigre doté de tous les défauts idoines à sa nature mais d’une vigueur et d’une saveur incomparable sous le clavier de cet écrivain si attachant.
Dans tous les livres de QX tu découvriras la Chine en suivant trois grands axes : la vision historique, le tropisme poétique et... la bouffe !
Ouais, le côté historique est nécessaire et élégamment négocié par l’ami QX ; le passé des personnages resurgit toujours à bon escient, par touches esquissées et colle parfaitement à ce que tu pourrais lire dans la bio de Mao, par exemple. En l'occurrence il s’agit des gardes rouges et rappelle-toi qu’ils déconnaient pas ceux-là, ils ne se sont pas fait que des amis !

Le terme de “tropisme poétique” qui m’est venu pour qualifier le deuxième principe peut te paraître ézagéré si tu n’as pas lu QX. Mais j’déconn’ pas, c’est truffé de polésie... chinoise en plusse ! C’est pas toujours facile si t’as pas baigné dedans tout petit tant il est vrai que la poésie est la substantifique moelle d’une langue et donc d’une culture, mais il y quelques perles absolument remarquables.
Souffre celle-ci :

Toi et moi nous sommes fous
L’un de l’autre,
Brûlants comme la braise du potier.
Le même bloc d’argile
T’a donné forme, m’a donné forme.
Redevenons poudre d’argile.
Mélangée à l’eau,
Elle te redonnera forme,
Elle me redonnera forme.
Ainsi tu seras en moi pour toujours,
Et pour toujours je serai en toi.

Toi et moi, XIIIe siécle, Guan Daosheng, poétesse.


Et le troisième point capital dans les histoires à pépère c’est la bouffe, dont je te promets de parler dans le prochain commentaire, car si je te colle un de ses menus sous le nez maintenant, sans que t’es dévalisé le chinois d’en bas auparavant , ben tu vas m’en vouloir à mort.
Sache juste qu’il te file les crocs le camarde QX !


Encore bravo et merci à l’artiste...





我問你向前跳...
(Je vous demande de bondir en avant...)

lundi 18 février 2013

La musique du sang, Greg Bear

Monsieur Greg Bear, on dit ! Je sais, il a écrit des trucs un peu “durs”, des fois, mais c’est quand même le Môssieur qui a fait “Eon” et “Eternité” ; ça force le respect ! Alors et en premier lieu, sans faire sa crâneuse, sans barguigner, on salute l’artisse bien bas.

Ceci dit, là on tape dans le sévère, du moins au début, on se perd parfois dans cette foultitude de détails biologiques ; cellules procaryotes, eucaroytes, patriotes (heu...), ancêtres proto-cellulaires, nucléotides, ARN polymérases et toutim. Pfiou, ça pique un peu la tête et on est vite submergé si l’on a pas un doctorat en biologie moléculaire in the fouille.


Mais, ces quelques pages absorbées,  on retrouve le pur Greg Bear que l’on aime ; psychologie des personnages très fouillée au service d’une intrigue techno-apocalyptique inédite.
De la vraie Hard SF...
 
Vergil Ulam, un jeune biologiste très brillant mais un peu brouillon, met au point une variété de bio-chips intelligents dans le dos de son employeur. Quand le pot aux rose
s est découvert, il est lourdé dans les deux heures, aussi n’a-t-il plus comme moyen d’exfiltration que de s’injecter lui-même ces petites bestioles “intelligentes”.

Tu vois venir le coup, hein ? Pandémie fulgurant
e ; dispersion ultra-rapide d’une nouvelle forme de vie qui va phagocyter tous les organismes vivants de la planète.
Je ne te cacherai pas que ça va très mal finir pour tout le monde... mais je te laisse découvrir
les détails par toi-même en écoutant cette musique du sang.





Je vous demande de baisser votre froc...

dimanche 17 février 2013

Le café du pauvre, Phonphonse Boudarluche


Hé, hé... avant dernier épisode des vacances de la vie.
Quel bonheur de retrouver les tribulations putassières post-libération du camarade Phonphonse.
D’abord, connais-tu le sens exact de l’expression “Le café du pauvre” en argomuche ? Non ?
Rien à voir avec un honnête caoua, non, il s’agit justement de s’en passer car tu n’as même pas les moyens de t’en payer un de café ; du coup, et comme tu as du temps libre après la bouffe, tu passes directement à l’étape jambonnage à l’australienne de la daronne. Le mieux étant de l’attraper penchée sur l’évier, quand elle lavouille sa misérable vaisselle. On a les plaisir qu’on peut, hein ? Telle est la phisolophie du pauvre (quand il n’a pas de café).

Ouais, il est jeune et seulabre le Phonphonse dans ce Paris post-occupe. Fraîchement démobilisé, il tente deux trois fois de gagner sa tortore à l’honnête, dans des démarchages improbables, harassants et infructueux, mais il n’a pas la fibre musette-turbin, et surtout, il a le feu au calbut, la braguette en proie au priapisme. Je disais qu’il est jeune, il a des envies, des besoins à assouvir ; il sabre tout se qui se présente, de la catho coinçaresse à la trotskiste libérée en passant par la bouchère de quartier, il est prêt à épouser toutes les causes pour les enfourcher ses frangines éphémères.
Ça donne de savoureuses pépites, entièrement tricotées d’argomuche dessalé... Une régalade :

Je n’ai même pas le temps de la décarpiller un peu, de lui extirper du corsage toute sa laiterie !

Un instinct foudroyant, elle avait pour juger, jauger les mecs... leurs capacités sur le traversin. Je vais pas vous redétailler par le menu toutes nos galipettes érotiques... le funiculaire siamois... le gyroscope ardent !
...

Hélas, sa nature profonde le pousse plutôt vers la carrière voyoucrate et, ne fréquentant pas les bonnes personnes, il dérape gentiment sur la pente fatale ; premier recensement à la maison poulaga, il est presque mûr pour faire partie de l’honorable club de "messieurs les hommes" ! 

La suite au prochain épisode.




Je vous demande : avec ou sans sucre le café ?...

vendredi 15 février 2013

Un idiot à Paris, René Fallet

Goubi habite dans le trou du cul du monde, Jaligny, Allier (préfecture Moulins !) et c’est un bredin. 
Dans le sude on dit un fada. 
Oui mon cadet, un véritable idiot qui ne reconnaît pas sa gauche de sa droite. Enfant de l’A. P. (Assistance Publique), ouvrier de ferme, mal fagoté, sale comme le peigne qu’il abhorre, causant à peine français, ivrogne notoire, il a le look très (mais alors très) agricole.
Ceci dit il est gentil, les enfants du village lui jettent des pierres mais les animaux l’adorent.
Deux grands cons de cette campagne maudite, lui faisant une mauvaise plaisanterie de plus, vont aller le perdre à Paname.
Imagine ça, Goubi à Paris ! Bon, c’est les années 60, mais quand même...
Là, c’est un festival de conneries qui démarre. Il faut se remettre dans le style Fallet, hein ? se remémorer l’ambiance des Fallet/Audiar, Les vieux de la vieille, et toutim (je sais, le film Un idiot à Paris exisse, mais ça fait bien 40 piges que je ne l’ai pas revu !).

Bon, à Paname, l’ami Goubi va rapidement être pote avec un grossium des Halles (Monsieur Dessertine), avec Juliette, alias La Tasse (une pute et, accessoirement, sa future femme), avec Bidesque (le roi des clodos) et avec Minet (son colocataire de chat).

Finalement, il se débrouille très bien dans la capitale notre Goubi ; pas si desservi que çà par son handicap ou ses origines (ça en dit long au passage sur notre façon psycho-carcérale de vivre dans une grande ville, sur nos tropismes citadins), le Goubi va réussir à se bonifier et il redescendra dans son patelin en mode “fils prodige”. Rends-toi compte, une super gonzesse au bras, un couple de domestiques, une ferme clef en main, et, et, la 404 !
On a connu pire comme situasse, non ?

Merci Monsieur Fallet.




Je vous demande de ne pas la rayer...

mercredi 13 février 2013

Babycakes, Armistead Maupin (t. 4) Chroniques de San Francisco

L’Épisode 4 des Chroniques de San Francisco a tenu toutes ses promesses.         
Quelle agréable parenthèse, cher farang djihadiste. Du coup j’ai décidé de remettre à plus tard le burnaôut qui poignait à l’horizon... C’est pas facile, hein ? Putain de 2013...

Heureusement, l’ami Armistead, transsubstanti
é en bon pain par l'intercession de l’amie Céline, vient illuminer la grisaille hivernale de ce début d’année de merde.

Toujours la même tribu de gentils disjonctés sous la férule de Mme Madrigal. On assiste dans cet opus a un chassé-croisé entre le 28 Barbery lane, San Francisco et le 44 Colville Crescent, Londres. Oui, ce cher Mouse (Michael Tolliver) échange son appart avec le nouveau venu Simon Bardill,
lieutenant déserteur de la marine royale anglaise. Quiproquos et coups fourrés garantis !
Mary-Ann devra 
choisir un étalon reproducteur ; Brian ou Simon ? Mona la lesbienne radicale va convoler en juste noce avec un richissime fils de Lord (réglementairement homo, t'inquiète) et Mouse va faire son farang-californien dans les bars gays de Londres...

À hurler de rire quand tu captes - d’après la confession de Miss Treves, la nounou naine de Simon (et qui est sa mère en plusse, mais lui
, il le sait pas, chut...) - que la pauvre Mary-Ann a de fortes chances de donner le jour à un nain si elle mène son projet inséminatoire à bien.  
Mais aussi, à chialer sans retenue vers la page 260, quand Michael raconte l’agonie de Jon à Wilfred, son jeune voisin semi-aborigène et sauveur de renards londoniens en péril.
 
Du rire et des larmes sur fond de SIDA ; la Camarde s'incruste inexorablement dans les nuits fauves... 

Heureusement, une remarquable et salutaire effluve de sensemilia s’échappe encore de l’appart de Mme Madrigal... 
(pssst, fait tourner, Anna.)


 


Je vous demande de vous protéger...

lundi 11 février 2013

Retour à killybegs, Sorj Chalandon

Putain de Dieu ! 
Bouquin  secos, presque dépouillé et terriblement âpre.

Ça s’installe dans les tripes dès la première page ; Tyrone Meehan est un traître.
Le cœur historique de l’IRA vu par le truchement d’un traître !
Le point de vue est paradoxal mais réactualise singulièrement le cortège d’horreurs que nous infligeait les journaux télévisés des années 70-80 : Belfast, attentats dévastateurs, enfilades de maisons grises dans la poussière qui vole, blindés légers vomissant des soldats anglais, cocktail molotov... ça faisait un bruit de fond pendant les repas, quoi. Margaret Thatcher, ne cédait ni sur les mineurs, ni sur les prisonniers de l’IRA grévistes de la faim. La garce était si délicieusement détestable que ses ennemis en acquirent un vernis de légitimité, leurs luttes en devenaient plus justes.

Alors, comment un combattant aguerri et convaincu peut-il devenir un traître à sa cause ? Pourtant le scénar était en béton : nourri de catholicisme romain, de misère, de haine séculaire (depuis Cromwell, rends-toi compte !) envers les Rosbeefs et les protestants du nord, doté d’un vieux alcoolique, sa jeunesse volée par cette guerre éternelle, il avait tout pour faire le rebelle parfait ; tous les ingrédients de l’Irlande ordinaire focalisés sur ce digne représentant de la jeune génération pour en faire un parfait héros, et plus tard, un honorable retraité des cadres de l’IRA.
Ben ça n’a pas tourné comme ça pour sézigue ! À mi-parcours,  patatras, la faute, le faux-pas et l'enchaînement fatal. Le piège s’est refermé sur Tyrone ; baisé par les enculés d’en face et, fatalitas, obligé de faire la salope, de donner ses potes, mentir à sa femme... vingt ans d’ignominie lasse, vingt ans d’enfer et pour toute délivrance une fin parfumée à la chevrotine.

Le malaise est parfait car le style épuré de l’ami Sorj nous entraîne dans un aller-retour chronométrique entre passé et présent. Un récit syncopé d’une efficacité redoutable dans lequel tu croiseras même Bobby Sands et quelques autres martyres célèbres de l’IRA.

Avec ce bouquin, t’as en pogne le manuel du parfait schizophrène servi par une plume trempée de talent.

Sorj Chalandon est un ami bien amer.





Nous même, (Patrice Ier)...

vendredi 8 février 2013

Gagner la guerre, Jean-Philippe Jaworski

Ça n’a pas été une petite affaire que de la gagner cette guerre... y nous a fait péter un paveton l’ami Jean-Phi ; 980 pages de folio SF, pratiquement aussi épais que large, hè, 600 grammes bien pesé ! Gaffe les amiches, faut faire un gros caca avant de s’enfiler le morcif !


Bon, ne va cependant pas croire que mille pages m’effraient, non, couillon, le tchallenge c’était de le lire assez rapidement, et sans le bousiller. Ben essais, toi, de lire un calibre pareil sans qu’une ou deux ridules ne viennent vicieusement s’incruster dans le dos du livre, sans qu’il n’y ait une rupture, non pas tant brutale que verticale, de la colle sensée agréger uniformément sa fragile dorsale semi-rigide ; forcément, vers la six ou sept centième pages tu commences à éprouver des difficultés, toutes les positions (de lecture) ne sont plus autorisées, non, faut finir de se l’appuyer à la missionnaire, en quasi lévitation... sinon, crack, ton bouquin est définitivement coupé en deux à la page 745... et tu l’as dans le baba...
- Hein ? Pourquoi ?
- Ben, faut le rendre à Denix, après, et comme neuf si possible.
- ?…
- Non, je disais : sans avoir corné toutes les pages où t’auras surlign
é des trucs, gribouillé des commentaires lisibles que par toi, et surtout, surtout sans une fissure comac à la page 745 !

Ouais, Denix c’est mon ami ; des fois y me prête des livres. Des fois je les lui rends, des fois pas.
Du coup,  y se méfie l’animal, y pose des conditions (implicites), il a du mal à lâcher l’affaire, y veut des garanti
es... y fait son faux dur, son beau gosse profilé danseuse, quoi...

Brèfe, je suis quand même arrivé à boulotter son pavé sans trop l’abîmer : ouf !

Alors voilà, on retrouve avec un réel bonheur notre voyou favori qui enchanta une nouvelle de Janua Vera, Benvenuta Gesufal. Le maître assassin du Podestat Léonide Ducatore.
Le roman se déroule en grande partie dans l’uchronique cité-état Ciudalia (Gênes ?) en guerre contre le royaume de Ressine (Empire Ottoman ?).
Ce pauvre Benvenuta va très vite se retrouv
er submergé par les manœuvres vicieuses et dilatoires des puissants de toutes obédiences. Grosses et petites ficelles politiciennes en approche rapide. Heureusement qu’il est bourré de ressources notre Gesufal, il va en chier des briques tout au long de ce vaste et savoureux récit mais il réussira finalement à sauver sa couenne in extremis au prix d’un héroïsme qui, bien que involontaire, force le respect.

Un roman remarquable, très très agréable à lire et sans dec, je m’en serais bien tap
é le double.
Ce Jean-Philippe Jaworski est un véritable magicien du genre, c’était parfait.

Merci à Jean-Phi, et
merci à Denixmeux (À tes souhaits !...).




Je vous demande de vous faire désensorceler...