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lundi 31 décembre 2012

Rifteurs, Peter Watts

(Suite du  Starfish de novembre.)

Éventuel lecteur, là, il va falloir t’accrocher au joystick !
Ouais, ouais, je te vois arriver : 
- Pas de problème, j’aime la SF, j’ai lu tout mon Asimov et tout mon Bradbury, ceci-celà... chuis blindé... envoie le bois !
- Innocent, te répondrais-je, tu aimes la SF ? Ce n’est pas suffisant pour goûter la substance Wattsienne. Et de loin !
La Hard-SF des années 2010, la voilà ! Et ça ne se laisse pas faire, ça gigote, faut batailler, faut insister, faut wikipédier, sinon tu passeras à côté de l'essentiel, tu vas survoler... et te faire chier. Ce mec est goûteux dans les interstices, chais pas trop bien es quoi il est docteur le Peter, mais c’est minimum biologie&cervelle. Totalement synchrone avec ce qu’on entend chez Jean-Claude Ameisen le samedi matin et les articles les plus pointus du www..pourlascience.fr.

Sans faire ma bêcheuse, disons que le front d’onde quantique (en effondrement permanent) qui représente  le nombre de lecteurs homo sapiens sapiens capables de bander pour ce genre de SF ne dépasse pas quatre-cinq sur l’échelle des lecteurs que je côtoie régulièrement.
Tu ne me crois pas ?
Ok, voici la description qu’il fait d’un mini-holocauste dans une guerre des temps futurs ; c’est terriblement précis, élégant, et parfaitement monstrueux quand on réalise que ce sont des gens qui brûlent.
(Je te laisse deviner quel mot j’ai dû wikipédier et surtout quelle acception j’en ai gardé.)
...
La zone avait déjà été isolée. Il ne servait plus à rien de paniquer, les sages réflexes de fuite ne pouvaient plus rien donner. L’alerte n’avait été donnée que depuis quelques secondes et tout était déjà presque consommé.
Traversant les nuages, un bégaiement de laser turquoise précis descendit tracer une transversale de dix kilomètres. De minuscules aliquotes de sable et de chair se carbonisèrent à son contact. Des gouttelettes dans l’air saturé interceptèrent les rayons en transit qu’ils rendirent visibles aux yeux humains ; des fils d’argon si brillants et si beaux que vous risquiez une cécité subite et complète en les regardant. Rapides, de surcroît ; le spectacle de lumière prit fin avant même les premiers cris de douleur.
Le principe était simple : tout brûle. En fait, tout brûle avec un spectre spécifique, subtiles interactions de bore, de sodium et de carbone luisant sur leurs longueurs d’onde particulières, harmonie lumineuse unique à chacun des objets enflammés. En théorie, même la combustion de vrais jumeaux donnerait deux spectres distincts, du moment qu’ils n’avaient pas eu de leur vivant les mêmes préférences alimentaires.
L’opération en cours n’avait bien entendu nul besoin d’une résolution aussi fine.
Prenez cette parcelle de terrain stratégique. Est-ce un territoire ennemi ? Tracez une ligne à travers, mais en vous assurant qu’elle s’étend en zone sûre d’un côté comme de l’autre. Bien. Maintenant, échantillonnez tout du long. Transformez la matière en énergie. Lisez les flammes. Les extrémités de votre ligne sont les bases, les zones de vérités : leur lumière est celle d’un sol amical. Soustrayez ces longueurs d’ondes à ce que vous lisez au milieu. Appliquez à vos chiffres les stratégies habituelles pour prendre en compte les hétérogénéités dans l’environnement local.


Une vraie recette de cuisine, non ?




Souriez, vous allez être flashés...

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