Pages

jeudi 1 janvier 2015

Une forme de guerre, Iain M. Banks

Consider Phlebas, c’est le titre en vo.

On est encore dans T.S. Eliot si tu captes bien, La terre vaine...

Phlebas the Phœnician, a fortnight dead,
Forgot the cry of gulls, and the deep sea swell
And the profit and loss.
(Phlébas le phénicien, un mort de quinze jours,
A oublié le cri des mouettes, et la houle profonde
Et les profits et pertes.)

Mais là, on passe du titre au dernier chapitre, et je sens bien que ça ne va pas être suffisant si j’en reste là dans ce commentaire.

Pouf, pouf...

En fait, tout cela est la faute à l’autre François Baranger ; ce farang papilisable m’a remis les vaisseaux de la Culture en tronche avec son St Michel et surtout il me manquait : La Sonate Hydrogène, le der des der, pour boucler ce maître-cycle ouvert il y a plus de deux décennies.
Je sais depuis, hélas, que ce sera l’ultime opus car ce faux frère de Iain a becté son bulletin de naissance l’année dernière, bordel de merde !
Pour être honnête, j’en étais resté à L’Essence de l’art en 2102 et j’attendais que la Sonate Hydrogène sorte en poche… je n’avais pas calculé que l’artiste tirerait sa révérence dans l'intervalle… brrr, ça fout la caille, un mec de 54 ! Profil bas mes vieux gars, faut baisser la tête...

Alors voila ce que je te propose, nous allons toutes les deux tirer un dernier feux d’artifice en l’honneur du VSG (Véhicule Système Général) Banks ; on va à nouveau visiter toute notre Culture selon Saint Iain, et au final on découvrira cette ultime Sonate

Erstens sprechen über die Kultur : c’est quoi la culture ?
La Culture est une vaste société galactique, multiforme, pacifiste, décentralisée, anarchiste, tolérante, éthique, agnostique et cynique (Gérard Klein).

Tu vois, l’ami Iain, qui a dû faire ses humanités, prend l’essence des Lumières, en extrait l’utopie dérivée, La Culture, et en déduit une gouvernance éthique et post-anthropologique à l’échelle de la galaxie ; autrement dit, l’univers de Banks décrit une éthique de l'expansion, donc de la domination. Le moyen principal : la technologie. Les rouages et contingences de l’utopie sont formalisés dans le concept encore très 18ème de l’automate ; l’arbitrage de cette société est évacué vers les Intelligences Artificielles, les Mentaux ; une matérialisation de L’Übermensch de Nietzsche ; les deus ex machina qu’il est plus commode de supposer “bienveillants”, "justes" et "moraux". C’est le règne de Dionysos, et à part quelques âmes fortes, l’humanité est retombée en adolescence ; elle se laisse vivre et applaudit aux lointaines victoires qui jalonnent la guerre, car oui, guerre il y a, la guerre éternelle entre eux, les Idirans, et nous, les normaux, les hédonistes ; guerre édulcorée entre les barbares superstitieux et the civilisation… L'abbaye de Thélème au futur antérieur et en expansion permanente, quoi.
Évidemment, cette prosodie galactique est valable tant qu’on en reste à un niveau global, car qu'elle se situe dans 11 000 ans ou ici et maintenant, une culture basée sur l’éthique se heurtera forcement à moultes contraintes réactionnaires, inertielles, et convenons-en, fut-elle utopique et rabelaisienne, il faudra qu’elle se salisse les pognes ; tous ne sont pas d’accord avec les règles du jeu, il y en aura toujours qui voudront leur compte en Suisses, y aura toujours des zadistes, des chauffeurs de taxi, des sénateurs et des notaires… du monde à convaincre dans la galaxie ! Je parlais justement d’âmes fortes, elles auront toujours de quoi s’occuper avec la section diplomatique de la Culture “Section Contact”, et plus particulièrement au sein de sa branche d’espionnage et de renseignement : Circonstances spéciales
Et oui, c’est la guerre, faut barbouzer, faut des petites mains qui acceptent de faire le sale boulot !
CS, c’est la mauvaise conscience de la Culture avec les pognes dans la sanguette !

Sache nonobstant que je viens de te dorer la pilule, ch’t’ai fait un topo un peu idéalisé de la Culture car curieusement, le héros de ce livre est viscéralement anti Culture. Il a choisi le parti des Idirans, les ennemis tripodes et ultra religieux qui nous prennent pour des pédés et qui n’ont encore rien capté sur la loi de 1905… ça va leur faire chaud aux trois yeux de vouloir nous prendre pour des fiotes, mais chut ! Faut pas spoiler (bulle de l'anti-pape François B.).

On peut cependant préciser que dans ce premier opus, le merdier débute à bord du vaisseau Idiran dénommé Main de Dieu 137, qu’on passera un bon moment à bord de la TAC (Turbulence Atmosphérique Claire), que l’agent de la Culture s”appelle Pérosteck Balvédas, la diablesse espionne, que le héros a-culturé est un métamorphe nommé Bora Horza Gobuchul, et que tout cela se dénouera dans le Complexe de Commandement de la planète Schar où le drone Unaha-Closp donnera sa pleine mesure. Bien sûr tu n’auras pas été sans participer aux derniers instants de l’Orbitale Vavatch : grandiose !

Et, à la fin de la fin, on renoue avec T.S. Eliot ; Balvédas ramène le corps de Phlebas.

Avec ce premier tome de la Culture, Banks nous offre les plus belles heures de gloire de la SF made in England. On pourrait, bien que ce soit très laid, se risquer dans les comparaisons, et te viendra immédiatement à l'esprit des Dunes et autres Seigneurs de l'instrumalités, mais pour en rester chez les outre-manchiers, je dirais juste que c'est du calibre d'un Alastair Reynolds ou d'un Stephan Baxter… la leçon de philo en plus !

Next...


In Dr. Folamour
(pour les détails, voir avec Patriçounet)



Hiii Haaaa...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire