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samedi 3 janvier 2015

L’usage des armes, Iain M. Banks

Ne t’y trompe pas, farang-tout-juste-deux-mille-quinzard, les véritables armes de Circonstances Spéciales sont des humains et Cheradenine Zakalwe en est un parfait exemple.
Tu peux bien avoir moultes potentialités technologiques, t’appuyer sur les dernières capacités méta-ontologiques de Mentaux particulièrement vicieux, utiliser ad nauseam les services de drones mortellement astucieux, il te faudra toujours un humain dans l’équation ; du biologique, du viscéral, de l’ADN aléatoire… 
Tu l’auras compris à la fin, c’est nous le sang et la sueur de cette putain de Culture ! Et Zakalwe est notre champion.con.

Zakalwe c’est le Bob Denard de la Section Contact ; faut pas lui en promettre à cézig, il est capable de tout, même de se faire décapiter au cours d’une mission chez les zoulous estraterrestes…
 
Cheradenine Zakalwe c’est la substantifique moelle de Circonstances Spéciales, la viande et les gonades en proie à l’hubris qu’il s’agit d'opposer aux « Aliens récalcitrants » que la Culture rencontre dans son expansion galactique (façon Dominium Mundi). Ce n’est pas toujours propre, mais c’est efficace, et finalement, ça règle bien des problèmes qui, sinon, ne feraient qu’indisposer le paroissien de base, celui qui veut bien tout ce qu’on voudra, mais dont il est hors de question de gâcher les vacances sur l’Orbitale de Megève avec de vagues considérations sur les lointaines guerres extra-stellaires ou sur les droits bafoués de quelques pensionnés orange d'un Guantánamo universel… Merde !   

Zakalwe c’est le mec qui efface toutes les couches d'abstractions créées par la Culture ; c’est  le socle premier, les nerfs et l’action… L'instinct du prédateur. Il s’agit, bien sûr, d’un homme tourmenté, au passé trouble, issu d’une sous-civilisation assez barbaresque, très look « Empire 19e », et qui va avoir un destin fabuleux et terrifiant.
La geste d’un moine guerrier de Circonstances Spéciales, servie, il est vrai, par un style jusqu’alors inédit de Iain M. Banks. En effet, la construction de ce livre est exceptionnelle ; deux flèches qui se croisent. Une merveille en deux temps.
Le présent du début du livre est le passé de sa fin… et vice versa… un chapitre sur deux…
La première fois que j’ai lu L’usage des armes, en 1992, j’ai mis plus de la moitié du bouquin à comprendre ce qui m’arrivait.
Deux récits : un qui part du début et l’autre de la fin, et qui s'emboîteront pile au milieu pour formaliser la vie de… de qui, au fait ?
Et quelle fin ! Ou quel début... incroyable !
Le Moine de Lewis flirtant avec Le Marquis de Sade dans une version œcuménique et libertaire du Space-Opera ?

Sûrement le livre le plus abouti de toute cette première partie de la Culture, celle écrite dans les années 90, en gros.

Ah, merci ami Iain, c’était parfait, vraiment, et je plains sincèrement les âmes malchanceuses qui n’ont jamais goûté à la saveur poétique de tes champs scalaires…



©Les tontons flingueurs

- Pfiou, dis-donc, j’le connais pas celui-là, il est nouveau ?
- C’est le petit dernier de chez Beretta, je te le conseille pour
le combat de près, et puis pour les coups à travers la poche, dans le métro, dans l’autobus. Mais, note, hein, faut en avoir l’usage, sans ça, au prix actuel on amortit pas…
- Heu, le prix s’oublie, la qualité reste, c’est pas l’arme de monsieur tout l’monde…

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