« Pour être esclave, il faut que quelqu’un désire dominer et, qu’un autre accepte de servir ! »
Avec ce discours le camarade Étienne nous décortique le pourquoi du comment de cette simple évidence.
Pour lui, tout cela sous-tend que le cadre de sa réflexion se situe forcement à l’intérieur d’une tyrannie et il voit trois champs d’applications nécessaires et suffisants :
Pour lui, tout cela sous-tend que le cadre de sa réflexion se situe forcement à l’intérieur d’une tyrannie et il voit trois champs d’applications nécessaires et suffisants :
« Il y a trois sortes de tyrans. Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race. »
Effrayé, tu constates qu’un tyran peut être élu…
Ok pour la force des armes et pour la succession de race, mais l’élection ? ! … ‘tain ! On nous aurait menti ? Bouuh !
Remarque bien qu’il suffit de constater le nombre de malfaisants qui se font élire pour en être convaincu ; n’as-tu jamais voté pour un signalé sagouin qui n’a vraiment pas les mêmes intérêts que toi ? Hein ?
La démocratique serait donc une autre forme de tyrannie ?
N'en doute plus, farangosaurus-rex ! Note cependant que c’est sûrement la moins pire car elle permet l'émergence d’une classe moyenne, et tu en conviendras, c’est déjà pas mal que des gueux héréditaires comme toi et moi puissions survivre à l'hiver qui vient, confortablement installés, mais c’est un fait, en votant tu délègues l’usage de ta liberté à un tiers que tu désignes comme étant supérieur à ta petite personne.
Bref, quelque soit les modalités de la tyrannie (élection, force ou succession), pour que tout le merdier fonctionne correctement il faut donc que tu acceptes de jouer le jeu, il faut que tu sois lâche.
Mais comment ça marche concrètement ?
[...] ce ne sont pas les armes qui défendent un tyran, mais toujours (on aura peine à le croire d’abord, quoique ce soit l’exacte vérité) quatre ou cinq hommes qui le soutiennent et qui lui soumettent tout le pays. Il en a toujours été ainsi : cinq ou six ont eu l’oreille du tyran et s’en sont approchés d’eux mêmes, ou bien ils ont été appelés par lui pour être les complices de ses cruautés, les compagnons de ses plaisirs, les maquereaux de ses voluptés et les bénéficiaires de ses rapines. Ces six dressent si bien leur chef qu'il en devient méchant envers la société, non seulement de sa propre méchanceté mais encore des leurs. Ces six ont sous eux six cents, qu’ils corrompent autant qu’il ont corrompu le tyran. Ces six cents en tiennent sous leur dépendance six mille, qu’ils élèvent en dignité. [...] et qui voudra défiler le fil verra que, non pas six mille, mais cent mille et des millions tiennent au tyran par cette chaîne ininterrompue qui les soude et les attache à lui [...] En somme, par les gains et les faveurs qu’on reçoit des tyrans, on en arrive à ce point qu’ils se trouvent presque aussi nombreux, ceux auxquels la tyrannie profite, que ceux auxquels la liberté plairait.
…
Clair et limpide et ça donne une jolie pyramide, non ?
Hélas, si le problème est exactement posé, la Boétie n’envisage aucune solution concrète qui permettrait de s’affranchir des fers d’une tyrannie car il sera certes le petit prodige que l’on sait, très pote avec Montaigne, mais il sera aussi partie prenante du système et comme la majorité des soumis il n’envisagera pas sa liberté. Il a choisi de profiter de ses chaînes.
Attention, aucune acrimonie dans mon propos car bien que très jeune quand il écrivit son discours, l’ami Étienne avait bien compris que le champ d’action de sa critique du pouvoir devait se situer à distance d’icelui ; et oui, 1530-1563, ce sont les Valois qui ont les manettes en pognes, les voila les tyrans de son époque : François Ier et Henri II, et ils étaient peu réputés pour leur bonhomie et leur tolérance ; plutôt enclin à faire tuer des gens, disons. L’a été malin et prudent le Tiénou, il se cantonnera à l’antiquité, avec quelques allusions plus contemporaines de-ci de-là, mais ce n’était pas le moment de se fâcher avec le prince et sa basse-court.
Ceci dit, il avait déjà de la tablature avec les grecs et les romains ! Question mâle alpha, ils ont donné le "la" tous ces illustres ancêtres !
Donc attention, petit livre, mais bonnes questions, surtout si tu songes qu'il a été écrit en 1549 !
Merci à l’ami Étienne pour la piqûre de rappel.
Tyrannosaurus-Adolphus |
Vive le tyran Charlie Chaplin... Aïe !
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