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dimanche 14 septembre 2014

Fuck America, Edgar Hilsenrath

Je suis toujours en pleine cure de Thalessothérapie.
Oui, après ma récente initiation au Hilsenrath par la Pimprenelle championne de relais 4x100m 4 nages inter-Länders, l’inaltérable Béatrix, Duché de Saxe-Meiningen, v’la-t-y pas que le spéléologique chevalier Bertrand a pris le relais et me pousse désormais sur les pentes du vice… Après Pimprenelle, il ne manquait plus que Nounours im self !

Fuck America, c’est l’histoire du jeune réfugié juif allemand, Jakob Bronsky, qui a survécu à plusieurs années de ghetto dans l’Europe des heures noires. Nous sommes en 1950 à New York. Hélas, la vie de Jakob Bronsky tient plus du semi-clodo que du loup de wall-street et, de petits jobs en petits jobs, il va laborieusement survivre dans la grande ville. Ceci dit, ce n’est pas un adepte du labeur, ce n’est pas un trimard, et, quand il ne cherche pas un logis ou un boulot, il consacre la majeure partie de son temps à l’écriture d’un roman : Le Branleur. Non, je ne te dis pas que c’est un branleur (quoique) mais c’est le titre de son bouquin.
Pour lui, the Big Apple sera donc synonyme de la valse des petites embrouilles, des petites rapines, des petits garnis, des putes qui te sucent pour trois dollars, à même le trottoir, contre une bagnole, bref, son rêve américain va vite coïncider avec le règne de la frugalité et du sordidos.

Dans son style toujours aussi déjanté, avec cette écriture extraordinaire et jubilatoire, l’ami Edgar Hilsenrath nous dépeint une Amérique cynique et détestable.

...

Celui qui dans ce pays désire une fille qui ne tapine pas et n’est pas une call-girl ou quelque chose dans le genre - une fille de l’autre espèce si l’on peut dire -, pour celui-là, l’amour dépend avant tout de l’aura de réussite qu’il est tenu, en tant qu’homme, de dégager. Si toi, Jakob Bronsky, tu devais rencontrer une telle fille, elle se posera les questions suivantes : Qui est Jakob Bronsky ? [...] Que sait-il, Jakob Bronsky, de l’american way of life ? Sait-il, Jakob Bronsky, que seule la réussite compte, et rien d’autre ? Est-ce un mec qui écrase l’autre sans le moindre scrupule tout en croyant au bon Dieu ? Sait-il que notre monde est un monde paradisiaque ? Croit-il, Jakob Bronsky, à l’infaillibilité de notre système ? Connaît-il les idéaux de nos ancêtres, ceux arrivés avec le premier navire, le Mayflower, et que pense-t-il de la culture Coca-Cola ? Croit-il, Jakob Bronsky, au rêve américain ? Va-t-il un jour posséder une voiture flambant neuve, des costumes de prix, une maison ou un appartement à lui dans les quartiers en vogue de l’East-side ? Ses revenus dépasseront-ils les cent cinquante dollars par semaine de sorte qu’on puisse dire : celui-là, il vaut cent cinquante dollars, minimum ! Claquera-t-il, ne serait-ce qu’une fois, cent balles en une soirée par pure exubérance, juste pour me montrer qu’il en a les moyens ? M’invitera-t-il à Las Vegas ? Croit-il, Jakob Bronsky, à l’intérêt de devenir membre d’un Country Club et que fait-il pour y parvenir ? Va-t-il falloir que je subisse sa bite ? Est-ce que ça vaut le coup ? Car, au bout du compte, je voudrais me marier un jour, puisque c’est ce qu’on attend de moi. Car, au bout du compte, je voudrais aussi divorcer un jour pour encaisser ma pension alimentaire. Sera-t-il, Jakob Bronsky, un jour en mesure de payer une pension alimentaire, Jakob Bronsky, ce vieux clodo qui prétend avoir vingt-sept ans ? Non, Jakob Bronsky. Tes gribouillages ne m’intéresse pas. Ta trique encore moins. Douche ta bite à l’eau froide !


On est bien d’accord, Edgar Hilsenrath ne porte pas les ricains dans son coeur ; qui pourrait l’en blâmer ?

Encore merci à l’ami Bertrand pour la suggestion, un pur régal, c’était parfait.




- Mais bordel, qui vous a demandé de tirer ? !
- Chef, un des enculés d’en bas vient de dire : ”Fuck America” !
- Ah, ok, ok ...

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