Dans le règlement du Camp 14 il existe dix lois à respecter absolument.
Dans ces dix diktats il y a quinze fois l’expression “ Toute personne qui ne … sera abattue sur-le-champ”.
Le dixième commandement est :
10. Les prisonniers qui violent les lois et le règlement du camp seront abattus sur-le-champ.
Au
moins là c’est clair ! Si t’es pas d’un tempérament excessivement
suicidaire, ça doit inspirer une certaine prudence, surtout que le
sixième commandement stipule que :
6. Les prisonniers doivent se surveiller les uns les autres et dénoncer immédiatement tout comportement suspect.
Et ceci en ayant bien pris en compte le quatrième commandement :
4. Il faut obéir inconditionnellement aux gardes.
Etc.
Quand
tu élèves des gens dans des conditions pareilles faut pas s’étonner
après que le résultat ne soit plus du tout humain (je ne parle pas que
des pauvres bougres, je parle aussi des gardiens !).
Ouais, pour justifier l’emprisonnement politique, “la semence des traîtres doit être exterminée sur trois générations” a décrété le tristement célèbre Kim Il-Sung, grand-père de l’actuel
ignoble bouffi Kim Jong-Un, et ce dès 1950. Là ce n’est plus de la
simple cruauté envers le peuple sous couvert de communisme, là c’est de l’eugénisme ! Et cette ignoble
dynastie de mafieux pervers s’obstine depuis lors à séquestrer fils et
petits-fils d’anciens ennemis dans des camps de concentration ; des
prisons à l’intérieur de la plus grande prison à ciel ouvert de la
planète, l’atomisation carcérale inter-générationnelle à l’échelle d’un
pays. Là-bas, tu peux te retrouver en enfer du jour au lendemain juste
par ce que ton oncle a craché par terre un jour ou le règlement
l’interdit.
Après plus de 23 ans d’enfer carcéral, l’ami Shin Dong-Hyuk, l’involontaire et pourtant bien réel “héros”
de ce récit, est une des rares personnes ayant eu la possibilité de
s’échapper de cet horrible merdier. Ce mec est né et a passé plus de
vingt ans dans les geôles de la charogne Kim Jong-Il. Quand il était
petit, au Camp 14, l’instit n’avait pas seulement une baguette en bois
avec laquelle il pouvait légitimement frapper à mort une fillette
affamée qui aurait volé cinq grains de maïs, non, il possédait en outre
un revolvers au ceinturon ; oui, ne jamais oublier les points 4 et 10 du
règlement, hein ? Rappelle-toi bien, farang-gréviste,
qu’en Corée du Nord les kaïras des banlieues nord ne bousculent pas
impunément le prof d’histoire-géo sans en subir immédiatement les
conséquences décrites par le règlement : “ Toute personne qui ne … sera abattue sur-le-champ”. Ça calme les ardeurs juvéniles ; ch'uis sûr que dans ce pays l’éducation nationale n'affronte aucune crise des vocations.
Mais brèfe...
Tu
l’auras compris, Shin ainsi que la majorité de ses concitoyens ont eu
une vie de merde. Lui a réussi à se tirer, j’ai cependant cru comprendre
qu’il reste encore 200 000 mille prisonniers politiques (au bas mot)
dans ces camps et que vingt millions de personnes à peine moins
martyrisées tentent de survivre dans ce méchant pays.
Le
gars qui a écrit ce livre, Blaine Harden est journaliste (The Economist
et il fut l'ancien chef du bureau du Washington Post). C’est donc un
récit écrit sans ambages littéraires, sans circonvolutions romanesques ; c’est factuel, précis et conjugué au présent. On prend la vie de Shin par un bout
et on tire la ficelle. La pelote ubuesque se dévide d’elle même, de
façon linéaire et l’horreur s’ajoutant à l’horreur on passe par toutes
les nuances de l’indignation.
Je
pense qu’à l’instar de la matière noire et de l’énergie noire, il
existe une humanité noire. La clique de ces tristes salauds a déjà eu de
nombreux zélotes si l’on songe à tous les Hitler, les Staline, les Mao
et autres Pol-Pot qui ont sévi ne serait-ce qu’au vingtième siècle,
mais disons que ces fumiers sont dans les livres d’histoire à présent,
on peut prendre un peu de recul peut-être. Là ce n’est pas le cas, cette
ignoble crapule de Kim Jong-Un est tristement actuelle, ça existe
maintenant ! Ça continue encore ce jour d’hui... rien que cette idée est
insupportable !
Bon,
tu l’auras compris, ce bouquin est terrible, monstrueux, indispensable
et disponible sur mon bureau.
M’enfin, il est dispo si Chacha veut bien
vous le prêter car figure-toi que c’est elle qui me l’a passé ! Ouais,
MonCha à moi que j’ai en propre, ma fillotte, cette détestable ado que
j’avais presque renoncé à faire lire... Là, elle m’a eu à la
surprenante, la môme ; j’en suis resté sur le cul quand la gourgandine
m’a refilé le bouquin en pogne.
Hè, si la K-pop amène nos chères têtes blondes à lire des choses de cette sorte, ben, moi j’dis : vive la K-pop, bordèle !
Salopard ! |
Putain, j’en vois un autre qui s’échappe !
Je vous demande de tirer ! ...
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