Magistral !
Mais
très, très gros morceau à ingurgiter. Pratiquement mille pages dans un
vieux folio de 1992 écrit tout petit petit. Six jour de labeur ;
impossible d’avaler plus de deux cents pages à la fois tant c’est dense.
Je commence à le craindre le frère Hugo ; il m’ a appâté avec ses
Boudarluche et ses Audiard, et là, blang ! Le coup d’bâton... voir si je
demanderais grâce. Y me teste le chameau ! Mais y connait pas Raoul,
etc.
Quelle
leçon de géopolitique moyen-orientale, mes cadets ! Que de toponymes
étrangement familiers, tristement actuels, qui fleurent encore la poudre
et le gaz sarin : Alep, Damas, Homs, Déraa, etc.. Y sont pas sortis
d’la berge les lascars, crois-moi ; sont pas prêts de vivre dans une
société apaisée les malheureux. Y aura toujours une tribu ou un clan
plus fort et plus malhonnête que les autres pour les dominer, les
assujettir, et ce, sans compter avec toutes ces conneries religieuses
prisent au pied de la lettre, tous leurs curetons enturbannés, sûr que
ça aide pas.
Les arabes ont raté l’occas d’une Pan-arabica uber alles
en étant incapables de prendre à leur compte la vision du camarade
Thomas Edouard Lawrence ; l’aurait pu être un grand nouveau prophète,
l’unificateur de la nation arabe, cézigue, si seulement il n’avait pas
été un perfide rosbeef. Quel peuple ça aurait fait ! Çà aurait eu d’la
gueule un truc pareil ; t’imagine l’Arabie Unie en 1918 ? Ben non,
c’était pas pour cette fois et on sait comment tout cela a tourné : néo dominium mundi
entre les deux guerres, puis fascisme pseudo-laïque, théocratie
moyenâgeuse, ou kleptocratie institutionnalisée après la décolonisation ;
t’as le choix !
Mais trèfle de blatérations, passons enfin à la moelle de ce bouquin.
Mais trèfle de blatérations, passons enfin à la moelle de ce bouquin.
Si, comme moi, tu n’as pas vu le film, sache, farang presque patibulaire,
que ça se passe pendant la Grande Guerre, en Syrie (tiens, tiens,
déjà...). Ouais, le Turc, encore extrêmement envahissant en cette
saison, s’est allié avec les casques à pointes de l’ami Guillaume II, et,
pendant que poilus et fritz s'étripent méchamment à Verdun, lui (le
Turc) fait son marché dans ses environs : arméniens, arabes, italiens à
l’occas, etc., tout lui fait ventre à ce goulafre.
Bon,
anglais et français ouvrent un deuxième front au moyen-orient, histoire
de perturber le teuton acariâtre. Las, ça démarre mal avec la chienlie
des Dardanelles et ça s’annonce plus dur que prévu, mais les zanglais se
mettent l’Émir Feyçal in the pocket (un cador local), lui fournissent
des armes, du pognon et surtout, le gars Thomas Edouard Lawrence, le
fameux Lawrence d’Arabie, donc. Et là c’est un festival de plusieurs
centaines de pages extrêmement rustiques et factuelles qui s’ouvre, ça
frôle le journal de bord, la ship’s log. Longues marches d’approches à
travers une nature plutôt minérale, combats, puis longues marches de
replis.
On
assiste à une guerre de harcèlement tout le long des lignes Turques. Le
Lawrence a l’art et la manière de fédérer temporairement les tribus
arabes et de les entraîner à sa suite pour aller pourrir la vie de
l’envahisseur Ottoman. En fait, le Feyçal, son chef putatif disons,
roule totalement pour les anglais (qui n’en demandaient peut-être pas
tant) et leur offre une deuxième armée presque gratos. Le front devient
protéiforme, la meute de Lawrence frappe partout où le Turc est faible.
Le pari qu’a fait le commandement Britannique est payant car les actions
de sapes de notre ami permettent de dégager des troupes plus
conventionnelles sur d’autres théâtres d’opérations. Ouais, faut bien
s’imaginer que ça flingue partout à l’époque, en Europe, en Égypte, au
Soudan, en Syrie... Y a du taf à gogo pour l’honnête fusiller anglais,
pis des vraies bastons, artillerie lourde et tout le tremblement.
Du
coup, le bon Lawrence a les coudées franches pour mordiller le cul des
Turcs avec sa guérilla bédouine. Rappelle-toi que le chameau est l’ami
de l’homme dans ce bled et que la nature est hostile... en toutes saisons
!
Brèfe,
ça finira par une victoire frustrante pour le gars Lawrence et ses
troupes brouillonnes. Mais, t‘inquiète, ça finit bien pour nous, le Saint
Empire Occidental. Oufe !
Je te conseillerais bien de lire ces piliers de la sagesse, mais fais pas les sept d’un coup, ça va te démoraliser si tu n’es pas un lecteur opiniâtre. C'est épuisant...
Je vous demande de blatérer...
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