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mercredi 5 juin 2013

Les sept piliers de la sagesse, T. E. Lawrence

Magistral !

Mais très, très gros morceau à ingurgiter. Pratiquement mille pages dans un vieux folio de 1992 écrit tout petit petit. Six jour de labeur ; impossible d’avaler plus de deux cents pages à la fois tant c’est dense. Je commence à le craindre le frère Hugo ; il m’ a appâté avec ses Boudarluche et ses Audiard, et là, blang ! Le coup d’bâton... voir si je demanderais grâce. Y me teste le chameau ! Mais y connait pas Raoul, etc.


Quelle leçon de géopolitique moyen-orientale, mes cadets ! Que de toponymes étrangement familiers, tristement actuels, qui fleurent encore la poudre et le gaz sarin : Alep, Damas, Homs, Déraa, etc.. Y sont pas sortis d’la berge les lascars, crois-moi ; sont pas prêts de vivre dans une société apaisée les malheureux. Y aura toujours une tribu ou un clan plus fort et plus malhonnête que les autres pour les dominer, les assujettir, et ce, sans compter avec toutes ces conneries religieuses prisent au pied de la lettre, tous leurs curetons enturbannés, sûr que ça aide pas. 

Les arabes ont raté l’occas d’une Pan-arabica uber alles en étant incapables de prendre à leur compte la vision du camarade Thomas Edouard Lawrence ; l’aurait pu être un grand nouveau prophète, l’unificateur de la nation arabe, cézigue, si seulement il n’avait pas été un perfide rosbeef. Quel peuple ça aurait fait ! Çà aurait eu d’la gueule un truc pareil ; t’imagine l’Arabie Unie en 1918 ? Ben non, c’était pas pour cette fois et on sait comment tout cela a tourné : néo dominium mundi entre les deux guerres, puis fascisme pseudo-laïque, théocratie moyenâgeuse, ou kleptocratie institutionnalisée après la décolonisation ; t’as le choix ! 
Mais trèfle de blatérations, passons enfin à la moelle de ce bouquin.

Si, comme moi, tu n’as pas vu le film, sache, farang presque patibulaire, que ça se passe pendant la Grande Guerre, en Syrie (tiens, tiens, déjà...). Ouais, le Turc, encore extrêmement envahissant en cette saison, s’est allié avec les casques à pointes de l’ami Guillaume II, et, pendant que poilus et fritz s'étripent méchamment  à Verdun, lui (le Turc) fait son marché dans ses environs : arméniens, arabes, italiens à l’occas, etc., tout lui fait ventre à ce goulafre.
Bon, anglais et français ouvrent un deuxième front au moyen-orient, histoire de perturber le teuton acariâtre. Las, ça démarre mal avec la chienlie des Dardanelles et ça s’annonce plus dur que prévu, mais les zanglais se mettent l’Émir Feyçal in the pocket (un cador local), lui fournissent des armes, du pognon et surtout, le gars Thomas Edouard Lawrence, le fameux Lawrence d’Arabie, donc. Et là c’est un festival de plusieurs centaines de pages extrêmement rustiques et factuelles qui s’ouvre, ça frôle le journal de bord, la ship’s log. Longues marches d’approches à travers une nature plutôt minérale, combats, puis longues marches de replis.
On assiste à une guerre de harcèlement tout le long des lignes Turques. Le Lawrence a l’art et la manière de fédérer temporairement les tribus arabes et de les entraîner à sa suite pour aller pourrir la vie de l’envahisseur Ottoman. En fait, le Feyçal, son chef putatif disons, roule totalement pour les anglais (qui n’en demandaient peut-être pas tant) et leur offre une deuxième armée presque gratos. Le front devient protéiforme, la meute de Lawrence frappe partout où le Turc est faible. Le pari qu’a fait le commandement Britannique est payant car les actions de sapes de notre ami permettent de dégager des troupes plus conventionnelles sur d’autres théâtres d’opérations. Ouais, faut bien s’imaginer que ça flingue partout à l’époque, en Europe, en Égypte, au Soudan, en Syrie... Y a du taf à gogo pour l’honnête fusiller anglais, pis des vraies bastons, artillerie lourde et tout le tremblement.
Du coup, le bon Lawrence a les coudées franches pour mordiller le cul des Turcs avec sa guérilla bédouine. Rappelle-toi que le chameau est l’ami de l’homme dans ce bled et que la nature est hostile... en toutes saisons !


Brèfe, ça finira par une victoire frustrante pour le gars Lawrence et ses troupes brouillonnes. Mais, t‘inquiète, ça finit bien pour nous, le Saint Empire Occidental. Oufe !


Je te conseillerais bien de lire ces piliers de la sagesse, mais fais pas les sept d’un coup, ça va te démoraliser si tu n’es pas un lecteur opiniâtre. C'est épuisant...








Je vous demande de blatérer...

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