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jeudi 20 juin 2013

Les mystères de Paris, Tome I, Eugène Sue

Ouais, farang-médiéviste, je me branche enfin sur Eugène Sue ! 
Je t’accorde que ça me rend humble ; arriver à l’orée de la mauvaise cinquantaine sans avoir ne serait-ce que feuilleté un Eugène Sue... tu parles d’un palmarès ! Ça me troue des trucs comm’ ça. Mais comment vais-je faire pour tout lire avant de mourrireux ? Tout ce qui va m’échapper, mes cadets... ça me... j’en... Argh... couic !
Bon, crêves de tonneries....

Quant au pedigree de cette chose-fleuve, farangus obtus, dans le premier tome Des mystères de Paname du camarade Gégène il y a du Zola et du Hugo pour l’ambiance, ça c’est sûr (pour autant sans jamais prétendre à l’excellence de ces deux là, hélas), un peu de Balzac et de Dumas pour la partie fleuve de la chose... et surtout, il y a ce truc étonnant, l’argot des mauvais garçons plein 19ème (pas l’arrondissement, connard !). Pis faut t'accrocher au début, bien suivre les notes car tu ne capteras pas forcement que le boulanger c'est le diable, par exemple. Le contexte étant les bas-fonds du Paris des années 1838, on assiste à la genèse d’un pur argot parisien ; bien plus tard ça donnera la sublime et inégalée jactance de Simonin.

Le Gégène a imaginé un super-héros redresseur de tords, un don quichotte de la Haute, un Superman avant le siècle, mais entention : c’est un prototype très 19ème, ch’te l’ai déjà dit, chacun à sa place, hein ? Pas de confusion, le Rodolphe est très certainement une noble âme, ça, je te l’accorde, il possède un fragile verni socialo, soit, mais tout le monde revient bien à sa place à la fin ; si t’étais un traîne-savates avant que l’ami Rodolphe s’occupe de ton cas, après que les enzimes nettoyeurs soient bien passés partout, que justice te soit rendue, ben tu te retrouveras peut-être Chef-des-pousseurs-de-mégots, là-bas dans les colonies nord-africaines, mais pas plus, hein ? Sans dec, on va quand même pas mélanger les genres, merde ! Serviettes à droite et  torchons à gauche. 
Faut bien se figurer la pyramide sociale sous Louis-Philippe Ier ; simple et tu ne vas pas être trop dépaysé :

T’as d’abord la masse du peuple, la vulgate, les prochains quarante huitards, les îlotes de la ville basse et des campagnes profondes, la vaste couche des humbles, des sacrifiables, des métèques, des juifs errants, des roms nettoyeurs de pare-brise et des informaticiens ; toi et moi, quoi.

Après t’as les bourges, beaucoup moins nombreux... des enfoirés directeurs de banque ou de super-marché, soit, mais avec bien plus de blé et de possibilités que toi, pauvre con !

Pis t’as la crème, the élite Louis-philipparde, les gus de la Haute ; les héritiers de familles, les politicards de haut vol, les nobles dont les aïeux ont été assez malins et nantis pour échapper au rasoir de la place de Grève, quelques individus à la discrétion proportionnelle à leur fortune ; pouvoir et pognon, disons... ça reste assez flou et cependant familier cette monarchie de juillet, non ? Sauf que maintenant les gros malins sont moins pudiques, moins discrets... plus bling-bling.

Tu l’auras compris, le Rodolphe de Gerolstein (Zorro, donc) c’est pas du toc, c’est du nobliau teuton doré sur tranche. Môssieur ne prétend pas, c’est pas son genre, Môssieur certifie, commande aux zévènements, Môssieur rend la Justice... bien sûr, faut des fois crever des yeux et casser des membres, commettre quelques putasseries pour la bonne cause, mais Dieu reconnaîtra bien les siens à la fin, t'inquiète.
Qui plus outre, il est beau, athlétique, intelligent et inflexible ; un peu comm’ moi, quoi.


Ben, malgré toutes ces qualités, tout ce glamour prudhommesque, je ne l’aime pas bien le camarade Judge Dredd-Rodolphe, grand-duc de mes deux.  C’est finalement un gros réac et il va rejoindre cette crapule de Solal au pinacle des héros qui m'horripilent le bulbe.
Je n’ai rien contre Eugène, au contraire, mais je n’aime pas du tout la mentalité du Rodolphe et de sa commisération vengeresse. Chuis dans le même dilemme qu'avec l'ami Cohen et son Solal : je veux bien reconnaître que l'auteur possède certaines qualités (énormes dans le cas du Cohen), mais je déteste le personnage principal de son roman !


J’ai cependant bien aimé la Goualeuse (Fleur-de-Marie), le Chourineur, Rigolette, les époux Pipelet...
J’ai réglementairement détesté la Chouette, Bras-Rouge, Le Maître d’école et tous les autres malfaisants de cette curieuse épopée.

Je ne sais pas si je vais insister sur Ces Mystères de Paris, mais ce qui est sûr c'est que je compte encore fréquenter l'ami Eugène, quitte à affurer un de ses romans maritimes... ou le Juif errant... mais plus tard, j'ai plein de nouveaux trucs sur le feu.


Ze masked avenger



Rodolphe, chère âme, je te demande de m'épouser...


1 commentaire:

  1. Le Spiralwebman21 juin 2013 à 23:34

    Que du yes, ma pougne, parce que tu le vaux bien et que tous ces connards de webparasites sont même pas foutus d'avoir des opinions, ça me navre. Lâche pas la rampe !

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