Pages

samedi 17 novembre 2012

La nuit, le jour et toutes les autres nuits, Michel Audiard

Une nouvelle Hugolade.
Merci pour cette tranche de lucidité corrosive.
Si t’as jamais cru qu’Audiard était un rigolo, ben tu t’es mis le fingueure dans le noeilleux. Là, dans le crépuscule de la cinquantaine, il convoque tous ses vieux démons, se délivre de toutes ses rancoeurs, s'exorcise ; il s’écorche à pleines pages.
Et c’est de l’Audiard supérieur ; un Audiard acide, désabusé et délicieux, un vinaigre exquis...
On sait tous qu’il a été un dialoguiste extraordinaire, hélas piètre réalisateur (on lui pardonne), mais là, c’est un véritable écrivain. Un bon. Un qui fait vibrer. 
Il y a du Boudard, du Simonin, de la misanthropie et c'est presque aussi bon que du Céline. C'est extra.

Atche con, je t’en balance une lichouille, à la régalade :


Les femmes qui me causent au restaurant ou au lit, comme ça arrive un peu des fois, de moins en moins, parce que ça ne m’excite plus beaucoup, me font souvent la remarque : “ Tu as l’air ailleurs.” Elles se demandent où. Je suis dans mes petits cimetières de la périphérie à compter et recompter mes morts, à faire des totaux, à me demander ce que je fous là, à cette table ou à ce plumard, à bouffer des belons ou à brouter une femme de lettres, des choses qui feraient tellement plaisir à d’autres, par exemple à de jeunes poètes ou à des travailleurs immigrés. J’ai rien de spécial contre les travailleurs immigrés, ils ne sont ni plus répugnants ni plus glaireux que les autres. Je cite les travailleurs immigrés pour être désagréable, c’est tout. Comme il m’arrive de dire : les ratons, les négros, les youpins. Exprès. J’ajoute parfois qu’ils sentent mauvais. Je dis de plus en plus de choses blessantes pour faire chier les gens. Personne ne vaut rien !   
...

C'est très, très politiquement incorrect, comme dans la vraie vie.


Bravo l'artiste.




Je vous demande de vous tontonflinguer...

2 commentaires:

  1. Ô Grand Contempteur de la Turpitude,
    Ô Grand zélateur du Suprême Michou-bidou.
    Chère âme,

    Merci pour la balade.

    F@P

    RépondreSupprimer
  2. Un beau livre , subséquent à la perte d'un fils quelques années auparavant;la goutte de larme fait déborder le vase du désespoire à grand flot .Avec l'age le
    misanthrope se radicalise et nous bouscule une dernière fois par son long cri d' agonisant en sursis ... En cette période de prix littéraires le lavement était salutaire ...

    RépondreSupprimer