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mercredi 28 novembre 2012

Et la lumière fut, Jacques Lusseyran

Ouh là là, comment parler de ce livre ?
D’abord, laisse-moi te donner mon sentiment sur la littérature en général et sur ce livre en particulier: un livre c’est comme une bouteille de pinard; il y a les vins de garde, il y a les vins de pisse et il y a le reste, le vinaigre, quoi. 
Ici, c’est un livre de garde.
C’est le genre de texte qui continue à me turlupiner longtemps après que j’ai refermé le bouquin. Je n’arrive toujours pas à décrocher tant le Jacques Lusseyran est solaire ; ça fait deux jours qu’il m’ éblouit sézigue, il y a encore plein de phosphènes colorés qui me taquinent la scissure calcarine (ouais, stupide pharang, tu ne pensais tout de même pas que ce sont tes yeux qui fabriquent les phosphènes, hein ? … ! … ? Ok, laisse tomber).
Tout ça c’est la faute à Darwin et à Jean-Claude Ameisen ! 
Avec sa manie des exemples polétiques et métaphysiques, à l’autre Pygmalion de JiCé, v’là-ti pos que je m’invente des TD, des obligations : Pascal Quignard, T. S. Eliot, et maintenant Lusseyran...  putain, et tout ça pour oublier la dichotomie formidable du moment : Copé ou Fillon ?  

Pouf, pouf...

Le Jaco est un aveugle illuminé, pas moins.
Toute la première partie du bouquin, l’enfance de Jacques, n’est qu’un long fleuve de lumière et de joie. Bien sûr, il y a l”accident, quand il a huit ans, qui le rend aveugle. Mais cette obscurité forcée, cette cécité du dehors va lui faire découvrir la lumière qui est en lui, la lumière du dedans, la vision aveugle. Le sentiment que Dieu est lumière. Ouais, il a gagné sa rédemption à la classique ; petit jésus et tout le tremblement. J’avoue, ça m’a été un peu pénible, au début, mais pour un aveugle tu as la prévenance d’un adulte pour un enfant ou d’un boy-scout pour une petite vieille, t’as des indulgences, ou du moins une sorte de condescendance crétine très judéo-chrétienne, qui te pousse au cul et, pour être parfaitement honnête, j’avoue avoir surmonté les cents premières pages grâce à la petite musique de la voix de Jean-Claude Ameisen qui tournicotait dans mon oreille, si bien qu’on eût dit qu’il lisait par dessus mon épaule. (Drôle d’impression, par ailleurs)

En revanche, dès la deuxième partie, la petite musique a cessé ; je n’en avais plus besoin, figure-toi.  Le lycéen devenant résistant a commencé à forcer mon respèt.
Le jeune homme se jette dans l’action “naturellement”. Il crée DF (Défense de la France), qui deviendra France-Soir à la libération ; sa vie s’emballe, il y a une sorte de compression temporelle. La sève de la jeunesse, la guerre, l’occupation, et le combat : quand le journalisme devient le combat, et inversement. C’est un mec du calibre d'un Albert Camus ou d'un Régis Messac.

Et puis, et puis, il y a la troisième partie...

Oh putain, c’est dantesque ! C’est atroce comme Les jours de notre mort  ou Si c’est un homme.
Un salopard (Elio) trahi le réseau ; Buchenwald en approche rapide... On est en 43, il va falloir survivre jusqu’en 45. Je te laisse te renseigner toi-même... Brrr.

Voilà, quand l’histoire d’un petit aveugle intra-lucide devient l’Histoire des Zommes.

Un livre de "garde", ch'te dis !




Je vous demande d'aller vous faire fiat-luxer..

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