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vendredi 9 novembre 2012

CLEMENCEAU, Jean-Baptiste Duroselle

Je te l’avais dit, farang tétanisé, que je voulais en savoir plusse sur notre Georges. Note que je suis servi avec ce Fayard de plus de huit cents pages. Dans la même série du Nouvel Obs que le Churchill  du mois dernier. Un régal, et toujours aussi peu cher ; un bouquin de ce calibre à moins de six balles et avec le sourire de la libraire en prime, disez-mieux mes zamis !

Alors, ce vieux Georges...

Du brillant jeune homme au vieillard pérégrin, de la commune de 1871 aux ors de la présidence du conseil, il sera une bête politique au service de la res publica. Souvent opportuniste mais toujours éthique, il trempera dans nombre de luttes avant gardistes, initiera  tous les combats de pointe et évitera les pièges du pouvoir.
Quoi que tu en lises, suspicieux farang, un mec qui peut se targuer d’avoir eu autant d’ennemis, de gauche comme de droite, d’avoir subi tant d’attaques haineuses, tant de calomnies, d’avoir vu juste sur tant de sujets, ne peut décidément pas être si mauvais ; c’est une question d’équilibre.
En 1880, ses propositions sont “révolutionnaires” :
Séparation de L’Eglise et de l’Etat, suppression du Sénat, élection des magistrats, impôt sur le revenu, la retraite, droit syndical, divorce, etc.  Tant de choses que nous respirons de façon si naturelle maintenant !  Ouais, bon, la suppression du Sénat n’est pas pour demain et quant à l’élection des juges, faut voir.

Cela dit, il ne sera jamais communisse (il haïra les bolchevisses russes jusqu’à essayer de soutenir les armées blanches en 19). De toutes les façons le terme n’existait pas à l’époque, on disait “collectivisse”. Lui n’en est pas ! Il aime trop les Etats-Unis (il y a trouvé sa femme), c’est son côté Tocqueville...
Non, ce qui le sauve, à cet homme, c’est son anticléricalisme absolu. Les curés, y supporte pas ! On peut donc presque tout lui pardonner, non ?

Journaliste infatigable, médecin des pauvres, parlementaire chevronné, il fait tomber une multitude de cabinets tant son éloquence et ses convictions sont farouches.

Bien sûr, il y a 1906 ; la place Beauveau et puis la présidence du conseil vont concrétiser la fracture qui s'esquissait entre le radicalisme et la gauche révolutionnaire (CGT & SFIO) ; il se fâche grave  avec Jaurès diraient nos chères têtes blondes.
Nous avons là, à mon avis, la matérialisation de la social-démocratie moderne à la française ; oui aux réformes sociales, non à la dictature du prolétariat ou à l’anarchie. Toutes les grèves insurrectionnelles sont réprimées par la troupe et la flicaille ; il y a des morts. En 1908, son gouvernement tombe (bêtement), et le bonhomme finalement libéré renoue avec le journalisme. Il voyage en Amérique du Sud, donne des conférences et devient sénateur.
Puis, voyant venir le conflit avec l’Allemagne il replonge avec pugnacité dans l’arène politique. Nous sommes au bord de la première guerre mondiale. Il va ferrailler jusqu’en 17 avant d’avoir à nouveau la présidence du conseil. Il a 76 ans, voici venue l’heure de gloire du Père la Victoire...

Il vivra jusqu'en 29 ; 88 ballets qu'il avait le vieux tigre quand il a bectaresse son bulletin de naissance. Quel parcours !

Alors, qui aura-t-il été, le vendéen rouge, ou le premier flic de France ?
Les deux mon adjudant.


Cette bio c’est de la balistique pure, l’histoire d’une trajectoire, d’un destin exceptionnel ; c’était tigresque mon vieux Jacques.

Jean-Baptiste Duroselle a été un ami astringent durant quatre jours !
Nous remercions Jean-Baptiste Duroselle (mais, qu’il n’y revienne pas, chuis “épuisé” !).




Je vous demande de vous rappeler, moi aussi j’ai été à Beauveau...


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