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mercredi 9 mai 2012

Juste une ombre, Karine Giebel


Bon, cessez de me refiler vos bouquins, au détour d'un couloir, comme des conspirateurs.
  • Tiens, lis ça. Tu vas voir !
Mais putain, j'ai le diabète des livres, merde ! Si vous me tentez, comm'ça, sans arrêt, je vais mourir. Pis, j'ai une vie, une famille, un pavillon de banlieue, du repassage et un Lévinas en retard et il faut ab-so-lu-ment dégager le bordel du garage... Et toi, là, faux-frère, tu me colles « Juste une ombre » dans les pognes, avec la mine du chat qui vient de bouffer la mésange. J'ai perdu TOUT mon lundi ! MERDE ! Un zombi, de six à dix-huit. J'ai vu les filles partir au boulot et au lycée à la page 63, renversé du café sur la page 77, empégué la 254 avec du gras de jambon et un peu de pinard, à midi, froissé les pages de 376 à 404 (sieste foudroyante derrière un rhum-café), les filles sont revenus à la maison vers la page 479 et j'ai fini pile pour l'apéro de 18h ; page 501.
Un lundi, en plusse ; voyez où passent les forces vives d'une nation !
Anarchisses !


Je vous demande de m'oublier...

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