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samedi 27 février 2016

Deux années sur le gaillard d’avant, Richard Henry Dana

[...] en 1834, il (Richard Henry Dana) s’engagea comme simple matelot sur un voilier de commerce à destination de la Californie - qui, à l’époque, était encore une province lointaine et à demi sauvage du Mexique - pour un  voyage de quelques deux ans, en passant par le cap Horn. Il avait dix-neuf ans.
(Introduction, Simon Leys)

Tu vois le parcours moussaillon ? Boston San-Francisco via le Horn, aller et retour ! Et rappelle-toi qu’à cette époque la Californie n’était pas le synonyme de «Silicon Valley», non, on était encore au temps où le sergent Garcia essayait vainement d’attraper Don Diego de la Vega, «renard rusé qui fait sa loi».  

Plein la gueule, farang-patrick-O’brianophile, que tu en prendras des paquets de liquide iodé, des embruns, du pot au noir, de l’alizé, du gros temps, des coups de tabac à t’en faire péter les huniers, de l’enfer glacé du cap Horn, etc.  
Avec ce bouquin, tu as dans les pognes une ship’s log de plus de six cents pages écrite depuis le gaillard d’avant, et, si comme moi, tu étais plutôt habitué à voyager à l'arrière, dans la cabine de Jack Aubrey, à jouer du violon avec Stephen Mathurin pendant que Killic t’apportait des toasts au fromage arrosés d’un pot de café très fort, et bien tu vas trouver du changement, en apprendre un peu plus sur la lutte des classes, mon cadet, sur les humeurs assassines d’un capitaine - seul maître à bord - et sur toutes les misères maritimes endurées par les forçats du gaillard d’avant pour trimbaler des peaux de bœufs à travers deux océans. Un voyage de deux ans sur deux navires : le brick Pilgrin, et le trois-mâts carré l’Alert.

Cela dit, ce récit, sis à l'apogée de la marine à voile, pourra te sembler relativement hermétique si tu es l’indécrottable terrien que je subodore car le vocabulaire afférent, bien qu’extrêmement poétique, n’en demeure pas moins assez abscons, heureusement, ce livre possède une quinzaine de pages entièrement dévolues à un glossaire minimum qu’il te faudra au moins survoler pour devenir un parfait matelot de sorte que tu n’ignoreras plus rien sur : «Abattre : ou faire une abattée, arriver, laisser porter ; faire tourner un voilier du côté opposé à celui d’où vient le vent ; pour un navire qui marchait au près, c’est l’écarter du lit du vent.», ou encore : Affaler, Amure, Barrot, Bonnettes, Contre-cacatois, Estrope, Galhauban, Hale-bas, Pantoire, et autres Rabans ou Rocambeaux...

Un régal pour le marin !
Un récit sobre et factuel.
Une initiation.

Passage du Cap Horn
(by James. E. Butterworth)




Faut pas mollir matelot…

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