Voila le petit dernier de mes abonnements, la plus ancienne revue du vieux monde ; premier numéro sorti en 1829, sous le règne de ce salaud de Charles X, je crois, puisque les Trois Glorieuses (Révolution de juillet) c’est 1830 ! T’imagine la tranche d’histoire qui nous contemple ?
Mais c’est catalogué néo-réac ! me diras-tu, homo-badiousensis, et ce n’est pas entièrement faux car je me souviens encore que Proust les avait déjà trouvé très “neutre” lors de l’Affaire@Dreyfus.fr, mais tu conviendras que tout cela n’est qu’une question d’équilibre, et en ce qui me concerne, mon barycentre de gravité est sis entre un Médiapart, le Canard et la Revue des deux mondes, disons.
Le sujet de ce numéro : Les bien-pensants, de Rousseau à la gauche “morale”, l’histoire du camp du bien.
Je sais, farang-du-NPA, tu ne vas pas être content de moi car je ne te cacherai pas que l’article de Jacques Julliard, “Aux origines de la gauche morale”, est une petite merveille d’horlogerie et, tout bien pesé, je suis très séduit par son analyse ; et que penser de celle de l’excellentissime Jean-Pierre Le Goff, “L'hégémonie du camp du bien battue en brèche”, sur le «gauchisme culturel» ? Et Laurent Joffrin qui réplique avec un bon “Vive la bien-pensance”, hélas vite contré par l’extraordinaire uchronie “Dans Libération tout est bon”, de Marin de Viry.
Bref, cent pages pour passer la «gauche» à la moulinette, on trouve même des choses signées par Philippe Val ou de Villiers !
Ceci étant, ça fait un bail que j’ai compris que la gauche “morale”, ou “pure”, comme tu voudras, à toujours été la pire ennemie de la gauche “réaliste”, car rien n’est plus intolérable à un révolutionnaire que de devoir fréquenter un réformiste.
J’espère que personne n’a oublié que la révolution Russe de 1917 n’a pas été que le fait des bolcheviks ; commencée à Pétrograd en février-mars, suite au grèves des ouvriers de l’usine Poutilov, elle fut vite dirigée par les très mensheviks Alexandre KerenskiW et Nicolas TchkhéidzéW , et ce n’est qu’en septembre de la même année que Lénine se pointa, le couteau entre les dents, et que les bolcheviks imposèrent la dictature sanglante que l’on sait. Tous ces gens étaient de gauche pourtant, mais même un mauvais flingue manié par un lascar énervé a toujours eu plus de poids qu’une bonne réforme votée par le meilleur des parlements ou comité que tu voudras. C’est comme ça, c’est toujours les plus décidés qui ont le dernier mot, à gauche comme à droite, d’ailleurs, suivez mon regard...
Bref, je me suis régalé, ce qui, je suppose, fait de moi un réac de gauche, mais tant pis : qui aime bien châtie bien !
Les autres cent et quelques pages de cette revue au format résolument «livre» sont déclinées en études, reportages, réflexions et critiques (livres, expo, musique).
Tu passes des paysages italiens, émancipateurs de la peinture d’histoire, de Marc Fumaroli, à un extraordinaire reportage sur le bouddhisme tibétain en Occident, de Marion Dapsance, en passant par un hommage à Marc Chagall…
Et pas une seule image ou dessin.
Un vénérable artefact culturel strictement écrit et à la couverture orange pétard ; elle n'est pas vieille la RD2M, c'est une demoiselle, que du bon miam-miam pour la caboche.
(Bon, tout ça n'empêche pas que je flippe un max en pensant que l'Équipe de France de Novès est possiblement capable de prendre une branlée mémorable contre l'Irlande, samedi prochain... mon honneur de menchevik-toulouse.con est en jeu !)
© {BnF |
1er numéro de la RD2M…
(Août 1829)
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