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mercredi 3 février 2016

Les bébés de la consigne automatique, Murakami Ryû

Bon, je sens bien que vous en avez marre de Proust, et que deux lecteurs, sur les trois que compte cette modeste feuille paroissiale, ont déjà violemment manifesté leur désapprobation : 
Le Vieux Bill® me diffame publiquement dans son dernier “épître aux balmatiens”  et m’objurgue de cesser prestement cette interminable et impie marcelade, tandis que le Père Hugo a tenté de m’étrangler avec le cordon de sa bure la dernière fois où nous nous croisâmes au prieuré de l’Oscar.
Seul le frère Lekkard en charge des âmes de la paroisse SF EMOI fut un fidèle compagnon de route qui m’encouragea toujours sur l’incroyable chemin de Damas que s'avéra être la lecture de la Sainte Recherche
Encore merci, ami Lek, et je souhaite "la gratte au cul et les bras trop courts" aux deux autres Némésis ! 
Vieilles badernes ! Mécréants !  Faux frères !

Pouf, pouf...

Que trouver de mieux que la littérature anarcho-punk japonaise des années 1980 pour rompre définitivement avec Proust ? On sent bien qu’on tient un truc rien qu’à la lecture du titre, non ? Ça va décaper le neurone, que tu te dis, et t’as raison Rémy, ça décape ! Attention cependant, ce Murakami n’est évidemment pas celui de “La course au mouton sauvage” ou de “1Q84”, non, mais à la guerre comme à la guerre...

Je ne vais quand même pas te vendre la mèche mais sache simplement que tu vas suivre le parcours mouvementé de deux zèbres hors du commun, Hashi et Kiku, de leurs régulières Niva et Anémone, du crocodile Gulliver, et de tous les autres énergumènes qui peuplent ce Japon relooké par un Georges MillerW déchaîné.
Nom de code de tout ce nippo-fourbi : DATURA.

Tu vois, je n’ai rien divulgué qui t’empêcherait de te régaler si d’aventure tu mettais la pogne sur ce bouquin. 
Cela dit, que faut-il pour faire un bon roman punk japonais et sans images… j’veux dire sans que ça ressemble à un manga, quoi.
(Disez rien ceux qui savent )

Déjà, il faut des japonais, un max même, car on imagine mal un samouraï s’appelant Jean Valjean sauvant une petite geisha surnommée Cosette ; tu seras donc prié de situer l’action de ton roman au Japon, c’est plus commode pour les patronymes et les toponymes, tu en conviendras, farang-hugolien ; ensuite tu vas allègrement me balancer de la violence à tous les étages, hein ? et pas des banalités du genre coups d'escopettes entre flicards suréquipés et voyous qui foirent un bracos, non, il faut des choses plus underground : des chiens qui dévorent les gens, un pédé qui plante son couteau dans le ventre de sa femme mammectomisée et gravide de leur enfant, un crocodile se faisant pulvériser sur une autoroute japonaise par un trente tonnes en pleine tempête de neige, etc.
Là, ça a d’la gueule, c’est plus punk, plus surréaliste… Ah, ouais, je ne t’avais pas dit qu’il faut que ce soit surréaliste ? Malheureux, tu ne peux pas y couper ! C’est bien simple, si tu n’as pas au moins un crocodile “apprivoisé” dans ton salon, ou si tu n’as pas gober la moindre petite mouche qui ensuite te dictera d’exterminer la population de Tokyo, ça l’fera pas.
Et puis tu vas me mettre du cul, s’il te plaît, abondamment, et pas du conventionnel façon “Le café du pauvre” chez les Roblochons, hein ? Non, ce sera du sanglant, du violent, du douloureux, ou au moins de l’inconfortable : faut que la frangine garde quelques traces, sinon à quoi ça servirait ? Bref, de la peau, du poil, de la sueur, du sang et du foutre !
Ah, aussi, un truc important : ne pas oublier la pincée de Freud, comme une bonne névrose obsessionnelle digne de «Totem et Tabou», tu vois ? Avec des régressions qui t’amèneront à revivre les sensations que tu éprouvas dans le casier de la consigne où tu fus abandonné alors que tu étais âgé d’à peine quelques heures…
Encore une chose, et non la moindre : ton ou tes personnages principaux doivent être affligés d’une bonne saloperie qui finit en «pathe» : psychopathe, névropathe, sociopathe, pourquoi pas allopathe, etc., bref, faut qu’il leur manque un truc dans ou sur la caboche...

Voila, je viens de te refiler la recette pour nous mitonner ton futur best-seller d’au moins cinq cents pages, farang-incessamment-écrivain ; que n’attends-tu pour t’y mettre et vite devenir riche à en perdre les dents, putain !



Gulliver


BANZAÏ ! ! !

2 commentaires:

  1. J'aime bien les japoniaiseries mais l'ami Ryû ne m'a jamais tenté. A tort sans doute.

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    1. Non, ami Lek, tu as raison, on peut zapper ce genre de littérature, à moins qu'il ne te faille un grand nettoyage de printemps neuronal ; quand tu auras fini tous tes Rougon-Macquart, par exemple.

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