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mercredi 8 juillet 2015

Le docteur Jivago, Boris Pasternak


Nous sommes bien d’accord, le rouge me monte au front. À l'âge que j’ai, ne pas avoir lu Pasternak !!! C’est quasi criminel. Le (presque) Prix Nobel de littérature de mon année de naissance, tu vois le coup ? !

Pour faire vite et ne pas déclencher un de tes détecteurs de spoil, farang-dostoïevkien, je te dirai simplement que l’histoire et la politique sont la toile de fond de cette superbe histoire d’amour. Iouri et Lara c’est Roméo et Juliette dans la Russie de la première moitié du XXe. C’est aussi et sûrement nourri par le vécu de Pasternak.

Un voyage dans le temps, de la révolution avortée de 1905 à celle plus convaincante de 1917, en passant par les tranchées de la Grande Guerre jusqu’au vaste forêt de l’Oural, de Moscou à Vladivostock, dans l’empire soviétique des années 20 ; des destins violemment ballottés dans la guerre entre les Rouges et les Blancs, etc.
Donc, de l’Histoire, de l’Amour, de l’Action et du Malheur… Normal, c’est Russe !

Et comme d’habitude avec la littérature russe, accroche toi sur les patronymes… Franchement, comment y font les slaves, pour s’y reconnaître ?
Par exemple, le Docteur Jivago, se prénomme Iouri Andréiévitch ;  Pacha c’est Pavel Antipov Pavlovitch, tandis que Lara s’appelle Larissa Fiodorovna Antipova ! Pfiouu… faut bien 100-150 pages pour se mettre dans le bain… Après, quand tu maîtrises mieux patronymes et toponymes, il reste le bonheur de dévorer un immense bouquin, sans compter que dans la dix-septième partie (page 662 de la version Folio, N° 79), tu vas accéder à la poésie de Jivago/Pasternak… et tu constateras que ce n’était vraiment pas un rebelle ; Le vent, La noce, L’automne, La nuit d’hiver, etc.

Cela dit, Pasternak n’était pas un Soljenitsyne de l’intérieur, mais alors pas du tout ; il a été un jeune homme exalté par la révolution, il a cru aux lendemains qui chantent, et aux pires heures il a su garder l’aura du poète intouchable que même Staline n’osa pas “purger”. De plus, chuis quasiment sûre qu’il comptait  se faire éditer en URSS quand il écrivit ce roman, il a toujours refusé de se situer hors du système. Il aurait cependant pu se douter que la mise en abîme des turpitudes de l’empire soviétique, du livre qui se cache dans le livre, ne passerait pas la censure. En fait, le pire qui lui soit arrivé c’est ce prix Nobel de littérature (1958), qui attira les projecteurs sur lui : nous sommes en pleine Guerre froide, c’est une compète à couteaux tirés avec les cochons de bourgeois occidentaux en général et les Yankees en particulier.
Et rappelle-toi que le camarade Nikita Khrouchtchev ne l’a pas raté : ce prix Nobel a bousillé sa vie et celle des siens ; en 58 le rouge était féroce et avait encore des griffes comac !

Bravo Monsieur Boris Pasternak, c’était superbe.
Un bouquin que je réserve à mon Colporteur favori, ne serait-ce que pour la poésie.

Pour en finir, si tu as la flemme de t'appuyer le livre, essaye au moins de regarder le film... avec Omar Sharif... une merveille, un des dix films que l'honnête homme se doit de voir et revoir !







My name is Boris,  Boris Pasternak...

3 commentaires:

  1. Pas lu le bouquin, mais j'ai vu deux fois le film. Superbe effectivement avec aussi la fantastique BO de Maurice Jarre.

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  2. Dis donc Sergio, il suffit que tu parles de l'ami Omar pour qu'il calanche deux jours après. Tu porterais pas un peu la poisse des fois !

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