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mardi 21 juillet 2015

La démocratie des crédules, Gérald Bronner

Je viens de découvrir que je suis un client du marché cognitif, ‘tain ! Et pas qu’un peu !

Dans le fonctionnement «normal» d’une démocratie il faut se représenter l’information comme une denrée alimentaire quelconque, les citoyens de base en étant les consommateurs, les clients, et les officines journalistiques et maintenant internetophiles les fournisseuses.
Donc, farang-végétarien, quand nous cherchons à nous informer, nous faisons notre marché.  Et y en a pour tous les goûts ! 
Ok, voyons cela comme un progrès…

Cependant, si le village est devenu global, le marché cognitif itou, et on comprend aussi que l’offre est devenue pléthorique depuis que google&Co mettent nos envies en algorithmes. Les nouveaux médias factorisent nos pulsions et le citoyen post-moderne correctement interfacé accède à toutes sortes de démonstrations, et, conséquemment il exerce son droit au doute de sorte qu’il devient par exemple - et contre toutes évidences - envisageable de ne plus faire vacciner ses gosses ; ou d’être convaincu que les antennes-relais de téléphonie portable te filent le cancer des ovaires.
Et là ou la démonstration devient vraiment rebelle c’est quand l’ami Gérald se fâche avec les syndicats de France Télécom et les contempteurs des OGM.
C’est gonflé car très peu tendance !

Bref, il épluche par le menu les tenants et aboutissants de la théorie du complot.
En fait, c’est la paresse intellectuelle de la majeure partie des gens qui «savent» qui laisse le champ libre aux hurluberlus de toutes obédiences ; on sait maintenant, et de façon certaine, que le «21 septembre 2001» n’est que le fruit du dynamitage des Twin Towers par : la CIA, le Mosad, les francs-maçons, les Gitans et les Pieds Nickelés réunis, que Mickael Jackson n’est pas mort et que le tremblement de terre à Haïti ou le tsunami de 2004 est l’oeuvre du diabolique complexe militaro-sioniste des USA ; la preuve, je l’ai vu sur internet…

[...] et l’on peut s’inquiéter de ce que la pensée contemporaine voit dans le doute et la suspicion généralisés une marque d’intelligence plutôt qu’une faiblesse du discernement.
...

Bon, tu vas en bouffer des schémas, des diagrammes et autres courbes ; il tartine sociologique l’ami Gérald, en veux-tu en voilà du paradoxe d’Olson, de l’effet râteau, de l’effet Fort, de l’effet nocebo, de l’effet de dévoilement, de l’effet Othello, de réflexe mental (paréidolie), de l’expérience de Wason, du théorème de la crédulité informationnelle, du dilemme du prisonnier, etc.
(je te laisse vérifier par-toi même l’effet de tous ces effets dans Wiki qui, je le sais, est ton ami…)

Ce que j’en retiendrai de cette «La démocratie des crédules» ?
C’est que le bouche à oreilles, maintenant couplé au World Wide Web, a non pas suscité - il a toujours existé - mais exacerbé le phénomène du téléphone arabe
Et tant pis pour eux si d'aucuns supposent qu'il s'agit là de la démocratisation de la démocratie :
«J’ai le droit de savoir, j’ai le droit de dire, j’ai le droit de décider.»

Ça donne juste cette soupe informationnelle qui devient le pays du lait et du miel pour toutes les âmes simples connectées.

[...] on peut montrer que quelque chose existe, mais il est impossible de montrer définitivement que quelque chose n'existe pas. Or, c’est précisément l’injonction que lance le méfiant excessif à toute parole officielle : démontrez-moi qu’il n’y a pas de complot, démontrez-moi que ce produit ne présente aucun danger… Je peux prouver qu’il existe des chevaux, mais je ne peux prouver qu’il n’existe pas de licornes. Si j’avance que l’on n’en a jamais vu et que l’existence d’une telle créature serait contraire à la connaissance zoologique, celui qui doute de la vérité officielle pourra facilement opposer que la science s’est souvent trompée dans son histoire et qu’il existe peut-être des licornes dans des lieux inexplorés, au coeur de profondes forêts ou sur d’autres planètes. Il pourra même convoquer des témoignages d’individus prétendant en avoir vu, exhiber des traces que l’une d’elle aurait pu laisser…
C’est là une illustration du sophisme dit «argumentum ad ignorantiam», l’argument de l’ignorance.
...

Une de ces désolantes et anecdotique illustration étant l’histoire des antennes-relais de Saint-Cloud (2012) : Ah, ah, ah… Ça s’appelle l’effet nocébo, non ?
Ch’te briffe vit’ fait à ma façon, c’est trop marrant !
Les Judéo-Francs-maçons d’Orange s’avisent d’installer une antenne-relais à Saint-Cloud ; dès que les mâts sont dressés sur l’immeuble maudit, une flopée de citoyens commencent à en ressentir les effets délétères ; normal, ch’te l’ai déjà dis, les ondes téléphonico-sionistes et franc-contoises te refilent le cancer de :
1 ) Le neurone
2 ) La ovaire (gauche)
3 ) Le couille (droit)... (Ouais, un couille ne peut pas être féminin… allons, reufléchis !)
4 ) Vous pouvez répéter la question ?

[X] Cochez la bonne réponse.

Bref, France 5, le Parisien, et toutim sont sur le coup ; l’affaire est sérieuse, il en va de la santé de petits nenfants clodoaldiens ! Sans compter que les mamans commencent à ressentir des règles anormalement douloureuses et que les papas se mettent à saigner du nez ; tu vois le coup ? !
‘tain, c’est grave te dis-tu si t’as bien becqueté la soupe du 20h de TF-machin.
Orange ? Salauds génocidaires !
Pis y a un petit malin qui a pensé à téléphoner aux nazis agrumiens :
- Allo, messieur Goebbles-Orange ?
- Lui-même.
- Vous voulez donc esterminer tous les clodoaldiens avec vos antennes sataniques !
- En effet, cependant permettez-moi de vous préciser que les antennes ne sont pour l’instant pas branchées, les émetteurs ondulo-méphitiques étant toujours en cours de fabrications, il n’ont pour l’instant pas encore pu être livrés… Mais rassurez-vous, ça ne saurait tarder, et nous serons alors les maîtres du monde… Niarg, niarg, niarg !

Résultat après vérification : les riverains se sont montés en assos : cancer ou pas, soit, mais pas chez nous !

D’accord avec toi, ça fout les boules, mais on est en plein dans le sujet de ce livre.

Chose rare, je te lâche ci-après la fin de la quatrième de couv. :

[…] Cet essai vivifiant propose, en convoquant de nombreux exemples, de répondre à toutes ces questions en montrant comment les conditions de notre vie contemporaine se sont alliées au fonctionnement intime de notre cerveau pour faire de nous des dupes. Il est urgent de le comprendre.

Merci et bravo, ami Gégé ; maintenant j’ai un Aïe-phone-12, mais je le garde éteint, au cas ou… Tu veux quand même pas que je chope une métastase du le couille !



Anastasie par André Gill
Madame Pipelet









On nous cache tout, on nous dit rien
Plus on apprend plus on ne sait rien
On nous informe vraiment sur rien…
(Jacques Dutronc)



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