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vendredi 3 juillet 2015

Hébert, le père Duchesne, Chef des sans-culottes, Louis Jacob

Tu vois, farang-de l’An II, tes pathétiques réticences quant à ce qui touche la Révolution vont encore une fois être mises à l’épreuve car je t’entraîne à nouveau dans une de Ses forges les plus brûlantes ; oui, nous allons plonger dans les vieux fourneaux surchauffés des 385 numéros du Père Duschesne que le citoyen Jacques-René Hébert fit paraître entre septembre 1790 et le 4 germinal de l’An II (24 mars 1794). Bien-sûr, tu te souviendras que Hébert fut l’ennemi mortel de Camille Desmoulins et de son Vieux Cordelier ; ces deux-là ne s’aimaient pos et Robespierre les raccourcira tous les deux après les avoir bien manipulé ; Ah, ça ira, ça ira...

Cela dit, et malgré l’immense estime qu’il est normal de porter à Michelet et Lamartine, ces deux géants de l’historiographie de la Révolution, il est toujours intéressant de farfouiller au-delà des apparences, s’attarder sur de vieux textes, de vieilles biographies… Et pourquoi te demandes-tu ? Ah, j’admire la constance de ton incuriosité, si, si...
Ben, par exemple, tant que tu n’auras pas lu ce Hébert de Louis Jacob, qui au passage a phagocyté, pour ne pas dire vilainement chouravé, le travail de son vieux camarade Paul Nicolle - comme quoi les historiographes zémérites sont aussi méchants garnements que toi et moi dès qu’il y a moyen de piquer toutes les billes des copains de la cours de récrée -, tu t’imagineras que le zigue Jacques-René Hébert était l'infâme scélérat que nous décrivirent les deux autres sus-nommés… (comment, qui ça ? Je te parle de Michelet et Lamartine, ‘tain, sois à c’qu’on te dit, merde !)

Plouf, plouf…

Ce bouquin est une relation au jour le jour de toutes les parcelles de visibilité qu’a laissé Jacques-René Hébert en cette vallée de larmes, la queue de la comète étant la période 1792-1794. 
Nous suivons donc les péripéties du camarade citoyen Hébert et de ses 385 numéros du célèbre journal (le père Duchesne).
Pour le ton et le style, voici ce que ça donne :
...
Ah ! Foutre, crie le Père Duchesne, c’est trop fort de café… Voilà donc comme tient sa parole, ce roi parjure… Quand je vois pareille chose, cela me débaptise… «On a beau laver la tête d’un nègre, dit le proverbe, on y perd son savon...»

Bref, il a vite fait de devenir le chef des sans-culottes ;  substitut du procureur de la commune de Paris, Chaumette ; membre influant du club des cordeliers ; inlassable déchristianisateur ; initiateur des lois sur le maximum et sur les suspects ; parfait zélote du durcissement de la Terreur ; figure de proue des “Enragés”, ennemi des “Indulgents” (Danton, Desmoulins, etc.) ; irréligieux, mais pourtant fervent admirateur des Évangiles et considérant J-C2 (Jean-Claude Chritz) comme le premier des sans-culottes, c’est un homme des extrêmes et il reprendra à son compte le combat des Enragés après l’arrestation de Jacques Roux (!).
Ici et maintenant, on dirait qu’il s’agit d’un populiste. Normal, c’était le chef des sans-culottes, un énergumène anti-Brissotins, Girondins, Rolandins, Buzotins, Pétionistes et anti toutes la foutue séquelle des complices de Capet et de Dumouriez, foutre ! 
En fait, il pourrait être très pote avec Alain Badiou.

Quoi qu’il en soit, tout cela commencera vraiment à puer du cul avec la loi du 14 frimaire an II (4 décembre 1793) qui donne les pleins pouvoirs au Comité de Salut public en vue d’une remise au pas de la commune de Paris : fin de partie… Tchac… Tchac… Tchac… Set et jeu décisif pour Robespierre !

Pour en finir, l’ami Louis Jacob a raison, chacun se fera son opinion quant à la vilenie de Jacques-René Hébert, mais maintenant on a un peu plus de grain à moudre grâce à la minutieuse collecte de l’historien de la révolution Paul Nicolle recompilée par Louis Jacob.

Nonobstant, et je n’en démordrai pas camarade, je continue à largement préférer le citoyen journaliste Camille Desmoulins au démagogue Jacques-René Hébert ; c’est certainement mon côté menchevik et petit-bourgeois, disons.



Un billet du Père Duchesne
(Musée Carnavalet, Paris)






Je ſuis le véritable pere ducheſne, foutre !...

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