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samedi 19 avril 2014

Saint Frédo, Alphonse Boudard

Il me finit gentiment, l’ami Hugo, il me distille ses derniers Boudarluche au compte-gouttes, et c’est une messe à chaque fois. Père Hugo je le surblaze... paroisse de Saint-Oscar. En ce moment il est drivé par son grand frérot, l’abbé J. L., celui qui fournit tous ces gentils biscuits bénits. Que cette catholique fratrie bienfaitrice de mon humanité soit remerciée encore une fois.

Bien, passons à notre Saint-Frédo.

Au final, Frédo c’est la fureur de vivre, un mec qui a enjambé les évènements sans se poser de questions ; il a appris la vie à la dure dans les années trente, et comme tous ses semblables, mauvais garçons, apprentis malfrats, tous ces superbes pauvres types, il fait figure de monstres pour les générations plus apaisées, voire domestiquées, de nos époques mains-stream occidentales. Cela dit, on voit bien qu’il l’a un peu à la caille, l’ami Fonfonse… toutes les soixante-huitarderies leur sont restées en travers du gosier à Messieurs les Z’hommes, les tatoués du Paname de l’après-guerre, l’émancipation  des frangines a foutu un schproum terrible dans les mentalités, a laissé tous ces dinosaures à sec sur les plages des temps modernes.
Faut bien se berlurer des parcours comac :
Depuis le petit môme crève-la-faim trimbalé de maisons de force en maisons de correction, en passant par l’adepte régulier des stages dans les cellotes de Fresnes ou de Clairvaux, puis, en une volte-face sinon spectaculaire, du moins pragmatique, la rédemption du pécheur, l’oeuvre de bienfaisance, une certaine gloire dans cette vocation (?) à réinsérer de jeunes petites frappes dans la vision des trente glorieuses de Mon Général… Un parcours exemplaire, cependant poinçonné de petites affaires crapuleuses, quelques filles aux asperges, histoire d’affurer suffisamment de vaisselle de poche à claquer sur les champs de course, sur les tapis de flambe… jusqu’à finir en gros bibard à deux doigts de choper la légion d’honneur s’il n’avait pas attrapé la réplubique jusqu’au point d’en mourir comme le président Félix Faure ! Oui, Frédo restera un exemple du savoir partir ; passé soixante piges, apéros, choucrourte garnie, clacos des alpages, patisserie fines, cognac-cigare, et petite musique de nuit avec une beurette qui lui rendait facile plus de trente piges, l’oecuménisme du croupion, disons… recta l'infarctus du myocarde, et il va tutoyer les anges le Frédo ; un truc à se le souhaiter… t'avouera qu'il y a pire pour décambuter à la surprenante !
Et c’est pourquoi Allah est grand.
(t’inquiète, je fais mon Vialatte, c’est toléré dans les Chroniques de la Montagne… aucune fatwa en approche rapide)

En attendant les foudres sanglantes des sycophantes de l’Autre Grand, je vais quand même faire l’effort de te refiler ces deux pépites :
...
C’est une espèce de don, ça. N’est pas maquereau qui veut. C’est comme pianiste ou mathématicien, ça vous vient des fées qui se penchèrent sur votre berceau. Ensuite, bien sûr, faut cultiver ses dispositions naturelles, les faire fructifier.
... 

Ses femmes essayaient de l’alerter que c’était pas raisonnable de tortorer pareillement… que ça nuisait à son esthétique, à sa ligne… Au trempolino, il envoyait  rebondir Mireille, Solange, Patricia et les autres. Il prenait de la brioche mais ça ne l’empêchait pas d’avoir du gourdin. L’essentiel chez un homme… son pénis, comme disait la Constance, la psy. Le physique autour ne sert que d’appât au début. Mais le plus beau mec, s’il se révèle en érection avec un dardillon de lapin, ça lui réduit à néant son potentiel séducteur.
Voila à peu près, je vous résume, ce qu’il rétorquait aux dames qui lui suggéraient de perdre du poids.
- Votre cholestérol, je l’emmerde.
J’étais mal placardé pour me mêler de ce problème, je prenais quand même aussi du lard. On fait pas gaffe, on vous invite au cassoulet, au boeuf mironton, veau Marengo… coq au vin, choux farcis… lapin en gibelotte. Certain qu’on restitue pas tout dans les gogues… Ce qui vous reste… attention danger !
Le triste dans l’existence… que pour durer, se tenir en forme, il faut rester dans la moyenne. Tout calculer, tout peser… ce qu’on absorbe et puis pourquoi pas sa fiente. Faire des différences, des statistiques, consulter le professeur Duchemol, célèbre nutritionniste, et puis le psychiatre qui va vous remonter dans l’enfance… que vous aimez les rognons de veau par complexe de castration.
...


J’espère que désormais tu comprends pourquoi Allah est grand.


Allahu akbar





Je vous demande ne pas mourir avant d’en avoir fini...

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