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lundi 17 septembre 2012

L’invention de Morel, Adolfo Bioy Casares

Mes cadets, pas facile de parler de ce bouquin !
Pour l’historiette, faut dire que c’est mon autre nuisible favoris du marché de St Aubin qui me l’a mis d’autor dans le cabas, dimanche dernier. Nounours je le surblase (j’ai jamais osé lui dire, l’est assez balèze, genre ancien rugbyman, caftez pas, hein ?), propriétaire de l'excellente librairie Minimum, sise 37 Rue Pargaminières, à Toulouse, congue. Ouais, je ne choisis pas mes bouquins avec des mecs comme ça, ces salops m’ont dans le collimateur, à peine tu renifles leur étal qu’ils se pointent et te travaillent à la Julien Lepers : t’as intérêt à être un Champion pour garder leur amitié et leurs loyaux services.
- Salut, t’as lu ça ? Ok, bien... et ça ? bon, attends... et çui-là ?, etc.
Rêve pas, on est baisé d’avance, ces enfoirés connaissent tout ; c’est leur taff, après tout ! Donc, à m’ment donné, y a un bouquin que tu n’as jamais vu. Là, le Nounours, y te regarde comme si t’avais marché dans une grosse merde, t’es au fond du trou ; tu prends ton bouquin, ta honte et tu jettes le tout au milieu des légumes et du poulet rôti dominical, contrit mais reconnaissant.
Qu’est-ce que je les aime, mes bouquinistes ! Ils m’ont fait découvrir de ces merveilles...
Que le Grand Patriçounet Doré les garde en Sa Sainte Prostate.
Aum...

Bon, passons au salon, finalement.

Attention chef-d’oeuvre... discret !
Une autre fable philosophique totalement Borgessienne.
Voilà, sur une île perdue, un fugitif s’éprend d’une femme. Enfin, il s’agit plutôt de l’image de cette femme qui fut prise à son insu par le savant Morel, dix ans auparavant et qui “filma” pendant une semaine le groupe dont elle faisait partie.
Attention, farang trop pressé, il ne s’agit pas d’un film à proprement parler, mais d’un système, abscons et infaillible conçu par le fameux Morel, qui capture l’intégrité du ou des personnages placés dans son focus (physiquement, historiquement, ontologiquement ; le moindre gramme, la moindre pensée, tout, quoi). Aucun moyen de différencier l’original de la copie !
La copie ignorant, bien sûr, sa nature de copie, est contrainte de rejouer éternellement la même séquence, assujettie à la machine complexe (le “projeceteur”) sise sur cette île ; ouais, l’énergie qui meut tout ce bordel est elle même subordonnée aux phénomènes de marées qui balaient cet îlot maudit.
Le scénar de l’ami Morel se rejoue donc éternellement au gré des marées.
Ah oui, j’oubliais, quand t’as été “filmé”, tu meurs, t’es comm’ qui dirait irradié... dix jours maxi !
Bien. T’imagine mieux maintenant dans quel espèce de merdier s’est fourré le narrateur, hein ? Pis ch't'ai déjà dit, ce grand couillon va tomber amoureux d’une des “actrices” involontaire et par nature inaccessible de ce méta-film.

La téléonomie de ce récit condamnera finalement le pauvre mec qui se retrouve au milieu de cette embrouille infernale à trouver une solution extrêmement astucieuse et “originale”.

Question :
Une parfaite copie peut-elle valoir l’original ?


Nounours est décidément mon ami.



Je vous demande de vous dupliquer...

2 commentaires:

  1. Incroyable ! Ce livre a fait l'objet d'un téléfilm en 1967. J'avais trouvé l'histoire extraordinaire et je le cherche sans succès depuis longtemps.
    Sur le sites de ciné IMDB (qui est ma bible), je viens de le trouver et je ne savais pas qu'il avait été tiré d'un livre.
    Je le veux je le veux, je le veux...
    Bravo Nounours, merci Serguei !

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  2. Tu peux considérer qu'il est tien, mon chéri.
    A ta dispo en mon humble bicoque et ne t'affole pas, il n'y a pas de liste d'attente pour y accéder, hein, mes glorieux collègues ne sont intellectuellement pas équipés pour lire ce genre de textes; ce ne sont que des ingénieurs, après tout...

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