C’est encore un sale coup du camarade Onfray, ce bouquin.
Hé ouais, voila ce qui arrive quand tu es accro à sa «contre-histoire de la philo» à sézigue, ça engendre des frais et des complications à chaque fois.
Bon, je t'avertis, farang-stoïcien, j’ai démarré au pif par le moins cher ; “La philosophie comme manière de vivre”, Biblio essais, “Entretiens avec Jeannie Carlier et Arnold I. Davidon” en guise de sous-titre ; je vais me faire chier en deux coups les gros, et je passerai à autre chose, imaginais-je naïvement ; je ne risque pas grand chose, 6,10€ (moins onéreux qu’un paquet de clope), me suis-je convaincu…
Erreur ! C’était un piège !
Je suis en train de les affurer dans l’ordre chronologique les bouquins de l’ami Hadot, sans parler qu’il va falloir ensuite se pencher sérieusement sur Georges Bataille et Wittgenstein… Oh putain, on n'est pas sorti. Tu veux savoir ? Onfray est un salaud, il va finir par me coûter un bras ; Onfray, jeune con !
Cela étant, mon premier Pierre Hadot fut une expérience mémorable ; enfin un phisolophe qu’on comprend au premier coup ; pas de jargon, de la simplicité et de la lumière ! La philosophie au quotidien, comme mode de vie, c’est possible et même souhaitable, surtout rétro-éclairée par les grands maîtres de l’Antiquité. J’ai presque tout pigé, te dire !
Déjà, comment faut les lire, à nos grands illustres :
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Par ailleurs, il faut toujours s’efforcer, quand cela est possible, de replacer le texte étudié dans sa perspective historique.
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On apprend par petites touches ; par exemple là, au détour d’un paragraphe, tu comprends tout d’un coup que le judéo-christianisme est bêtement platonicien :
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Les platoniciens ont discuté pendant toute l’Antiquité pour savoir si Platon avait vraiment voulu enseigner, dans la Timée, que le Monde a été créé dans le temps, par un Fabricateur, qui aurait raisonné pour le rendre le meilleur possible.
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Façon Liebniz, tu vois ? Tout est pour le mieux dans le meilleur de monde.
Ou entrecroisé de pages totalement aristotéliciennes telles que :
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La bonté suppose un désintéressement total, elle doit être en quelque sorte spontanée et irréfléchie, sans le moindre calcul, sans la moindre complaisance en soi-même. Il faut que la bonté soit un instinct : on doit faire le bien comme l’abeille fait son miel et ne cherche rien de plus.
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On comprend aussi que Socrate est le modèle du phisolophe, de part sa vie et de part sa mort.
Car oui, être philosophe comme le conçoit l’ami Pierre, c’est accepter la mort, sa mort, ou pire, la mort des êtres qui nous sont chers.
Vivre en phisolophe, c’est vivre bien avec la mort, et ça suppose d'être un brin stoïcien, non ?
Mais bon, j’ai pas envie de te foutre la trouille, non plus ; L’ami Pierre Hadot nous démontre simplement qu’il faut se frotter aux Antiques pour comprendre le présent et accepter sa finitude.
Cet entretien est une véritable boîte à outils qui permet de remettre un peu de cohérence dans tout ce fatras de platoniciens, de stoïciens, d’épicuriens, d’aristotéliciens, etc.
C’était savant sans être abscons, clair sans être simpliste, instructif et passionnant pour tout dire.
J'ai surtout compris le plus important : la philosophie n'est pas l'apanage des profs de philo, elle n'est pas cantonnée dans les amphis ou dans de savants épîtres, c'est plus simplement une façon de vivre bien.
Bravo et merci cher grand homme, et je fais le rêve que tous les curés, rabins et imams que porte cette chienne de Terre font comme Pierre Hadot, ils jettent leurs goupillons aux orties et prennent la toge du sage...
Pierre Hadot |
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Toutefois, cette expression ne suffit pas à exprimer ma conception de la philosophie antique : elle est exercice spirituel, parce qu’elle est un mode de vie, une forme de vie, un choix de vie.
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