On connait tous le bonhomme, je ne vais donc pas te refaire le panégyrique de cézigue.
Disons seulement que mes premiers souvenirs de cet animal remonte à ma première radio, au tout début des années 70. Il y avait ce feuilleton «Bons baisers de partout» qui passait sur France-Inter et que je n’aurais raté pour rien au monde ; le colonel Deguerlasse (Pierre Dac), Leroidec (Paul Préboist !), Zorbec Legras (Roger Carel), etc.
Quelle rigolade mes cadets, mes premières jubilations radiophoniques !
Cela dit, je vais plutôt t’en remettre une louche, de ses pensées à ce zèbre génial.
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Quand on ne condamnera plus les portes et quand on n’acquittera plus les factures, la justice aura fait un beau demi-tour en avant.
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L’orgue de Barbarie est à la figue du même nom ce que la trompette bouchée est au cidre.
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Aussi qu'il me soit permis de saluer en lui l'un de ces modestes et vaillants pionniers qui, jour après jour, et par la seule force de leurs ancestrales vertus, forgent silencieusement le fier levain qui, demain, ou après-demain au plus tard, fera germer le grain du ciment victorieux au sein duquel, enfin, sera ficelée, entre les deux mamelles de l'harmonie universelle, la prestigieuse clé de voûte qui ouvrira à deux battants la porte cochère d'un avenir meilleur sur le péristyle d'un monde nouveau.
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Si Benjamin Franklin avait été parachutiste, il n’aurait jamais songé à inventer le paratonnerre.
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Gastronomiquement parlant et géographiquement étant, il est culinairement surprenant que, entre le département de la Côte-d’Or et celui des Côtes-du-Nord, il n’y ait pas le département des Côtes-de-Porc.
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Il existe encore des gens qui prennent le Messie pour une lanterne.
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Les forces de l’ordre sont celles qui sont aux ordres de ceux qui les donnent.
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D’après Euclide, le carré est un quadrilatère dont les quatre angles sont droits et les quatre côtés égaux. D’après Sophicléide, le carré est un triangle qui a réussi ou une circonférence qui a mal tourné.
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Les choses étant ce qu’elles sont, comme a dit Vaucanson, à défaut d’être ce qu’on voudrait qu’elles soient ou fussent, comme a dit Confucius, c’est quand y en a ras le bol qu’y en a plus que marre parce qu’on en a par-dessus la tête d’en avoir plein le curriculum vitae.
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La formule évangélique : «En vérité je vous le dis» sert, aux faux-jetons, à transformer les vrais mensonges en fausses vérités.
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Et pour en finir, farang-os-à-moellesque, laisse-moi te reproduire l’intégralité de la conclusion de cette petite merveille de bouquin ; c’est un peu long, mais l’ami Pierre Isaac (Pierre Dac, 1893-1975) donne ici la pleine mesure de son talent.
Conclusion
Le redoutable essayiste et virulent polémiste Jules Ignace Keskipu-Scelboucq, de l’Académie des inscriptions sur les murs et belles-lettres recommandées, a écrit dans son fameux et captivant ouvrage "Des motivations de la conception conjoncturelle et de la conjoncture conceptionnelle considérées comme éléments conceptuels d’influence culturelle des industriels contractuels de la région d’Arkhangelsk ": « La conclusion est à un texte littéraire ce que la fermeture est à un hebdomadaire contestataire.»
C’est donc en vertu tant théologale et cardinale que sentimentale et fondamentale de cette combien édifiante et combien justifiante constatation que j’ai entrepris, sans me poser de question préalable ni m’adresser de préavis questionnaire, de rédiger et d’écrire la présente conclusion.
Selon toute logique et selon toute vérité de La Palice, la conclusion implique nécessairement l’obligation de conclure suffisamment. C’est là un fait qui n’est pas plus révocable en doute que niable en évidence, mais dont la proposition ne va pas sans poser un problème, lequel problème n’est autre que celui de la conclusion en tant que telle et telle qu’elle est en tant que tant.
Or, que doit être ma conclusion ? Ce qu’il est souhaitable qu’elle soit, certes et bien sûr, mais encore ? Me voilà bien embarrassé - pardon - bien emmerdé, voulais-je dire, pour répondre à la question, car je ne sais trop comment m’y prendre pour conclure de manière vraiment satisfaisante et de façon véritablement concluante.
Pourtant, il faut que je m’en sorte sous peine d’y rester. Cruel dilemme et douloureuse alternative !
En définitive, toute réflexion faite et tout bien considéré, je pense parce que je l’estime, et réciproquement, que le mieux pour en finir est de dire que ma conclusion est résolument conforme au texte qu’elle concerne, lequel texte est concerné par elle. C’est-à-dire qu’elle consiste à signaler que ce recueil de pensées, tant générales que spéciales, est fini parce que parvenu à son point d’achèvement, ce qui, incontestablement, rejoint indiscutablement la remarquable constatation de Jules Ignace Keszkipu-Scelboucq duquel je vous recommande vivement la lecture de son captivant ouvrage cité à l’ordre du début de ce propos conclusif, qui, j’en suis aussi certain que persuadé, vous donnera autant à penser profondément qu’à réfléchir intensément.
Pendant que j’y suis et pendant que j’y pense, je vous recommande vivement également la lecture du non moins captivant ouvrage de l’éminent écrivain franco-japonais Tanki-Yoradla de l’Institut des hautes études des marchés parallèles, du marché noir, des marchés en plein air, des marchés couverts et des marchés forains, intitulé "Histoire officielle et complète de la matière première depuis la nuit des temps jusqu’aux jours nôtre", qui vous donnera, lui, j’en suis aussi sûr que convaincu, autant à cogiter longuement qu’à méditer largement.
Voila. Conclusion tirée, non pas par les cheveux, mais à quatre épingles et déposée, non pas comme une plainte en justice, mais conformément aux dispositions de la loi concernant la liberté de penser du 12 prairial an II du calendrier républicain, un, indivisible, indestructible et indéfectible. Poil aux irréductibles. Terminé.
Poil au nez
Une mauvaise photo qui rappelle vos traits vaut mieux qu’un beau paysage qui ne vous ressemble pas...
(P.D.)
Evidemment, si tu évoques le souvenir de "bons baisers de partout", comment résister. Je me permets quand même de citer, afin qu'on ne les oublie pas, l'adjudant Tifrisse, Jules et Raphael Fauderche, le révérend père Paudemurge et Gédéon Burnemauve, le tout se passant de temps en temps à Villeneuve la vieille. Je ne sais si tu connais le côté moins rigolard de Pierre Dac quand, travaillant à Radio Londres pendant l'occupation, il répondit à l'ignoble Henriot qui mettait en doute son amour pour la France puisqu'il était juif. Cette réponse magnifique s'appelle "bagatelle sur un tombeau" en référence à "bagatelles pour un massacre", le pamphlet antisémite de Céline.
RépondreSupprimerTu peux en consulter le texte sur cette page => http://judaisme.sdv.fr/perso/dac/henriot.htm
Radio Paris ment radio Paris ment radio Paris est allemand...
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