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mardi 5 mai 2015

Surveiller et punir, Michel Foucault

Mon premier Foucault, sûrement pas le dernier...

Cela dit, et comme d’habitude, je me tape le parcours à l’envers ; c’est le Badinter de l’ami Paul Cassia que j’ai lu il y a peu qui m’a mis sur la piste. Ça s’apparente à un coup de billard à trois bandes : Badinter me renvoie à Foucault, qui à son tour me propulse sur Cesare Baccaria (en approche)…
Et oui, farang-bibliophage, tu crois qu’on fait ce qu’on veut ? As-tu déjà réfléchi sur les façons tortueuses, voire intempestives, qu’ont les livres pour nous choisir ? Ah, parce que tu penses être le maître de la situasse ? Bravo ! J’aime ça ! J’aime les gens qui n’ont aucun doute, ils sont prévisibles ; c’est reposant la certitude…

Trêve de conneries, passons au vif du sujet...
Et justement, ça tombe bien, le début du bouquin est sanglant. Ceux qui ne la connaissait pas encore vont  y découvrir la relation du martyre de Damien, le finalement très peu régicide du très pédophile Louis XV. C’est épouvantable ! Je te laisse le soin de consulter le déroulement des festivités ici.  
Ensuite, sans jargon philosophant, ou très peu, et dans un style fluide et précis, l’ami Foucault va nous décrire par le menu tout l’historique de la punition depuis le 18e jusqu’aux années 70 (1970).
On assiste à un changement de paradigme quant à la façon de punir, au lent glissement de la vengeance primitive vers des peines plus humaines ; vers la dématérialisation du châtiment ; nous passons de la punition de la chair à celle de l’âme, disons.
Puis naissance de la «prison» moderne sur le principe du panoptique, où l’autorité à une totale vision sur sa chiourme, principe non seulement architectural, mais aussi moral en tant qu’il utilise une “technologie” sinon de la domination, du moins du contrôle.
L’homme peut maintenant être redressé à loisir, de corps comme d’esprit ; tout un système de contrôle, voire d’auto-contrôle, ratisse les mœurs et les territoires avec la prison en point focal.
Bienvenu dans l’infra-monde orwellien de la biopolitique selon Foucault, dans l’ingénierie du contrôle, de la surveillance et, en l’occurrence, de la punition…

Une remarque cependant, mal réglée, ou mal maîtrisée, toute cette belle mécanique est en passe de nous péter à la gueule car quelques décennies après le livre de cézigue, il semblerait bien que la machine carcérale s’emballe et l’exemple des États-Unis est caricatural de ce qu’il ne faut plus faire ; il y a bientôt deux cents ans (1831), Tocqueville nous pondait “Du système pénitentiaire au États-Unis et de son application en France”, et vois ce que cela à donné : ce jour d’hui, presque 1% de la population étasunienne est en taule !
Aussi, me permettras-tu de penser que c’est Foucault, Badinter et maintenant Christiane Taubira qui ont raison : il faut trouver autre chose que de mettre des mômes en prison ; c’est contre-productif en terme de «vie bonne» pour tout le monde.

Encore merci à l’ami Michel Foucault pour cette remarquable démonstration.
C’est exactement ce que j’attends d’un intellectuel engagé.


JPF(™)


Ben, quoi ? La phisolophie c’est de famille...

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