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lundi 11 mai 2015

Éloge du blasphème, Caroline Fourest

Je suis époustouflé, sidéré, outré par la haine que suscite Caroline Fourest depuis quelques temps, et ce qui m’étonne le plus c’est de constater que ceux qui la lapident, métaphoriquement jusqu’à présent, appartiennent aux deux familles d’éléments qui paraissent sinon les plus inconciliables, du moins les plus insolubles l’une dans l’autre, je veux parler de cette drôle de chimie, de cette valence contre nature qui lie les catho-fachos et les islamo-gauchos dans une sorte de Fourest-bashing compulsif et totalement crétin, de cette espèce de cancers composé des deux factions les plus extrêmes de l’arc politique qui charpente notre société.
Pourquoi dis-je cela ? En fait, je suis les dames Caroline Fourest et Fiammetta Venner depuis plusieurs mois sur twitter et je le répète, je suis effrayé de voir la virulence, la malhonnêteté, la mauvaise foi, la grossièreté et la violence de leurs contempteurs… mais y sont fous ces gens ! Putain de Dieu, arrêtez avec cette antienne éculée sur le complot judéo-maçonnique, c’est du délire pur, du stalino-wahhabisme primaire, merde !
En fait, je viens de comprendre que dans la société où je vis, ici et en ce moment, il y a un paquet d'âmes simples et influençables qui ne sont pas Charlie et qui tiennent absolument à bouffer du menchevik. Des gens malintentionnés qui se défient des lois et des règles de la République, des gougnafiers qui ont toujours haï la gueuse ; les cagoulards de la dernière heure maintenant alliés objectifs des intégristes islamistes et, peut-être encore plus surprenant, cette étrange coalescence est saupoudrée d’un mouchetis d’organisations directement issues de la frange poussiéreuse et archaïque du gauchisme libertaire.
Tous ces cons rêvent d’une société manichéenne, peinte en noir et blanc, le bien contre le mal, et naturellement, le mal c’est nous, toi et moi, farang-bêtement-démocrate, le citoyen assujetti au «système» par le truchement des «merdias» !
D’ailleurs, que se cache derrière un mot comme les merdias ?
J'essaie de comprendre : donc les médias sont de la merde, c’est ça ? Les journaux, la radio, la téloche, etc., bref, les journalistes seraient de mèche et feraient partie d’un complot (judéo-maçonnique) destiné à nous endormir, à nous cacher la vérité, à nous embobiner ? !  Nous serions donc aliéné par une saloperie de «système» totalement phagocyté par les juifs et les pédés ?

Mais ce «système» sur lequel vous crachez, c’est l’état de droit minimum qu’il faut pour qu’une démocratie respire et vive, pour que les femmes continuent à conquérir la liberté qui leur est due, pour que le plus grand nombre de mômes puissent devenir des citoyens éduqués et responsables, etc. ; le système que vous conchiez est surtout cet édifice fragile et branlant qui se construit peu à peu depuis les Lumières et qui sécrète par saccades douloureuses les «lois» qui nous éloignent toujours un peu plus de la barbarie, de l’obscurantisme et de la raison du plus fort. Et désolé pour vous, cet «esprit» des Lumières, je le trouve quand même plus dans Condorcet, Badinter ou Taubira et Caroline Fourest que dans les discourts du pape, de Tariq Ramadan, de Soral&Dieudonné ou de Frigide Barjot.  
Les cancres, comptez-vous !

Autre saloperie hideuse qui traîne dans les rézos : Caroline Fourest n’est pas une intellectuelle ! Ce serait donc une usurpatrice, elle n’a pas à la ramener et n’a aucune légitimité dans la res publica, on trouve même des logos libres de droits où elle est renvoyée à sa triste condition de sous-humaine, avec banane et toutim (et tu m’excuseras de ne pas mettre les liens pour une fois) ; Taubira/Fourest, même combat ! La première est noire, la seconde est lesbienne ; c’est clair, on leur dénie toute humanité car elles ne seraient pas légitimes, ‘tain, c’est que des gonzesses ! Et cette saloperie traîne dans un blog de Médiapart !
Tout cela est tristement dégueulasse et malhonnête car peut-être que Madame Fourest n’a pas l’autorité philosophique d’une Elisabeth Badinter ou d’une Élisabeth de Fontenay, soit, mais en tant que journaliste-essayiste, elle est parfaitement habilitée à écrire cet «Éloge du blasphème», et laisse-moi t’affirmer que je n’ai pas trouvé une seule de ses thèses saugrenue ou non pertinente. Au contraire, tout est  parfaitement sensé, hors compromis ou faux-semblants, honnête, bien vu et dans la majorité des cas ça fait mouche. Ce bouquin est un parfait détecteur de connards, ils y sont tous, ou presque, les «suis pas être Charlie» ; barbus, en soutane, du show-biz ou intellos ; toute cette myriade de groupuscules identitaires, toute la brochette de peigne-cul  qui ont entrepris de sournoisement détricoter la République, tous ces petits malins qui portent la lancette dans les plaies de la gueuse pour sonder sa capacité de résistance.

Pour les noms et les sigles de toute cette clique qui semble pourtant très hétérogène au premier abords, je te laisse le soin de les découvrir par toi-même, de suivre son analyse ; tu vas voir qu’elle n’y va pas avec le dos de la cuillère, elle cogne très fort la gente Caroline, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par les fascistes islamistes, tout le monde en prend pour son grade !

Et, pour finalement en finir, voici ça conclusion :

...
Il n’existe pas d’autre choix. Ce sera le courage ou la lâcheté. Ceux qui pensent que la lâcheté permet d’éviter la guerre se trompent. La guerre a déjà commencé. Seul le courage peut ramener la paix.  

Je me permets juste d’ajouter que la guerre a fait plus que commencer, en fait elle n’a jamais cessé, c’est la guerre maintenant séculaire entre les laïques et les non laïques, pour faire court, car oui, qu’il soit islamiste, cagoulard ou staliniens, les bigots et les fachos gigotent toujours.

Bravo et merci de ton courage, Caroline Fourest, merci de si vaillamment assumer le rôle de la victime propitiatoire de cette meute de salauds.

No pasaran !






Je (te) suis Caroline...

1 commentaire:

  1. Je suis (aussi) Caroline...
    Je suis d’accord, trois fois d'accord ! Il est temps de savoir distinguer le vrai travail du verbiage. Il est temps de faire la distinction entre l’intelligence et la stupidité. Il est temps d’apprendre ou de réapprendre à réfléchir avant de parler. Ces critiques sont l’expression de la prise de conscience de leur propre lâcheté ou de leur manque de talent. La pensée est bâclée et la parole est souvent vulgaire. Concevoir la différence d’opinion c’est être libre, mais, attention !
    « Parler à son bonnet » et « parler de la pluie et du beau temps » serait pour certains, préférable parfois !

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