- Ça continue, me diras-tu, farang-bacharo-poutinien, on n’a pas assez morflé tout ce week-end avec Charlotte Delbo, hein ? Avait-on besoin de continuer dans cette veine ? Un Vassili Grossman de 1173 pages en pluse !
- Ben sache pauvre méduse républicaine (et créationniste de surcroit), que miss Delbo m’est tombée sur le rable alors que j’en étais déjà à la page 200 de ce Vie et destin, ouais mon gars, j’avais pas mal avancé avant qu’elle se mette à dévaster tout le dedans de ma petite personne avec ces trois impitoyables bouquins. Alors après, je me suis senti merdeux d’avoir patazapé Vassili en plein vol. Dans mon bataillon, c’est pas l’habitude de laisser un camarade combattant blessé derrière nous ; j’ai donc remis cézigue sur le métier, et pousse le brancard…
Bon, le camarade Vassili n’est pas une taffiole.
On avait déjà eu un aperçu de l’âme slave en temps de guerre avec Tolstoï (et quel aperçu !), là, Grossman enfonce le clou, c’est une autre guerre, d’accord, mais c’est toujours les mêmes ressorts qui animent toutes ces épopées. Et puisqu’on en parle de cette fameuse âme russe, ce giganteste Grossman me conforte dans l’étrange impression qu’au premier abord on pourrait croire que ce “peuple” est inapte au bonheur, ou du moins victime d’une forte propension (appétence ?) au malheur. Bien sûr, c’est sûrement plus complexe que cela, farang-nouvel-observateur, le peuple russe est passé des tréfonds du moyen-âge (servitude séculaire des paysans, etc. ...) directement au Stalinisme le plus atroce (extermination des paysans, etc. !!!) ; ces gens-là n’ont jamais connu que les chaînes et le fouet !
Durant cette gigantesque fresque qui se déroule au début des années quarante, l’ami Grossman nous fait vivre au plus près d’une pléthore de personnages et de situations. Depuis l’enfer de Stalingrad jusqu’aux camps de concentration de Hitler ou les bagnes sibériens de Staline, il ne cesse de souligner le parallélisme de formes et d’actions de ces deux univers apparemment opposés et en pleine guerre.
Qu’on la nomme fasciste ou stalinienne, la dictature d’un état obéit toujours aux mêmes tropismes d'intolérance et de brutalité. Ce sont des monstres rigides et mortifères qui nient toute humanité à leurs sujets. Tous ces systèmes placent l’homme au niveau du rat de laboratoire, ils le rendent littéralement insignifiant.
Et c’est justement de cela dont il est question dans ce gros pavé, de la convergence des méthodes et des moyens qui furent utilisés par les deux monstres qui siégeaient à Berlin et Moscou.
On sort écrasé de ce Vie et destin, et je comprends mieux maintenant que tout cela n’ait pas bien plu à l’ogre rouge (Staline) ; le bouquin du camarde est passé à la trappe avant même de voir le jour.
Merci cher Vassili pour avoir osé à tes risques et périls cette tranche d’Histoire.
À lire absolument !
Je vous demande de vous échapper...
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