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jeudi 2 janvier 2014

LÎle de la Désolation, Patrick O’Brian

Aubrey-Maturin, t. 5

Dans cette mission, et s'il l'accepte, Jack devra se rendre en Australie  (Botany bay) via Le Cap pour convoyer une misérable troupe de convicts à l’aller et, pour le voyage de retour, rapatrier le tristement célèbre Capitain Bligh qui a encore eu des avanies avec son dernier équipage.

Pour ce faire il disposera du vieux Leopard, navire de ligne de quatrième rang (50 canons et une très mauvaise réputation), de Pullings, de Killick, de Bonden et d’un peu moins de trois cents autres matelots.
Il y aura aussi un passager clandestin, Herapath, une espionne américaine, Mrs Wogan, et  Mr Grant en premier Lieutenant sur lequel il ne faudra pas compter dans un coup de chien.

Bien sûr, et ce n’est peut-être pas pour trop déplaire à Jack, il y aura ce maudit Waakzaamheid (74 canons) Hollandais qui lui coupera obstinément  la route du cap et le pourchassera impitoyablement tout au long des 40 rugissants et même encore plus au sud.
Une chasse furieuse et une bataille féroce dans une mer déchaînée…

… Jack se dressa, retomba et s’en alla en rampant vers les canons. Killick s’efforça de le retenir mais Jack le repoussa et saisit le palan pour aider à sortir le canon tribord tout chargé. Moore se pencha, cigare en main : derrière lui, Jack aperçut le Waakzaamheid à vingt yards, énorme, tout noir, fendant la mer. Quand Moore baissa la main, Jack s’écarta automatiquement ; mais il était encore ahuri, ralenti, et le recul du canon le rejeta à terre. A quatre pattes il chercha le palan dans la fumée, le trouva quand l’obscurité s’éclaircit, et le saisit. Mais pendant un moment il ne comprit pas les acclamations qui remplissaient la chambre, l’assourdissant : c’est ensuite que par les sabords démolis il vit le mât de misaine du Hollandais chanceler, vaciller, les haubans se rompre, le mât et sa voilure tomber par-dessus l’étrave.
Le Leopard atteignit la crête. Il fut aveuglé par l’eau verte, puis sa vision s’éclaircit et à travers le brouillard sanglant coulant de son pansement, il vit l’énorme rouleau avec le Waakzaamheid en travers dans la déferlante, sur le flanc, engagé. Chaos énorme et momentané de coque noire et d’eau blanche, d’espars arrachés, de cordages fous, et puis plus rien qu’une immense montagne gris-vert nappée d’écume.
- Mon Dieu, oh, mon Dieu, dit-il, six cents hommes!
...

Et ce n’est pas fini, le Leopard va ensuite s’éventrer contre un iceberg, début de mutinerie, une partie de l’équipage entraînée par cette canaille de Grant s’enfuit avec les chaloupes et c’est une misérable épave à peine flottante et mutilée qui touchera l’île de la désolation (Kerguelen) par 49° 44’ E et 69° E.

Plusieurs mois après, le Leopard parviendra nonobstant à rallier l’Australie avec un équipage plus que réduit.

Heureusement, toutes ses avanies maritimes n’auront pas empêché Stephen Maturin de réussir le plus bel enfumage de toute l’histoire des services secrets.


Un des plus beaux opus de la série…


Suivant !


HMS Leopard



Et les Leopards pompèrent, pompèrent...

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