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mardi 25 août 2015

Chasse Royale, Rois du Monde, Deuxième Branche I, Jean-Philippe Jaworski

Cri d’exclamation :
Comment ça, Deuxième Branche “I” ? !
Ce truc, là, dans le titre, juste derrière “Deuxième Branche”, le “I”, c’est quoi ?
Une faute de frappe ; un “i” majuscule ; un “L” minuscule... ou un “1” ?
Bordel, je rêve !  C’est un putain de “1” !
Je viens de galoper rapidos à la dernière page et ça finit comm’ ça :
«Fin de la première partie.»
Putain, Jean-Phi, une demi-branche tous les deux ans ? Mais tu veux notre moreux !
Bon, attends, et quitte à pleurer, faut vite que je me mette une bouffée de Lacrimosa

Oups ! Ça va mieux, Sniff… C’était ça ou je me suicidais au Papier d’Arménie(™) !


Tu te souviendras nonobstant, farang-pâtre-grec, qu’il s’agit du deuxième récit qu’un Bellovèse désormais vieux raconte à son hôte de passage. La palabre de la première nuit fut consacrée aux péripéties de la jeunesse de notre héros et de son frère Ségovèse ; voici la deuxième palabre.

Première partie de la seconde branche, donc ; Bellovèse fils de Sacrovèse et Belinos, prince Turon et prince de Biturgie a gagné la guerre il y a deux ans dans notre réalité, et il y a neuf ans dans la sienne - ça veut donc dire que dans le cadre d’un univers einsteinien, on s’éloigne de ce récit à un pourcentage élevé de la vitesse de la lumière, non ?
Quoi qu’il en soit, le truc qu’on capte assez vite, c’est qu’il ne pète plus le feu cézigue, il n’a pas fait grand chose d’héroïque durant ces neuf années ; son oncle, le Haut Roi Ambigat lui a refilé la casquette de préfet d’un bled paumé, le Gué d’Avara (Bourges, 18000) dans laquelle il prend du gras avec femme, enfants, maîtresses et tout l’apanage d’un petit bourgeois de province. Un peu plus et tout ce petit monde s’endormait avant la fin du banquet, dis donc !
Heureusement, une sorte de malédiction s’abat sur le royaume, presque les dix plaies d’Égypte ! C’est du sévère, les Dieux sont en pétard ; invasions d’algues rouges, pluies de grenouilles et de bénitiers, multiples invasions d’insectoïdes extraterrestres, règles douloureuses chez les ménagères de moins de quarante ans, et je t’en passe !
Une seule soluce, pense alors le Haut Roi Ambigat (dont Obélix sera le p’tit-p’tit-p’tit-etc-fillot) : organiser un banquet dans la forêt des Carnutes, chez Orbiotalos, le Capo d’Autricon, et, après les libations d’usages, sacrifier quelques prisonniers malchanceux aux Dieux courroucés… si, si, ça devrait le faire… Allons-y, les gars !
Et voila tout le ban et l’arrière ban en route pour Autricon (Chartres, 28000).

Tu te figures bien que Bellovèse est de la partie, un peu plus empâté que dans le tome 1, certes, mais toujours vif… et il va vite reprendre de la ressource… et il a vachement intérêt, le banquet va être mouvementé !

Autant j’ai été précis et rigoureux dans la description du début de cette Chasse Royale, autant il va me falloir maintenant devenir métaphorique, sybillin, voire abscons car Messire Denix me battrait si j’en disais trop et, comprenons-le, il aurait raison : il brûle de la lire cette deuxième demi-branche, il veut la consommer non coupée, comme une drogue très pure, car oui, Jaworski c’est d’la bonne ! C’est même la Cadillac de la dope ; dès le premier fixe de Jaworski, tu sais que tu ne pourras plus t’en passer. Et comme toutes les bonnes choses, elle est rare.
Alors, pour en dévoiler un peu plus, disons que les druides ont un rôle central dans cette histoire. Y rigolaient pas les ancêtres de Panoramix, déjà t’as vu la merde qu’ils ont mis dans la première branche ; la guerre était de leur faute. Rien d’étonnant après tout, ce sont les arrièr’-arrièr’-arrièr’-etc.-Grand-Pères des jésuites, te dire les fouteurs de merde ! Nonobstant ces enfoirés ont l’oreille de Dieux qui existent vraiment à ce moment là, et ouais, en 600 avant Jean-Claude personne n’a encore entendu parler de Voltaire, Nietzsche, Heidegger ou Gauchet ! De plus, y a des drôles de zigues qui traînent sur le parcours de l’ami Bellovèse, il va devoir se coltiner avec la branche armée des zécolos zadistes de la forêt des Carnutes ; avec un champion de catch, lointain ancêtre de Ben-Hur ; une meute de coyote ; un banc de méduse, etc.
Jusqu’à l’avatar anentropique de Nicolas Hulot qui lui confira, dans les dernières pages, qu’il sent déjà venir le coup d’une déforestation massive si on laisse trop faire les p’tits gars de Wall Street !
Bref, il va avoir tout loisir de se décrasser les deltoïdes, les rectus abdominis et autres triceps brachii, tout en crachant neuf ans de Cohiba et de banquets républicains !
Bien fait pour sa gueule, tu me diras, ça lui apprendra à avoir roupillé sur ses lauriers durant neuf ans et de nous avoir fait patienter pendant deux des nôtres !


Bon, je ne m’en suis pas trop mal sorti, non ? J’ai pas trop spoilé, hein ? Oui, à part pour Nicolas Hulot, je te l’accorde.

En guise de conclusion, laisse-moi cependant te délivrer une petite mise en garde, ami futur lecteur de cette chasse royale ; il faut savoir que l’imprimeur a chopé la tremblante du mouton électrique, ouais, une sorte d'idiosyncrasie oulipienne et runesque qui tend à lier deux consonnes d’un même mot par un zigouigoui hémisphérique des plus déstabilisant. C’est, bien sûr, non pas tant le rendu, fort celto-artistique et globalement plaisant, je te l’accorde, qui est gênant dans cette façon de coder, que l’espèce de debug involontaire mais obsédant que va tenter ton neurone pour essayer de comprendre les itérations logiques qui lient telles consonnes, et pas telles autres… la consonne déclenchante étant le “s”, mais attention, pour que le zigouigouix survienne, toujours à sa droite, il faut qu’elle soit suivie d’une autre consonne… en fait, ch’uis mêm’ pas sûr d’avoir compris la règle, car j'ai cru voir des "p" et peut être certains "t" opérer de la sorte : ça m’a rendu fou tout le premier chapitre, il m’a fallu le recommencer tant je ne faisais plus gaffe au contexte. Si ça c’est pas du code malicieux de jésuite, je rends ma bure, bordel de Dieu !

Ok, ok, c’était super ami Jean-Philippe, et encore merci car comme d’hab’ le texte est toujours aussi puissant, ciselé, palpitant et quasi-historiographique, mais je n’ose pas trop le clamer haut et fort, tu pourrais faire ton Bellovèse, prendre du gras et la grosse tête, et devenir encore plus fainéasse que tu ne l’es présentement ; il serait alors probable que nous dussions attendre encore des dix et des vingts ans les suites encyclopédiques et de plus en plus distantes des formidables pérégrinations de ce Roi du Monde…


©tontons flingueurs


T’inquiète, Jean-Phi, on est là pour te motiver.
Si j’entends plus les tac-tac-tac-tac de l’Underwood,
on commencera par une balle dans le genoux...

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