Trois bouquins de Philip Kerr dans ce pavé du "Le Livre de Poche".
1015 pages au compteur ! (Putain, Thierry, tu fais chier !)
1015 pages au compteur ! (Putain, Thierry, tu fais chier !)
Trois polars sinon historiques, du moins épinglés sur la trame historique de l’Allemagne entre 1936 et 1948.
L’Été de cristal (1936)
L’Été de cristal (1936)
La Pâle Figure (1938)
Un requiem allemand (1947-1948)
Tome 1, Berlin, 1936. L’année des JO et des Violettes de Mars ; le triste spectacle de la montée du nazisme, la pourriture qui envahie toute une société ; pogroms et solution finale en approche.
Tome 1, Berlin, 1936. L’année des JO et des Violettes de Mars ; le triste spectacle de la montée du nazisme, la pourriture qui envahie toute une société ; pogroms et solution finale en approche.
Fait pas bon être juif, homo, basané, communiste ou malade mental dans l’Allemagne du Führer.
Tout un peuple dans la nasse, et nous ne sommes qu’à l’ouverture de la catastrophe.
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Comme je roulais dans Leipzigerstrasse en direction de l’ouest, je croisais une section de Chemises brunes défilant aux flambeaux dans Wilhelmstrase. Je dus descendre de voiture pour saluer le défilé. Ne pas le faire aurait été courir le risque de me faire prendre à partie et frapper. Je suppose qu’il y avait dans la foule d’autres gens qui tendaient docilement le bras droit pour éviter les ennuis. Peut-être, comme moi, se sentaient-ils un peu idiots, à jouer aussi les agents de la circulation. Qui sait ? Il est vrai toutefois que les partis politiques allemands on toujours eu une forte propension au salut : les sociaux-démocrates brandissaient bien haut leur poing fermé, tandis que les bolcheviks du KPD le tenaient à hauteur d’épaule ; les centristes avaient pour signe de ralliement le pouce et l’index ouverts comme un pistolet ; enfin, les nazis pliaient l’avant-bras d’un geste sec, comme pour vérifier si leurs ongles étaient bien nets. À une certaine époque, nous considérions ces gesticulations comme ridicules et mélodramatiques, ce qui explique peut-être que beaucoup de gens ne les aient pas prises au sérieux. Et voilà : ces mêmes personnes en étaient arrivées à tendre elles aussi le bras au passage des plus fanatiques d’entre eux. C’était simplement insensé.
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Bernhard Gunther, ancien flic, est un détective privé qui gagne sa vie en recherchant les personnes disparues, car oui, la tendance est à la disparition massive des gens ; l’a du boulot par dessus la tête l’ami Bernie.
En l'occurrence il s’agit de découvrir qui sont les assassins de la fille d’un grossium de l’industrie teutonne (Herr Six) et surtout de retrouver le contenu du coffio que ces indélicats ont embarqué ; bijoux et surtout des fafiots très compromettants pour Herr Six.
Bernhard Gunther, ancien flic, est un détective privé qui gagne sa vie en recherchant les personnes disparues, car oui, la tendance est à la disparition massive des gens ; l’a du boulot par dessus la tête l’ami Bernie.
En l'occurrence il s’agit de découvrir qui sont les assassins de la fille d’un grossium de l’industrie teutonne (Herr Six) et surtout de retrouver le contenu du coffio que ces indélicats ont embarqué ; bijoux et surtout des fafiots très compromettants pour Herr Six.
Attention, ce n’est pas simple à ce point, c’est du polar classique, bien torché, l’ami Philip a une plume trempé dans un encrier d’humour presque cynique mais le contexte historique superbement maîtrisé donne une saveur inégalable à ce premier tome de la trilogie Berlinoise.
Tome deux, en 38, l’Europe a un pied dans le vide, le troisième Reich va pouvoir donner la pleine mesure de sa capacité de nuisance.
Tome deux, en 38, l’Europe a un pied dans le vide, le troisième Reich va pouvoir donner la pleine mesure de sa capacité de nuisance.
Ici, Bernie est embarqué dans une folie sanguinaire où, après une entame d'enquête sur un vulgaire chantage, on dérape dans le meurtre rituel en série, très très vilaine histoire.
Les allemands se sont réellement piégés eux-mêmes comme le remarque si justement Bernie dans ce deuxième opus :
- Si vous voulez mon avis, dis-je, nous sommes tous dans la poche arrière de Hitler. Et il s’apprête à dévaler une montagne sur le cul.
Les allemands se sont réellement piégés eux-mêmes comme le remarque si justement Bernie dans ce deuxième opus :
- Si vous voulez mon avis, dis-je, nous sommes tous dans la poche arrière de Hitler. Et il s’apprête à dévaler une montagne sur le cul.
Tanker suçota l’embout de sa pipe, puis entreprit de la bourrer. Lorsqu’il eut terminé, il sourit et leva sa bouteille.
- Alors, buvons aux rochers cachés sous la neige.
... Rends-toi compte, farang-émule-de-Buisson, que les protagonistes des deux premiers romans ne sont pas moins que des Heydrich, des Himmler et des Goering, les arrangements musicaux étant aimablement fournis par la Gestapo (décors de Roger Harth et les costumes de Donald Cardwell)...
Peu après : troisième tome, 1947-48, Vienne, Autriche.
Bien sûr, la guerre est passée par là, ces salauds de Rouskoffs claquemurent Berlin alors que l’héroïque Bernie officie en Autriche, essayant de sauver la tête d’un ex-camarade. Faut dire qu’elles sont loin les violettes de mars de 1936, la conférence de Wannsee, les pavanes génocidaires des Einsatzgruppen dans les plaines d’Ukraine ou les camps de prisonniers dans les mines russes.
C’est la cavalcade des nazillons ; ils fuient tous via l’Autriche comme des cafards ces enfoirés !
Comme Berlin, Vienne est divisée en quatre zones occupées par les vainqueurs et grouille de barbouzes de toutes obédiences. Notre détective favori va se faire balader par les uns et les autres, finir par foirer sa tentative de sauvetage viennoise mais parviendra in-extremis à faire exfiltrer son épouse légitime séquestrée comme tous les autres berlinois par les troupes de tonton Staline. Ouais, je précise “légitime” en parlant de l’épouse de Bernie car figure-toi que cézigue a souvent la quéquette à la main ; les trois bouquins ne sont pas dépourvus de jolies fräulein peu farouches... le mâle allemand est fourbe, en plus d’être allemand, te dire sa mauvaiseté !
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Je compris quelques jours après ma sortie de l’hôpital. Et j’en fus presque malade. Ces Américaines (les infirmières) avaient peur de moi, tout simplement, parce que j’étais allemand. Comme si, lorsqu’elles me regardaient, elles voyaient défiler les bandes d’actualités sur Bergen-Belsen ou Buchenwald. En réalité, une question papillotait dans leurs yeux : comment avez-vous pu tolérer de telles horreurs ?
Sans doute, pendant plusieurs générations, quand ils croiseront notre regard, les citoyens des autres nations nous poseront-ils la même question muette.
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Quoi qu’il en soit, farang-germanophobe, je t’invite à entonner ravec moi :
“Jawohl, Herr Gunther ist mein Freund !”
“Jawohl, Herr Gunther ist mein Freund !”
Un merci tout particulier à l’ineffable ami Titi (wie ein Fluss) pour l’initiation à cette magnifique séquence d’herméneutique historique qui reste heureusement circonscrite sinon à l’herméneutique universelle de Gadamer, du moins aux fondements de l’ontologie heideggérienne… heu, sur les plans strictement épistémologique et éthique, j’veux dire.
Kolonel Klink |
- Schultz, tans mon Pureau !...
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