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mercredi 1 avril 2015

Le vieux Cordelier, Camille Desmoulins

Quand on te dit qu’il faut toujours lire ce qu’ils écrivent, les gens des époques que tu veux pénétrer. Une, voire plusieurs bio ne suffisent pas, il faut se faire son opinion, il faut s’immerger dans les textes, le contexte, les journaux, les lettres quand il y en a… il faut croiser, recouper les auteurs car figure-toi qu’ils sont rarement d'accord, que l'historiographie est tout sauf une science exacte et qu’en l'occurrence, Michelet ne dit pas les mêmes choses que Lamartine, Arnaud ou Max Gallo et de toutes les façons Mona Ozouf les met tous au garde-à-vous quant à cette période, bref, qu’il faut dans la mesure du possible aller aux sources, remonter les fleuves idéologiques ou sociétaux, et finalement finir par se coltiner avec le génie rugueux de la plume de Desmoulins...

Tout cela pour dire quoi ?
Juste pour dire que l’ami Camille m’a ému à travers ces sept numéros du «Le vieux Cordelier».
J’ai, bien sûr, été particulièrement vigilant sur les numéros trois et quatre car souviens-toi, farang-contre-révolutionnaire, que dans "La vie turbulente de Camille Desmoulins", l’ami Raoul Arnaud nous avait bien briefé sur la situasse : après avoir hurlé aux quatre vents avec la meute sanguinaire, après avoir même suscité ses pires débordements et mérité le titre de procureur de la lanterne, l’ami Camille, dans une sorte de sursaut pré-lévinassien, pris conscience de la folie qui animait la Terreur, et, sous couvert d’érudition et de retour aux éternelles tragédies grecques, il osa ces deux brûlots, les dérobant avant édition à la vigilante censure de Rosbespierre… et ça lui vaudra une grande balafre en travers du col le 5 avril 1794 ! Et oui, il faut te souvenir de la haine qui régissait les relations entre les “indulgents” et les “exagérés” en 1793...

- Comment ? Tu ne vois pas de quoi je parle ? Ami farang, te viendrait-il à l’esprit de me voler un ou deux bouquins, à l’occas ? Tu as des difficultés avec la lecture  ?
Figure-toi que je m’en doutais...

Quoi qu’il en soit, cette belle machine qu’était «Le vieux cordelier» ne fut tolérée par Maximilien que parce qu'elle permettait de compromettre Hébert dans un premier temps et d’abattre Danton par rebond. Tout le monde dans la même charrette !
Y a pas, on peut l’aimer ou pas, et je ne vais pas relire la bio de Max Gallo juste pour te faire l’article, mais avoue, l’était fort l’Incorruptible ! Quel démiurge, quel manipulateur ; en rédigeant Le vieux cordelier, Camille Desmoulins n’en a jamais été que l’éphémère avatar, son faiseur d’opinion ; son truchement journalistique, en somme.
Et cependant, quel talent, quelle plume ce Camille, un régal à lire ces sept numéros, et tant pis si le dernier appert comme douteux et mal corrigé aux exégètes pointilleux, comme le rappelle Pierre Pachet dans la présentation.

Requiescat in pace, Camille, si tu le peux, et merci pour ce sursaut de lucidité et de courage des numéros 3&4 de ton dernier journal.


©Max la menace





Ami Camille, j’aim’ bien ce que vous faites…

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